Originaire d’Australie, Adam Elliot est né le 2 janvier 1972. Quand il était enfant, sa passion était de dessiner en compagnie de ses deux perruches Sonny et Cher, au grand désarroi de son père, ancien clown acrobate reconverti dans l’élevage de crevettes. Son style artistique le différencia des autres élèves dans son école pour garçons, vers ses 12 ans. Ce qui le distingua des autres enfants, c’était son tremblement physiologique d’origine maternelle. Pourtant, il arrive à vivre avec ses défauts, en ignorant les moqueries à son propos, considérant que son problème n’est pas une maladie.
A Melbourne, il découvrit vers dix ans l’art dramatique et joua dans une pièce de théâtre, racontant une aventure du mythique détective Sherlock Holmes, incarnant le docteur Watson. Puis, il mit ses talents d’illustrateur au service d’une école de design et d’arts, le Victorian College of the Arts. Spécialiste de l’animation, il fut couronné de plusieurs récompenses avec sa trilogie de courts-métrages animés d’étude, possédant un ton mélancolique et poétique, (Oncle, Cousin et Frère), adulée par le public, et il gagna le Prix du meilleur court-métrage d’animation avec son Harvey Krumpet (2003) en 2004.
Mary & Max, la révélation cinématographique
Victorieux d’un succès auprès de ses essais animés récompensés, Adam Elliot décida de se plonger dans le long-métrage. Encouragé par un certain Nick Park, fameux créateur de Wallace & Gromit, il se dirigea vers l’animation en pâte à modeler, en 2005, pour mettre en scène sa toute première œuvre cinématographique : Mary & Max. Passé dans plusieurs festivals de film dans le monde entier, mais passé inaperçu en 2009 au sein du grand public, le film est accueilli par une critique conquise, exprimée par quatre récompenses en son honneur, notamment le Cristal du Meilleur Long-Métrage d’Animation au Festival International d’Annecy (ex-aequo avec Coraline).
Basé sur une histoire vraie, ce film conte la rencontre improbable et totalement incongrue par écrit d’une petite fille australienne, adorable comme tout mais dont la vie la méprise continuellement, et son correspondant, un homme juif vivant à New-York et mal dans sa peau.
Tout d’abord, soulignons la forme grotesque et poétique de l’animation. Les personnages, ayant tous des aspects délirants assez amusants, évoluent dans des décors de toute beauté, remplis de simplicité si lyrique, se permettant de critiquer subtilement des classes de la société. Ainsi, l’animation faite à la main fait encore son effet, plaisante à souhait, toujours magnifique à contempler l’aspect artisanal de cet art (la présence des empreintes digitales sur la peau des personnages) et rappelant toujours la belle époque des Wallace et Gromit et autres Pingu.
Plus que l’animation, c’est le scénario qui amplifie la beauté de cette œuvre. Ordinaire et commune à tous les romans épistolaires, l’histoire parvient pourtant à captiver grâce à ses deux personnages principaux. Ce sont de parfaits anti-héros, en outre deux genres de personnes tout à fait existants, à la seule différence qu’ils dévoilent des points de vue sur le monde surprenants car vraiment humanistes. Mary est une enfant profitant pleinement de la vie, en fabriquant des personnages avec de simples morceaux de caillou et en s’intéressant à des objets la cultivant plus ou moins. Max est un homme qui dégage de vrais sentiments et de vraies idées humanitaires (il ramasse tous les mégots que les gens laissent par terre, sans se soucier de dangers polluants). Le spectateur se sent concerné et intéressé par les évènements du quotidien décrits par les deux protagonistes, les rendant captivantes avec un ton léger et amusant. Porté par des personnes communs à notre réalité tour à tour attachants, profonds ou déstabilisants, leur existence se voit détruite par de malheureux embûches de la vie, avec la mort ou la maladie de certains proches. Mais, apprenant chacun un peu du savoir-faire de l’autre, Mary et Max, révélant en lui une maladie émotionnelle, arrivent à profiter de leur destin sans se soucier des moqueries ou problèmes dont ils deviennent victimes. En outre, les deux « héros » sont en fait un double portrait de leur créateur, Adam Elliot, vivant parfaitement sans tenir compte de son tremblement physiologique maternelle.
Véritable tourbillon d’émotions, porté par un casting vocal remarquable et sous une musique sobre, belle et délicate, Mary et Max, faisant un magnifique contraste entre les deux univers des personnages principaux par le champ de couleur (coloré pour la première et triste pour le dernier), est un bijou filmique présentant un portrait profond et sensible sur les personnes mises à l’écart de la société par différentes manières et qui arrivent à s’y intégrer, là où d’autres portraits les favorisaient dans le sens où la classes sociales sont dénoncés en les chassant (Edward aux mains d’argent de Tim Burton, Elephant Man de David Lynch…). Adam Eliott, prouvant ses talents de conteur humaniste et poétique au monde entier, a voulu rentrer dans la cour des grands cinéastes et l’a réussi avec brio !
2 Comments
laure
8 mars 2010 at 20:07un pur bijou d’animation, poésie, humour, sensibilité réunis, le tout sur une musique superbe… Adam Elliot a réalisé une belle perfomance pour son premier film! à voir absolument, ce réalisateur est prometteur.
Nelly
8 mars 2010 at 10:19Ton article me donne vraiment envie de découvrir ce film d’animation !