La nouvelle invention super technologique et hyper fashion dans le monde de la chaussure vient de débarquer en Europe : mais pourquoi ne me suis-je toujours pas résignée à tester cette chaussure « troisième génération » ? En Espagne, on les voit déjà envahir les vitrines et orner les pieds fatigués de touristes en quête de fraîcheur et d’originalité… A Paris, elles ont également réussi à s’imposer comme des accessoires de mode indispensables… Pourtant, la mode et ses déviances ne nous ont-elles pas plus charmées, étonnées, ou encore fait rêver avant cette arrivée incongrue sur le marché ?
L’épopée « crocs », ou la recherche de la mode perdue
Malgré leur apparence new look, il est vrai que les crocs nous laissent une impression de déjà vu… et un soupçon de mauvais goût. Leurs créateurs ont beau nous assurer de leur originalité et parler de réel succès… Cela n’est guerre convaincant à mes yeux. En effet, qu’y a-t-il donc de nouveau dans les « crocs » ? Leur forme atypique peut-être… crocs’ = crocodiles… Avec un peu d’imagination, on leur attribuerait tout mieux un petit d’air d’ornithorynque… Cherchons plutôt du côté de la gamme proposée. Pensez-vous, des sabots en plastique tendance écolo aux couleurs chatoyantes, « flashy » ou classiques (et oui, il n’y a pas que du vert !) à assortir à votre guise avec votre tenue ! Par rapport aux irremplaçables nu-pieds et autres sandalettes estivales, il est vrai que les crocs sont hauts en couleur : mais pensez-vous sérieusement porter ce genre de sabots au bureau, ou encore pour sortir et vous mettre en valeur ? Il me semble que le côté esthétique de cette innovation est plus que remis en question.
Reste donc à s’en convaincre, à le marteler : si si, SI! Les crocs, c’est très fashion… Non, vraiment NON ! Même en essayant très fort, je ne peux m’y résoudre : côté classe en effet, je dois avouer que Bécassine n’aurait sans doute pas fait mieux. En ce qui concerne leur originalité, il est utile de rappeler que, contrairement à ce que prétend « Hugo », question mode, tout finit par revenir au goût du jour : entre les « pattes d’éph », les robes bouffantes et les lunettes Maya… Alors, replongez-vous dans votre enfance : les vacances à la mer, les baignades dans lacs et rivières… Vous y êtes ? Oui, avec vos incontournables chaussures d’eau modèle ballerines ou à sangle (les fameuses « méduses » pour la gamme de luxe sortie fin des années 1990). Nous y voilà : le sabot lin/coton et la chaussure d’eau… savant mélange au résultat… déroutant. L’argument de l’innovation n’est donc résolument pas dans le design.
Les « crocs », des chaussures qui vous comprennent ?
Si ce n’est de par l’aspect esthétique, pourquoi ne pas avoir été séduite par le côté pratique des crocs ? Réfléchissons encore, toujours ! Vous n’osez pas les porter ? Leur simplicité de chaussures de vacances vous fait peur ? Pourtant nous dit-on, ces chaussures sont faites pour vous.
Oui ! Les crocs épouseraient la morphologie de votre pied, et c’est visiblement une fois testées, qu’elles ne vous quitteront plus, et ce n’est pas peu dire. En effet, selon l’expression dorénavant consacrée, elles sont « thermo-formables » : une fois que vos longues heures de randonnées ont permis à vos petits petons d’atteindre un niveau d’échauffement tel que la résine elle-même n’y peut plus résister, les « crocs » sont vos chaussures à vie, vous vous fondez dans un moule que vous serez désormais la seule à pouvoir porter ! Petits bouts ou ados en pleine croissance : s’abstenir ! Pour autant, votre pied vit, votre pied respire car le must, c’est que les crocs possèdent des aérations incorporées et sont donc idéales pour votre été si vous allez pêcher les moules ou encore si vous vous aventurez sur des sentiers dont la qualité reste douteuse et qui mettent à rude épreuve votre seuil de tolérance au mélange résine/transpiration.
Oubliez l’adage « il faut souffrir pour être belle », les crocs vous sauvent la vie car ces chaussures masseuses « stimulent la circulation sanguine » ! Poids plumes, elles sont idéales pour la marche et les sols aqueux peu recommandables nous dit-on, les rangers n’ont qu’à s’habituer aux placards et fins de série. On se demande juste pourquoi les stocks ne sont pas encore épuisés… Ah oui, on ne souffre pas, mais l’esthétique n’y est pas, c’est vrai ! Vous l’aurez compris, hormis pour vos ballades touristiques, chausser ces sabots « tout terrain » ne devrait pas beaucoup vous changer la vie ni vous offrir moult satisfactions.
Pour toutes ces raisons, je pense que l’on peut raisonnablement bouder l’achat des crocs qui défrayent la chronique. Il y a pourtant un élément qui aurait pu faire pencher la balance et donc me faire changer d’avis : leur matière, le « croslite ». Tiens, pas question de plastique, ni de caoutchouc ? En réalité, il s’agit d’un mélange de néoprène généralement utilisé dans la conception d’accessoires pour les sports de haute profondeur et de croslite, matière anti-bactérienne, anti-dérapante… et nombre d’autres « anti- » encore. Mais résolument, on ne m’y prendra pas : elles ne sont même pas recyclables, ni testées dermatologiquement pour leurs vertus thérapeutiques… J’oubliais ! Derrière une foule d’arguments commerciaux, marketing et très scientifiques, c’est également le prix qui rebute car ces chaussures d’eau « nouvelle tendance » qui s’ignorent, sont vendues entre 40 et 50 euros tout de même pour 124 grammes de résine…
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