Cinéma

Albert Dupontel

Aujourd’hui, partons à la découverte d’Albert Dupontel qui multiplie les casquettes d’acteur, réalisateur et scénariste pour notre plus grand plaisir.

I ] Le long parcours d’un homme ambitieux
a) Son enfance :

Albert Dupontel, grand passionné du cinéma de l’incontournable Terry Gilliam (Brazil, Dark City, L’Imaginarium du docteur Parnassus ou bien encore autres Tideland), est né le 11 janvier 1964 d’un père médecin, originaire des Côtes d’Armor, et d’une mère dentiste. Etudiant à l’école Paul Bert de Conflans, son enfance a été marquée par divers grands maître du cinéma, tels que Gilliam (L’Armée des Douze Singes, Las Vegas Parano), les frères Coen (O’Brother, No Country For Old Men…) ou Kubrick (Full Metal Jacket, Shining). Elle possède aussi des aspects sportives puisqu’il pratiquait longtemps du judo et de la gymnastique.

b) Ses chemins traversés :

Après avoir surmonté l’épreuve du baccalauréat, il quitte la maison de ses parents à 20 ans et décide de suivre des années de médecine à la faculté de médecine de Bichat, entre 1982 et 1986. Il abandonne finalement à la cinquième année pour étudier des formations à l’Ecole du Théâtre national de Chaillot pendant deux ans ainsi qu’une petite visite à l’Ecole d’Ariane Mnouchkine, en 1989.

Le monde le connaissait autrefois pour ses réalisations de ses « Sales Histoires », petite série à sketch un brin déjantée, diffusées sur Canal+ dans les années 90, le public marqué par le nouveau souffle déluré de cette série française. Mais il le connaissait surtout pour ses deux célèbres spectacles dans les années 91 et 92, le premier étant au Tristant Bernard et le deuxième à l’Olympia (avec des sketchs cultes comme celui de Rambo, du bac de philo ou de Burnt le Super Flic), où se dégage une ambiance folle et sympathique, propre à Dupontel, se déchaînant sur scène sans accessoires spéciaux.

Mais il avoue peu de temps après que sa vraie passion est le cinéma…

II ] L’univers d’un génie particulier du cinéma français
a) Désiré, ou une critique sur la société moderne :

Le cinéaste en herbe commence à faire ses preuves, en réalisant un court-métrage de seize minutes, en 1992, intitulée « Désiré », une fable satirique et complètement délirante sur les nouvelles naissances d’enfants dans le futur, critiquant ainsi la modernisation technologique de la société industrielle, le tout avec un humour noir bien fou et des situations grotesques, dont on peut reconnaître certains acteurs attachés à Dupontel, comme Nicolas Marié, Philippe Uchan, Eric Elmosnino et encore bien d’autres Michel Vuuillermoz, ainsi qu’un amour inévitable pour le cinéma de Terry Gilliam.

b) Bernie, ou la fable trash sur l’ambiguïté :

C’est le 27 novembre 1996 que sort la toute première œuvre d’Albert Dupontel en France. Un premier film tout à fait étonnant, puisque c’est la première vraie comédie trash jamais créée par des cinéastes français. Jamais on n’avait vu un film aussi grinçant et osé dans ce pays. Violent, méchant et tout bonnement absurde, il en résulte pourtant, et à s’y méprendre, une vraie jubilation de voir ces scènes aussi choquantes mais aussi jouissives.

Sous un trait original, Bernie se révèle être un vrai bijou filmique, mettant ainsi la marginalité la plus inaccessible (le personnage principal n’ayant comme seul argument que la violence pure, mais se révélant tellement attachant et même touchant) au sein dans notre société, où sont dénoncés tous les tableaux sociales (la bourgeoise ingrate, le policier ignoble, le vendeur pervers et le député indigne, prétendant défendre les personnes exclues).

Avec un humour grinçant (la scène du carnage à coups de pelle reste irrésistiblement culte), une mise en scène riche et surprenante, une musique tout aussi géniale (dont le groupe Noir Désir, que Dupontel affectionne particulièrement, compose une chanson au générique de fin) et des acteurs excellents, tels qu’Albert Dupontel et Claude Perron, compagne de ce dernier, mythiques dans leur rôle, le film a touché son public et remporte une victoire au box-office, nommé aux Césars pour la meilleure première œuvre du réalisateur.

c) Le Créateur, ou la satire professionnelle :

Bernie étant devenu un film culte auprès de la population française, les producteurs demandent à Albert Dupontel de réaliser un deuxième film pour le cinéma. Celui-ci met en scène donc un film très particulier, qui ne séduit pourtant pas le public en 1999, voulant une suite de son prédécesseur, à cause d’une dispute entre le réalisateur et la production sur la distribution marketing de la nouvelle création cinématographique.

Se rattrapant avec un gros succès au marché de la vidéo, Le Créateur est en fait une œuvre toute aussi culte que Bernie, grand hommage à Gilliam, par ses plans visuellement dingues, avec un scénario original et fou, faisant de l’auto dérision dans le métier de scénariste (ici écrivant des pièces de théâtre), au service de l’humour de Dupontel toujours aussi génial (les scènes de meurtre sont réellement décalées et drôles) et des acteurs vraiment convaincants, les principaux comme les secondaires.

