« Ra, Ra, Rasputin, lover of the Russian Queen, there was a cat that really was gone, ra ra Rasputin ». Qui n’a pas trémoussé son plus ou moins ravissant popotin sur cette chanson cultissime du groupe Boney M ? Parce que même si on n’était pas né à l’époque, c’est le genre de chanson qui traverse les âges, un peu comme I will survive ou l’Internationale !
Grigori Efimovitch Raspoutine serait né en 1871 quelque part en Russie. Raspoutine n’est pas son vrai nom, c’est un terme d’argot signifiant le fornicateur. Il devint moine à 33 ans, et est présenté, après avoir traversé la Russie pour y prêcher la bonne parole, à la cour impériale en 1905. A l’époque régnait depuis 1894 Nicolas II et sa femme Alexandra Fedorovna, et le seul héritier était le prince Alexis, souffrant d’hémophilie. La légende veut que Raspoutine ait demandé à être conduit au chevet du malade, et, que par simple imposition des mains, qu’il ait réussi à faire tomber la fièvre du jeune patient. Après un autre « miracle » en 1906, il devient un familier de la famille impériale, et accompagne le tsarévitch (prince héritier en Russie).
Il n’oublie toutefois pas son surnom et le met en pratique : il prône en effet la rédemption par le pêché, et les dames de la haute société russe se battent entre elles pour obtenir les faveurs du prédicateur à longue barbe et aux cheveux plus gras qu’un kebab. Son regard hypnotique, difficile à soutenir fait que de nombreuses dames le prennent pour amant. Les soirées de Raspoutine dans ses appartements tournaient essentiellement autour du sexe et de l’alcool, et faisaient jaser ceux qui n’y participaient pas.
Un énième miracle commença à faire de lui la cible d’une poignée de conjurés, qui trouvaient que le moine sibérien prenait trop de pouvoir. Invité à dîner par le prince Youssoupov, celui-ci tenta de l’empoisonner au cyanure. On choisit une dose suffisamment importante pour tuer 10 hommes, tant la perception du moine était aigüe. Pour dissimuler l’odeur d’amande, ils burent beaucoup de vin. Cependant, Raspoutine ne s’effondrait pas. Au contraire, il réclamait encore davantage de vin pour calmer ses aigreurs d’estomac. Complément ivre, il demande au prince de l’accompagner à la guitare. A 3h du matin, il semble somnolé, lorsque le prince décide de lui tirer en pleine poitrine. Le moine s’effondre, le prince le fait traîné dehors par ses complices, lorsque Raspoutine ouvre les yeux, se redresse et se jette sur le prince pour l’étrangler. Le prince tire de nouveau 3 fois sur lui, puis, lui assène plusieurs coups violents avec l’aide de ses complices. Prenant son pouls, le prince constate qu’il est bien mort. Les conjurés décidèrent donc de le jeter dans la Neva, mais ne lestèrent pas le cadavre. L’autopsie qui eut lieu plus tard rapporta que Raspoutine n’était mort ni du poison, ni des balles, mais de noyade : il était encore vivant lorsqu’ils le jetèrent à l’eau.
Raspoutine est devenu une légende vivante en Russie. Seule l’ouverture des archives soviétiques en 1991 permit de confirmer sa mort ce soir là. Les rumeurs les plus folles avaient couru sur le fait qu’il aurait survécu. Le régime du tsar s’effondrera l’année suivante.
2 Comments
Guillaume Lenavré
22 avril 2011 at 23:11« Ra, Ra, Rasputin»
Merci du texte bien présenté. L’information circule de façon appréciée tout en rendant hommage au personnage.
Trois fois chapeau.
Lilith
13 novembre 2010 at 2:43Merci pour ce très clair résumé à propos de ce moine aux mœurs des plus…contestées!