Les modes partent et viennent, c’est bien connu, et certaines auraient mieux fait de ne jamais apparaître (le trikini pour ne citer qu’elle) et d’autres sont plutôt utiles, comme les vide-dressings. C’est une mode apparue il y a bien longtemps déjà mais qui ne connait un succès populaire que depuis peu. Certaines personnes ayant tendance à confondre soldes et braquage à main armée, le vide-dressing peut y être une alternative plutôt sympathique qui permet de faire les boutiques à travers toute la France sans bouger de chez soi. Bref, les vide-dressings, c’est bien, voilà pourquoi.
Primo, les vide-dressings permettent de découvrir le style d’autres personnes et d’en prendre de la graine. Le style Pimkie et H&M est repérable à des kilomètres, ça ne laisse pas trop de marge pour se démarquer de ces autres demoiselles en slim/talons/gilet d’homme/t-shirt. Certaines « vide-dresseuses » sont des vraies shopaholics et ont un dressing en conséquence, bourré non seulement des classiques de Mango ou H&M mais aussi de Gucci ou Longchamp. A vous alors de dénicher la perle rare, de fouiner, assise tranquillement dans votre canapé. Chéri est content, il n’a pas à jouer les porte-manteaux et porte-achats, votre couple va mieux.
Secundo, les marques que vous ne pouvez vous acheter qu’en rêve (et encore, même là votre banquier fait une attaque) sont à des prix abordables. Comme dans toute vente par correspondance il y a des frais de ports parfois rébarbatifs, mais en faisant appel à votre imagination et votre talent pour la négociation, il est tout à fait possible de faire baisser les prix à condition de prendre plusieurs articles. Ca permet aussi de se rendre compte du prix réel des articles : est-il vraiment nécessaire de l’acheter à prix fort dans un magasin classique sous prétexte qu’il est neuf et non mis (quoi que, si on y regarde à deux fois il y a une gigantesque trace de fond de teint sur le col) plutôt que dans une boutique virtuelle d’un particulier, à moitié prix ?
Tertio, bien que les soldes ne soient dorénavant plus cantonnées à quelques semaines dans l’année dans les magasins, elles rencontrent de moins en moins d’adeptes, crise oblige. Ou peut-être est-ce dû à un manque de patience, un ras-le-bol des prix soi-disant cassés alors qu’au bout de deux jours on ne trouve plus que des haillons ? On préfèrera alors plutôt aider la copine à vider son armoire plutôt que de donner de l’argent à une vendeuse qui est aussi agréable avec vous qu’avec l’inspecteur des impôts. Dans les vide-dressings, les prix sont non seulement bas toute l’année mais encore plus bas (la plupart du temps) que dans les magasins. Souvent, afin de vider leurs armoires, les internautes baissent les prix constamment pour pousser à l’achat.
Quarto, à moins d’avoir une famille de douze gosses et trois ex-maris accompagnés chacun de leur mère dans votre salon à ce moment-là, il n’y a pas foule lorsque vous faites vos achats puisque c’est exclusivement sur internet. Vous évitez la cohue, la transpiration, l’attente à l’essayage… Par contre, il faut savoir être réactive ! Vous ne risquez pas la baston générale si une fille prend le 38 avant vous, mais si un vide-dressing est populaire, vous risquez la crise de nerfs en apprenant qu’une autre demoiselle vous a précédée de deux minutes.
Cinto est un point positif particulièrement intéressant : la possibilité du troc. Non, pas les menhirs d’Obélix, rassurez-vous, certaines internautes échangent volontiers un même article contre un autre qu’elles recherchaient depuis longtemps. C’est plus compliqué, certes, parce que pour trouver la personne qui a les mêmes goûts et la même taille, en comparaison il est plus facile de trouver un menhir pour offrir à Chéri. En même temps, Chéri rencontre exactement les mêmes problèmes quand il s’agit de nous trouver un cadeau de la Saint-Valentin, pauvre chou.
Évidemment, il y a aussi le côté moins rose du vide-dressing, le côté moins Bisounours :
Primo, on ne peut pas essayer et ça peut poser problème puisque dans les ventes par correspondance classiques, il y a une possibilité de retourner l’article et de se faire rembourser. Pas ici, à moins que l’internaute ne le spécifie, ce que je n’ai rencontré qu’une seule fois jusqu’à présent. Il vous faudra donc être vigilante et bien réfléchir avant d’acheter.
Secundo, il y a un problème évident de confiance. Faites tout de même attention à qui vous achetez des articles. Si le blog n’est pas mis à jour régulièrement ou que la personne ne répond jamais aux e-mails, inutile d’espérer que la vente se passe bien, il vaut mieux aller voir ailleurs.
Tertio, côté paiement, certaines internautes attendent que l’argent du chèque ait été mis sur leur compte pour envoyer les articles. Là encore, faites attention à qui vous envoyez votre argent, personne ne peut vous garantir que vous recevrez effectivement vos articles. Veillez donc à bien choisir votre vendeur et à ne pas dépenser de trop grosses sommes en un coup, histoire d’éviter la crise de nerfs si le sac à main Longchamp n’atteint jamais votre dressing.
Quarto, c’est une bonne solution de rechange pour celles qui n’auraient pas les moyens de se lancer dans la franchise ou la création d’entreprise. Pour ouvrir votre boutique en ligne, rien de plus simple puisqu’il vous suffit d’avoir un ordinateur, internet et un appareil photo. A ce moment-là, rien ne vous oblige à ne vendre que des habits achetés ici ou là, pourquoi ne pas y exposer vos propres créations ou vos conseils mode ?
Cinto, l’effet « communauté » est immédiat. Si vous n’avez pas assez d’habits à proposer, vous pouvez rassembler vos copines autour de ce projet. D’ailleurs, dans ce cas, inutile d’ouvrir un blog : faites des soirées troc et vide-dressing chez l’une d’entre vous à tour de rôle ! Évitez peut-être d’amener Chéri et des talons aiguilles : l’un risquerai de mourir d’ennui pendant que l’autre ferai une arme idéale…
Le thème de la « société de consommation » est très chéri parmi beaucoup de courants politiques ou de courants de pensée qui la rejettent comme un fléau immonde et poussant le peu qui nous reste d’humanité à la poubelle. Ça se discute, il n’empêche que l’on voit l’émergence de plus en plus de réseaux sociaux destinés à sortir de cette logique de consommation. N’allez pas imaginer que je parle de Facebook ou de MSN Messenger, ça n’a rien à voir, je parle de ces réseaux sociaux d’entre-aide qui se mettent en place, entre voisins d’un même immeuble par exemple, chacun proposant son service en échange d’un autre. Les vide-dressings entrent dans cette catégorie de réseaux sociaux d’entre-aide qui ne dénotent pas un changement radical de mentalité, évidemment, peut-être juste un retour à plus d’échanges. Même s’ils ne se passent que sur un terrain à la base purement commercial, c’est une façon comme une autre de sortir de cette logique « J’ai besoin de ça, je vais l’acheter chez Carrefour ». Trop facile de pouvoir juste traverser la rue et revenir 10 minutes plus tard avec un sac plein d’emplettes. Vendre ou troquer ses habits dans des vide-dressing s permet, selon moi, de redécouvrir la valeur de nos possessions, valeur autant commerciale que sentimentale et de se rendre compte que finalement, si j’ai tellement à vendre, c’est peut-être aussi parce que j’achète mal.
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