Réalisateur de cinéma et scénariste, Federico Fellini nait en Italie, à Rimini le 20 janvier 1920 et décède à Rome le 31 octobre 1993 à 73 ans. Il était marié à l’actrice Giuiletta Masina.
De gagman de cinéma dans les années 1939-1940, Fellini devient scénariste et réalisateur de 1941 à 1958, puis interprète et cinéaste de 1948-1990, et réalisateur de spots publicitaires de 1984-1992, c’est l’un des plus grands réalisateurs célèbres de l’histoire du cinéma.
Actuellement et depuis le 20 octobre 2009 au 17 janvier 2010, une exposition « la Grande Parade » au Jeu de Paume à Paris, rend hommage au réalisateur en tentant de revenir aux sources de la création fellinienne et de son oeuvre. Elle se compose de photographies, de dessins de Fellini, d’affiches originales de films, de magazines d’époque et d’extraits de films.
Parcours :
Fellini aime le cinéma burlesque, il est ébloui par les acteurs comiques qu’il considère comme des bienfaiteurs de l’humanité, comme Keaton, Laurel et Hardy, Larry Semon, les frères Marx et Charlie Chaplin. Entre 7 et 10 ans, il se sauve de chez lui et trouve refuge dans le cirque du clown Pierino où il est chargé de s’occuper d’un zèbre malade, cet épisode de sa vie aura une influence durable sur son oeuvre. Plus tard, il habitera près d’un théatre, lieu d’émerveillement et d’émotions. Pendant sa jeunesse, il est marqué par le pouvoir, l’église et le fascisme.
Passionné de caricatures et de bandes dessinées, il porte un intérêt tout particulier pour l’occulte, le fantomatique, l’aventure mythologique, la science fiction et la psychanalyse. Il publie ses premiers croquis avant de réaliser des caricatures d’acteurs, et va peu à peu s’intégrer davantage dans le métier de dessinateur.
Puis il va voyager à travers l’Italie avec une troupe de comédiens itinérants pour lesquels il écrira quelques sketches. Entre 1939-1940, période de guerre, il va dessiner et écrire pour l’hebdomadaire humoristique le Piccolo, puis au Marc Aurelio. Fellini commence alors à collaborer régulièrement au journal en écrivant des gags, des sujets et des scénarios, il va ainsi affirmer son style et s’introduire dans le milieu du cinéma en collaborant à plusieurs films.
En 1943, il épouse l’actrice Giuiletta Masina. En 1945, il débute au cinéma comme script et assistant-scénariste de Roberto Rossellini, et travaille également aux côtés de Pietro Germi. Puis il va continuer ses collaborations, et va seul s’épanouir dans un cinéma fantaisiste et spectaculaire, tiré des souvenirs et des fantasmes, mais toujours empreint d’un regard plus humaniste et plus personnel, en se dirigeant vers une expression spectaculaire et onirique, et s’installe à Rome Il réalise sa première véritable mise en scène « les Feux du Music-Hall » en 1951, « Courrier du Coeur » en 1952 sur le milieu des auteurs de romans photos. Ses films mettent en scène la vie italienne de son temps et « I Vitelloni » en 1953 lui ouvre les portes du marché étranger. C’est en 1954 avec « La Strada » que FELLINI connaît un succès international. « Il Bidone » sort en 1955, et en 1957 « le Notte di Cabiria ». C’est à cette période qu’il rencontre Pier Paolo Pasolini avec qui il fonde la « Fereriz » qui a pour objectif d’aider les jeunes metteurs en scène.
