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Festival BD d’Angoulême 2010 – Jour 1

C’est sous un crachin persistant qu’a débuté ce matin le festival de la BD d’Angoulême. Outre quelques clichés pour vous mettre dans l’ambiance, vous aurez droit pour ce premier jour de festival à une interview de Julien Neel, l’auteur de la série Lou, dont le dernier tome est dans la sélection officielle jeunesse.

La particularité du festival de la BD d’Angoulême est que les animations sont réparties aux quatre coins de la ville. Même si le climat ne s’y prête pas aujourd’hui, c’est idéal pour visiter Angoulême et ça nous change des salons où on ne voit pas le jour.

Deux chapiteaux principaux, (un pour les « gros » éditeurs, l’autre pour les « petits ») font l’attraction principale, de même qu’une myriade d’expositions de thèmes divers, dont nous aurons l’occasion de vous reparler tout au long des ces quatre jours. Commençons par celle dédiée aux Tuniques Bleues, la fameuse BD humoristique sur la guerre de sécession, avec des personnages créés par Salverius et Cauvin (repris ensuite par Lampil et Cauvin).

Elle fait suite sur le parvis de l’hôtel de ville à celle de l’an dernier dédiée aux Schtroumpfs. Ouverte à tous, elle y relate la création des personnages et de nombreuses anecdotes. De quoi nous replonger dans les arcanes d’une série devenue culte, avec un nombre impressionnant d’albums.

Quelques clichés maintenant du chapiteau « Un monde de bulles », dédié aux principaux éditeurs, comme Glénat, Dupuis, Delcourt, Casterman ou encore le Lombard. Nous nous y sommes rendus ce matin, avant la cohue. Les auteurs n’étant pas encore nombreux, les files de fans attendant une dédicace sont encore clairsemées. Mais ne doutons pas que l’arrivée de grands noms comme Loisel ou Schuiten & Peeters (parmi tant d’autres) auront tôt fait de remplir les allées.

Cette foule encore peu nombreuse nous permet d’apprécier le décor de ces stands. Chez Dupuis, Spirou oblige, le calot rouge est l’honneur et va jusqu’à habiller le personnel de stand.

Chez Glénat, la star s’appelle Lou et s’affiche en pied sur les flancs du stand. Un succès confirmé, puisque Laser Ninja, le cinquième et dernier opus en date de la série est nommé dans la sélection officielle jeunesse. Un succès mérité surtout, puisque les aventures de cette ado fille d’une mère célibataire sont bourrées d’humour et de malice.

Julien Neel, son auteur, a répondu aux questions de Save My Brain.

Comment est né le personnage de Lou ?

Tout a commencé avec la collection jeunesse de Glénat, Tchô. C’est une collection qui a été créé après le succès de Titeuf et ils recherchaient des auteurs qui n’ont jamais publié. C’était mon cas, puisqu’à l’époque, la BD n’étit pas mon métier, je faisais surtout du graphisme. Après qu’ils m’ont contacté, j’ai réfléchi à ce que je voulais faire. L’univers de la BD jeunesse était très orienté vers les garçons, avec des personnages comme Titeuf, le Petit Spirou ou Cédric. Du coup, j’ai voulu faire quelque chose pour les filles. Enfin, pas un truc de filles, mais des histoires qui parlent aux filles (comme j’ai une petite fille). C’est comme ça qu’est née Lou. Au départ, le cahier des charges imposait une narration en gags. Mais je n’ai jamais su faire ça ! Donc finalement, j’ai dérivé vers ce genre d’histoire où on voit Lou évoluer.

Et à propos d’évolution, comme évolue-t-elle, Lou ?

Dans les albums, l’histoire se déroule comme un journal intime. Au départ, j’ai toujours des axes, des idées qui forment une sorte de canevas vierge.

La famille monoparentale… Peut-on maintenant dire que c’est une famille comme les autres ?

