Femme de légende

Sœur Emmanuelle, la petite sœur des pauvres

« Partout et toujours, cherche sans te lasser le remède qui soulage, sème l’espoir : ça vivifie et ton amour peut faire des miracles. »
[Sœur Emmanuelle]

Quand on pense à Sœur Emmanuelle c’est inévitablement le visage d’une femme généreuse, bienveillante et souriante qui apparait… Une femme qui a marqué les mémoires par son dévouement total aux autres et notamment aux enfants déshérités, mais aussi par son caractère bien trempé et son sens de l’humour dévastateur. Un personnage, un sourire, une bienfaitrice…une sainte populaire qui reste encore l’une des personnalités préférées des français.

Elle aurait fêté ces cent ans en novembre 2008, c’est donc un siècle de générosité, de courge et de bataille de ce petit brin de femme au tempérament de feu que je vous propose de découvrir aujourd’hui. Tout au long de cet article vous trouverez des citations en référence à un document exceptionnel issu de L’Express qui a publié en exclusivité, en août 2008, des extraits du dernier entretien qu’elle a accordé à la productrice Annabelle Cayrol et au journaliste Jacques Duquesne, J’ai 100 ans et je voudrais vous dire (Ed.Plon). Un document rare.

La vocation

Madeleine Cinquin est née à Bruxelles le 16 novembre 1908. Issue d’une famille aisée, elle voyage beaucoup et bénéfice d’une éducation soignée, elle vit une enfance heureuse jusqu’à ce qu’elle subisse très jeune un drame qui la marquera à vie. A l’âge de 6 ans elle est témoin de la mort de son père qui se noie devant ses yeux, cet événement tragique est une des raisons de sa vocation, mais pas la seule car la volonté de se tourner vers les autres a toujours été un sentiment très fort chez elle. Elle se tourne très tôt vers le Christ, seul Homme qui puisse lui donner « L’Absolu ». Sa mère essaye de l’en détourner mais ne peut lutter face à cette jeune femme au caractère déjà bien affirmé. Elle entre ainsi à la congrégation Notre-Dame de Sion le 6 mai 1929 et entame des études de sciences philosophiques et religieuses, elle prononce ses vœux de religieuse le 10 mai 1931 et choisit le nom de Sœur Emmanuelle, qui signifie « Dieu avec nous » en hébreu. Après des études brillantes (licence ès Lettres à la Sorbonne), elle devient très vite une enseignante de Lettres tout d’abord en Turquie dans une école pour jeune fille où elle attrape la typhoïde. Malgré les difficultés, ce petit bout de femme de 20 ans ne renonce pas « Mais cette typhoïde… j’ai failli y passer. Toutes les sœurs ont proposé leur sang pour me sauver. » [L’Express]. Sœur Emmanuelle multiplie les expériences entre la Tunisie, l’Egypte et à nouveau la Turquie plus ou moins négatives car elle enseigne à des gens aisés. Lors de sa dernière expérience en tant qu’enseignante en Egypte, elle décide d’abandonner l’enseignement et de se tourner uniquement vers la pauvreté. Lors de cet épisode, elle raconte un épisode anecdotique : elle tombe amoureuse ; « J’ai été amoureuse d’un homme que je trouvais intelligent et séduisant… J’ai connu le cœur qui bat… . On nous avait appris à ne jamais dire à un homme qu’on l’aimait. J’ai réfléchi, j’avais choisi Dieu, je ne voulais pas changer de route… Je ne regrette rien. Je suis fière de m’être prise en main… » [L’Express]. Elle tombe également amoureuse de l’Egypte… Commence alors le combat de toute une vie… aider les déshérités.

L’œuvre

En 1971, à l’âge où beaucoup prennent leur retraite, Sœur Emmanuelle se tourne vers les exclus et leur tend la main. Elle décide alors de partager la vie des plus démunis et, avec l’autorisation de sa congrégation, part s’installer à Ezbet-El-Nakhl, un des bidonvilles les plus pauvres du Caire en Égypte, au sein de la communauté majoritairement copte chrétienne des zabbalines, chargée de la récupération des déchets :

« Le soir de mon arrivée, j’ai posé mes quelques affaires dans une cabane que m’avait donnée un chiffonnier […] et je me suis interrogée : que faire ? A entendre ceux qui m’avaient parlé de ce bidonville auparavant, il n’était peuplé que de voleurs, de tueurs, de brigands. […]Bon, j’étais venue, et je n’allais pas reculer. »