A noter une référence au père de Dupontel et ses origines (la crêperie)…

Juste une chose à dire : « kenavo les bouseux ! »

d) Enfermés dehors, ou le pamphlet cartoonesque:

Sept ans après le grand hommage cinématographique à Terry Gilliam, Dupontel revient et en grande forme avec sa nouvelle œuvre, Enfermés dehors. Retrouvant la même équipe (Claude Perron, Nicolas Marié, Terry Jones…) à ses côtés, le cinéaste accompli met en scène une fois de plus une satire sociale loufoque avec son savoir-faire unique et savoureux.

Remportant un succès au cinéma amplement mérité, Enfermés dehors est un film déjà culte, critiquant le socialisme avec cette confrontation de milieux sociaux différents absolument délirante. De plus, c’est un mélange très explosif entre pamphlet sur la banlieue, film d’émotion, blockbuster et comédie loufoque.

D’ailleurs, on ne peut le nier : c’est aussi un hommage à Tex Avery, enchaînant gags grotesques et humour noir très prononcé, virant carrément au vrai cartoon filmique, osant jusqu’au bout les situations les plus invraisemblables pour le plaisir de réveiller les zygomatiques du spectateur.

e) Le Vilain, ou le cartoon diabolique :

Albert Dupontel signe aujourd’hui son nouveau film tout bonnement attendu, aux côtés de la célèbre Catherine Frot (Guy de Maupassant, Le Dîner de Cons, Vipère au poing…) à l’affiche.
En ayant la chance de l’avoir visionné à l’avant-première du cinéma UGC Ciné Cité de Bordeaux le 10 novembre dernier, je peux vous affirmer que Dupontel n’a pas perdu une seule qualité de son talent unique.

Servi par une mise en scène vertigineuse et passionnante ainsi que des acteurs qui prouvent leur passion pour se fondre dans la peau de leurs personnages (Catherine Frot méconnaissable et Albert Dupontel toujours aussi déjanté), Le Vilain est une œuvre follement noire, qui traite la relation mère/fils à la manière du réalisateur, avec des situations caricaturales, délirantes et jubilatoires de la première à la dernière, un mélange savoureux de la loufoquerie d’Enfermés dehors et la noirceur de Bernie (nombreux passages déjà mémorables), caricaturant la relation parentale jusqu’au bout.

f) Son jeu d’acteur :

Le cinéaste de Bernie a participé aussi dans des films en tant qu’acteur, depuis 1988. Son jeu, incarnant soit des personnages excentriques ou sérieux (ou aussi les deux en même temps !), a été très remarqué par la presse et les spectateurs, notamment dans Président de Lionel Delplanque, Serial Lover de James Huth, Chrysalis de Julien Leclercq ou encore Le Convoyeur de Nicolas Boukhrief, ayant été nominé aux Césars avec La Maladie de Sachs de Michel Deville et Deux jours à tuer de Jean Becker.

III ] Albert Dupontel, un artiste légendaire du Cinéma

Albert Dupontel est, en conclusion, un génie du cinéma dans son genre, ayant réussi parfaitement à assumer ses envies cinématographiques et ayant donné un nouveau souffle osé dans la culture filmique française, avec ses œuvres cultes comme Bernie, Le Créateur, Enfermés dehors et Le Vilain, sortes d’O.F.N.I (Objet Filmique Non Identifié) à l’esthétique originale, à l’humour particulièrement bien léché et dénonçant avec dérision les travers de notre société à grands coups de caricatures noires et décalées.
De plus, l’ayant rencontré à l’avant-première de son dernier film, c’est une personne absolument attentionnée à son public, parfaitement ouverte sur les divers goûts culturels mondiaux, et ayant une grande générosité auprès de ses fans (mon DVD de Bernie portant enfin sa signature !).

Cet auteur cinématographique mérite amplement les honneurs de gloire dans le cinéma français, au même titre que Jean-Pierre Jeunet.

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3 Comments

  • Reply
    laure
    27 novembre 2009 at 10:41

    je confirme les propos de cet article, Albert Dupontel est un artiste qui exerce son métier avec passion et professionnalisme. Il a le souci de transmettre à son public un travail de qualité et son humour.
    j’ai vu le film (excellent, du vrai, du pur Dupontel), j’ai eu la chance d’assister à une avant première avec sa présence, c’est un homme à l’écoute de son public et d’une grande gentillesse, ce fut une soirée riche en rires, cet homme a du talent, c’est si rare qu’il faut le souligner.

  • Reply
    Velc
    26 novembre 2009 at 10:57

    Personnellement j’ai l’impression que le coco a un peu pris la grosse tête, sa crise de gosse capricieux aux infos lorsqu’il est intervieuwé par Laurent Bignolas par exemple, et vu comme certains acteurs se sont foutus de sa tête en reprenant cette scène stupide face aux journalistes, je ne pense pas être la seule^^.
    Surtout que Monsieur a du se faire remonter les bretelles, depuis il est repassé aux infos tou sucre tout miel et fait toutes les émissions de france 3 pour présenter Le Vilain..
    Du talent, ça y’a pas à dire, mais un brin d’humilité c’est toujours bien aussi

  • Reply
    Nicolas Meunier
    25 novembre 2009 at 22:02

    Je connais trop mal Albert Dupontel mais il m’a ému dans fauteuils d’orchestre. Et je pense que son grain de folie doit être bénéfique à ses scénars ! Bel article en tout cas.

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