Oui, je le pense ! Mes parents étaient divorcés, donc étant petit, je ne me reconnaissais pas vraiment dans Boule 1 Bill, par exemple, avec le papa qui rentre le soir et la maman qui fait la vaisselle. La famille monoparentale n’est pas un problème. L’important, c’est comment se passent les choses.

Quelles situations ou spécificités de ce type de relation mère/fille t’inspirent plus particulièrement ?

Au départ, ce n’était pas le thème. Je voulais juste une petite fille qui vivait avec une grande fille. Ca aurait pu être sa sœur ou sa cousine. Puis quand j’ai fait lire à mes copains, ils m’ont dit « ce serait marrant que la grande fille soit sa mère ». Et j’y aborde le thème de la famille en général. Finalement, il n’y a pas de famille équilibrée. J’ai vécu dans une famille de parents divorcés et c’est bien moins terrible qu’une de mes amies, dont les parents qui se détestaient sont restés ensemble pour sauvegarder un semblant de quelque chose. Le tout est d’accepter ses parents et leurs défauts. Ils vous lèguent leurs névroses, comme la grand-mère de Lou lègue les siennes à sa fille !

Comment as-tu créé l’univers de Lou ? Qu’est-ce qui devait absolument figurer dans sa chambre, son agenda, etc. pour qu’elle corresponde à ce que tu voulais qu’elle soit ?

Déjà, je voyais l’immeuble, avec cet escalier qui débouche sur le toit. Je n’ai pas un dessin vraiment réaliste, mais j’attache une certaine importance à la cohérence spatiale. C’est pour ça que j’ai dessiné le premier appartement comme un salon de sitcom, avec la porte et la chambre du côté qui vont bien pour que les déplacements soient dans le sens de la narration. Avec l’appartement qui brûle au début du tome 5, on change de lieu. Et comme j’ai déménagé, j’ai adapté ça à mon nouvel univers, pour que les « vibrations » s’y retrouvent.

Parle-nous de la mère de Lou. Si tu devais la présenter, comment le ferais-tu ?

Principalement, courageuse. C’est sa plus grande qualité. Elle gaffeuse, feignante et un peu geek sur les bords mais finalement responsable. C’est une sorte de mère idéale puisqu’elle est arrivée à quelque chose de bien avec sa fille.

La dirais-tu typique d’une génération ?

Peut-être. C’est une sorte de mélange entre moi, ma femme, mon père et ma mère. Pour qu’elle sonne juste, je lui ai attaché des défauts. Mais je ne sais pas si c’est vraiment une histoire de génération. Dans Lou, il y a très peu de référence temporelle ou de lieu. Justement, pour que ça ne s’arrête pas à une génération.

Tu es dans la sélection officielle jeunesse. Qu’en penses-tu ? Lou est-elle uniquement destiné aux jeunes ?

J’avoue que ça me dépasse un peu ! Comme je ne fais pas du marketing, je ne cherche pas à viser une cible précise. Par contre, j’essaie que mes histoires soient accessibles à partir de 10/12 ans. Mais à côté, je ne me censure pas si je veux mettre du vocabulaire compliqué. Déjà parce que quand j’étais petit, j’adorais tomber sur un mot que je ne connaissais pas, juste pour savoir qu’il y avait encore des choses à découvrir.

Lou restera-t-elle éternellement ado ? Quel est son futur ?

La série s’arrêtera au tome 8. Et après, je ferai peut-être une suite… Sûrement dans un style plus manga.

Rendez-vous demain sur Save My Brain pour la suite de l’actu du festival d’Angoulême

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1 Comment

  • Reply
    Hraineins
    18 octobre 2012 at 9:08

    Bonjour,

    Merci pour cette interview, j’apprécie énormément les Lou !
    Et j’aime bien savoir ce que pense Julien Neel lorsqu’il dessine ces petites histoires.

    Bonne journée

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