Aidée de Sœur Sarah, celle-ci va œuvrer contre la misère au quotidien et essayer de récolter des dons à travers le monde et de sensibiliser un maximum. C’est ainsi qu’elle devient la petite sœur des pauvres ou la petite sœur des chiffonniers… En 1980 avec l’argent récolté, le Centre Salam est inauguré par l’épouse du président Sadate et propose des dispensaires, des écoles, des jardins d’enfants, des centres de formation et un club social. Elle s’occupera ensuite des chiffonniers de Mokattam, 23000 personnes vivants au milieu des détritus… Elle permet de faire construire des abris, d’amener de l’eau potable l’électricité et de la nourriture mais aussi de l’amour… et grâce à son charisme et sa reconnaissance mondiale, elle permet de mettre en lumière le sort de ces enfants oubliés. Elle continue son œuvre à travers plusieurs bidonvilles, partout où elle passe poussent foyers, écoles ou dispensaires. Elle fonde également une association : Association sœur Emmanuelle (ASMAE) pour professionnaliser ses actions et assurer sa relève. Celle-ci aide aujourd’hui plus de 60.000 enfants du monde entier. En 1991, celle qui aura passé 20 ans dans les bidonvilles du Caire obtient la nationalité égyptienne, cadeau du président Moubarak. Ces quelques mots peuvent résumer l’expérience vécue par sœur Emmanuelle :

« Mais la joie régnait, une joie profonde, qui tenait à la solidarité. […] Tous les bidonvilles du monde sont des concentrés de misère. Mais au Caire, chez les chiffonniers, c’était pis, puisqu’ils ramenaient de la ville des montagnes d’ordures, fumantes, puantes. Ma cabane donnait sur une cour où mon voisin, Habib, élevait des cochons. Dès la première nuit, les rats m’ont réveillée. Ce qui m’a étonnée, ce fut de me retrouver ainsi, la soixantaine passée, dans un monde que j’avais ignoré, dont je ne parlais pas très bien la langue, plongée dans cette misère matérielle, et d’éprouver malgré tout un sentiment de joie comme je n’en avais jamais connu. J’avais atteint mon but. » [L’Express].

En 22 années de présence, l’œuvre de Sœur Emmanuelle a permis de scolariser 85 % des enfants, de faire diminuer la violence et de permettre aux femmes de se libérer.

La retraite ?

De retour en France, la religieuse continue son combat en écrivant de nombreux livres, en médiatisant son combat, en faisant des conférences et en aidant d’autres associations comme l’association Les amis de Paola qui aide des SDF en majorité algériens dans un centre situé près de Fréjus. Elle continue par ailleurs d’insuffler une âme à son association par différentes actions.

Le 1er janvier 2002, Sœur Emmanuelle est promue par Jacques Chirac au grade de commandeur de la Légion d’honneur avant d’être élevée, par Nicolas Sarkozy, le 31 janvier 2008 grand officier de la Légion d’honneur. En Belgique elle devint grand officier dans l’Ordre de la Couronne.

Elle est décédée le 20 octobre 2008 dans sa maison de retraite de Callian dans le Var et y fut inhumée 2 jours plus tard.

Le souvenir de cette femme au grand cœur reste et restera dans toutes les mémoires « On ne possède pas le bonheur comme une acquisition définitive. Il s’agit à chaque instant de faire jaillir une étincelle de joie. Ne l’oublions pas : « Souris au monde et le monde te sourira. » »

Liens

Asmae – Association Sœur Emmanuelle :

http://www.asmae.fr/

Sœur Emmanuelle sur Wikipedia

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sœur_Emmanuelle

Vidéo coup de cœur :

Livre coup de cœur :

Soeur Emmanuelle – Cent ans d’amour

Editeur : J’ai Lu
Publication : 5/11/2008

« En fêtant ses cent ans cette année, Sœur Emmanuelle incarne plus que jamais son précepte d’amour. Depuis des décennies, ses actions en faveur des enfants et des plus démunis ont touché le cœur des Français. Pour son centenaire, voici un recueil de ses plus beaux textes, empreints de sagesse, de spiritualité et surtout, d’amour. »

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1 Comment

  • Reply
    Inak martin Jules
    31 janvier 2012 at 10:23

    Félicitations à la sœur EMMANUELLE pour ses œuvres de cœur et d’esprit en faveur des pauvres à travers le monde.Je suis inak martin jules, je suis responsable d’une association d’encadrement des orphelins, enfants de la rue et filles mères en détresse basée au cameroun. Je recherche des marraines et des parrains pour le soutien éducatif, nutritionnel, vestimentaire pour ces enfants en difficulté.
    Bonne journée
    INAK Martin Jules

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