En 1960, Fellini aborde un tournant décisif dans son écriture cinématographique avec notamment « la Dolce Vita », Palme d’Or au festival de Cannes, comédie mi-satirique, mi-amère sur la création artistique et sur la société moderne avec des personnages exubérants, extravagants, véritables caricatures vivantes où réel et imaginaire se fondent, et qui souligne deux rencontres chères au réalisateur : l’acteur Marcello Mastroianni et Georges Simenon, président du jury du festival de cannes qui lui remettra la Palme d’Or. En 1962, il participe au film « Boccaccio’70 » composé de quatre sketches d’après les contes galants de Boccacce, il fera « la tentation du Dr Antonio », il obtiendra le prix de la critique italienne, du festival de Venise et de la ville de Venise. En 1963, Fellini avec « Huit et Demi » tourne son film le plus personnel et le plus ambitieux, livrant ainsi ses angoisses et fantasmes de cinéaste, en proposant ainsi une réflexion passionnante sur la création artistique. En 1965 « Juliette des Esprits » est un inventaire artificiel des rêves, des espérances et cauchemars d’un personnage féminin. En 1968, Fellini participe au film collectif « Histoires Extraordinaires »d’après l’écrivain Edgar Alan Poe, dont il réalise le 3ème épisode « il ne faut pas jamais parier sa tête avec le diable ». Puis en 1969, Fellini tourne « Satyricon », d’après l’oeuvre de Pérone, et il fait une adaption éblouissante en réussissant à s’éloigner de ses préoccupations tout en restant original. « Les Clowns » en 1970 plonge Fellini dans ses souvenirs d’enfance, il rend un hommage pathétique envers les clowns et les forains qui l’ont influencé dans sa carrière. En 1972 le film « Roma » entraîne le spectateur à découvrir les entrailles de Rome, et la même année, avec « Amarcord » le réalisateur fait un film autobiographique qui évoque son adolescence à Rimini, sa ville natale. En 1976, « Casanova » renoue avec le baroque fastueux et l’art de la séduction et des prouesses amoureuses. En 1978, le réalisateur dans « Répétition d’Orchestre » porte au sommet de leurs talents le musicien Nino Rotta et le monteur Ruggero Mastroianni.
A partir des années 1980, Fellini se bat contre la crise du cinéma italien et a du mal à monter ses projets. « La Cité des Femmes » en 1980 renvoie le cinéaste à ses angoisses et sa solitude, « Et vogue le Navire » en 1983 est l’évocation de la fin du monde, puis en 1986 « Ginger et Fred » est une riposte à Berlusconi, dans lequel il dénonce les méfaits de la télévision italienne. Suivra « Intervista » en 1987 adapté d’un roman de Kafka. Ensuite il tourne quelques films publicitaires (Campari, Barilla, la Banca di Roma), et ferme les portes de Cinecittà en 1990 avec le film « la Vocce della Luna » film obscur qui termine l’activité cinématographique de Fellini. Il reçoit l’Oscar d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre en 1993 et meurt la même année. Un musée à sa mémoire est ouvert à Rimini est ouvert en octobre 2003.
Federico Fellini figure parmi les plus grands artistes du cinéma moderne où le monde de l’imaginaire et du fantasme nous transporte dans la magie et le merveilleux. Fellini avait la capacité de créer l’invraisemblable par le langage de l’image et du montage et le talent de créer des personnages à l’aide de petits détails physiques ou verbaux donnant par magie une épaisseur humaine. Il a révolutionné le cinéma en construisant des films sur la décadence à partir du ressenti du personnage et a su à travers ses films faire rêver le spectateur en l’emportant dans le spectacle de la vie. Fellini était un homme de spectacle, visionnaire, sachant saisir la dimension des êtres et des choses. Fellini a laissé une oeuvre riche, complexe, inimitable, qui aura marqué le cinéma par sa singularité, son style et son regard. Il aura été le magicien de la pellicule qui a su assuré le spectacle… de la vie !
Ce réalisateur italien le plus novateur de son temps disait :
« Il n’y a pas de fin, il n’y a pas de début, il n’y a que la passion infinie de la vie » F. Fellini
Quelques Films :
« la Strada » (le grand chemin) en 1954, Gelsomina (Giuilatta Masina), misérable artiste de cirque brutalisée par Zampano (Anthony Quin), direteur de la troupe, tous deux saltimbanques, parcourent l’Italie. Fellini évoque la condition humaine de l’artiste. Lion d’argent à Venise. Oscar du meilleur film étranger en 1956.
