« La mode est un art » disait le futuriste Volt. Si l’assertion fait toujours débat dans les classes de philo, nombreuses ont été les créations qui ont mis en exergue les liens qui existent entre la mode et l’art contemporain. La robe Mondrian d’Yves Saint Laurent vient immédiatement à l’esprit. On pourrait également citer les robes-tableaux de Jean-Charles de Castelbajac ou la collaboration entre Marc Jacobs et l’artiste américain Richard Prince pour une série de sacs Louis Vuitton. Elsa Schiaparelli fut une des pionnières du genre. Très proche des surréalistes, elle s’inspira beaucoup de leurs travaux pour ses créations.
Elsa Schiaparelli est née à Rome en 1890. La fondation de sa maison est advenue par nécessité. Lorsque son mari le comte Guillaume de Wendt de Kerlor la quitte en lui laissant pour charge leur fille, elle doit subvenir à ses besoins par ses propres moyens.
La première collection portant le nom de Schiaparelli fait donc son apparition en 1926. Les créations d’alors sont des vêtements de sport. Leur particularité concerne les dessins en trompe l’œil qui les ornent. Grâce à un double point spécial, elle propose des tricots sur lesquels sont dessinés des cols marins ou encore des foulards. Ces imprimés très spécifiques ne sont qu’un début.
Lors de ses années passées à New-York, elle rencontre Gaby Picabia, ex femme de l’artiste Francis Picabia. Cette rencontre lui ouvre en grand les portes du milieu surréaliste lorsqu’elle s’installe à Paris en 1929. Elle y rencontre notamment Jean Cocteau et Salvador Dali, qui deviendront de célèbres collaborateurs.
Tout d’abord, Jean Cocteau lui dessina un tissu pour une robe, sur lequel deux visages face à face donne l’impression d’un vase de rose.
Les collaborations avec Dali furent multiples. Notons parmi elles la robe homard, directement inspiré du fameux téléphone de l’artiste catalan.
Au fil des créations, Elsa Schiaparelli n’a jamais reculé devant l’avant-gardisme. Ses pièces se montraient de plus en plus originales, à l’image de ce chapeau en forme de chaussure à talon inversée. Sur la photo, il est porté par Gala Dali.
L’esprit provocateur d’Elsa Schiaparelli ne s’arrête pas à la confection son parfum le plus célèbre, Shocking, sort en 1937. Son flacon en forme de buste féminin fait alors scandale (la forme sera reprise bien plus tard par Jean-Paul Gaultier), tandis que le rose choisi pour l’occasion deviendra une marque de fabrique.
La maison Schiaparelli est à son apogée lorsque la guerre éclate en 1939. Après guerre, les choses deviennent plus difficiles. Le New Look de Dior supplante le surréalisme de Schiaparelli au même titre que l’austérité à la Chanel. Jamais la maison Schiaparelli ne retrouvera son lustre des années 1930 et Elsa se retire en 1954, avec pour satisfaction d’avoir durablement marqué l’histoire de la mode.
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