« Le Notti di Cabiria » (les nuits de Cabiria) en 1957, Cabiria (Giuiletta Masina) est une prostituée, courageuse mais naïve, qui rêve du grand amour. Palme d’Or de la meilleure actrice pour Giuiletta Masina en 1957. Oscar du film étranger à Cannes en 1957.
« la Dolce Vita » (la douceur de vivre) en 1969, évoque Marco, (Marcello Mastroianni), chroniqueur mondain connu, et Sylvia (Anita Ekberg), star mythique, est une peinture acide et désespérée d’une minorité romaine oisive. Fellini s’amuse de la jet-set romaine en déclin, de la société contemporaine qui ne laisse plus de place au rêve dans sa façon de dénaturer, déshumaniser par des extravagances usées. Prix de la critique du cinéma italien pour la meilleure idée, le meilleur rôle principal et le meilleur architecte. Oscar du meilleur costume en noir et blanc et surtout Palme d’Or du festival de Cannes.
« Amarcord » (je me souviens) en 1973, Fellini fait une approche de sa propre autobiographie par la mémoire et les souvenirs, il évoque ses instants de vie ordinaire dans sa ville nature de Rimini. Critique de la société italienne fasciste, peut être le plus politique du réalisateur. Prix de la critique du cinéma italien. Prix de la critique du cinéma new-yorkais. Oscar du meilleur film étranger.
« Il Casanova di Fellini » (le Casanova de Fellini) en 1976, Casanova, objet, automate du plaisir, devient peu à peu un emblème de la mort. A travers ses délires fantasmagoriques, Fellini traite le néant, le vertigineux, l’angoisse funèbre d’une marionnette qui se flétrit à la recherche d’une extase suprême. Oscar du meilleur costumier.
« la Città delle donne » (la cité des femmes) en 1980, le film évoque l’évolution de la femme, du mystère qu’elle incarne pour l’homme. Film sur le rêve de la femme dans lequel Fellini aborde un cinéma qui vient droit des bandes dessinées apportant le témoignage de ses premières émotions et sacralisations qu’il voue à la femme.
« Ginger et Fred » en 1985 est un film hommage à Ginger Rogers et Fred Astaire. Ginger (Giuiletta Masina) et Fred (Marcello Mastroianni), se retrouvent trente ans plus tard dans une émission télévisée à l’italienne berlusconienne, où on y croise un monde vieillissant. Avec mélancolie, Fellini évoque deux rescapés extraordinaires qui à travers une ultime danse, réveille les sens d’un cinéma mythique qui remplissait les salles et nos coeurs.
« Intervista » en 1987, Fellini adapte à l’écran un roman de Kafka « l’Amérique ». Des journalistes japonais viennent l’interviewer sur sa façon de travailler et sur ses anciens films. Le réalisateur leur explique les mécanismes du métier et leur montre les studios de Cinecittà, les décors. Fellini ouvre ainsi les portes de la clé de toute sa vie, de son univers merveilleux qui renvoie à la mythologie fellinienne. Prix particulier du festival de Cannes. Prix du Public. Grand Prix du festival de Moscou.
« la Vocce della Luna » (la Voix de la Lune) en 1990. La voix de la lune mène tout un petit monde par une série d’évènements énigmatiques, sarcastiques et parfois cacophoniques. Poésies, rêves, états d’âme dénoncent une incompréhension de la civilisation actuelle du « n’importe quoi ». Oeuvre poétique dans laquele l’acteur Roberto Benigni parle avec la lune. Fellini déclare par son interprète, la lune « s’il y avait un peu plus de silence, on comprendrait peut être quelque chose ».
No Comments