Après avoir été Octave et tant d’autres personnages fictifs, l’écrivain à succès Frédéric Beigbeder décide de se poser pour nous livrer une ébauche de sa biographie.
Sa mise en garde-à-vue pour prise de cocaïne sur la voie public, pousse Beigbeder dans son introspection. Persuadé de n’avoir aucuns souvenirs d’enfance, l’auteur décide d’utiliser ce temps passé en cellule pour recouvrer la mémoire et (re)découvrir, enfin, son enfance.
Beigbeder nous offre un roman en deux temps, imbriqués. Le premier est son arrestation par la maréchaussée parisienne et l’enfer carcéral dans lequel il va plonger pour les trente-six heures à venir. Le deuxième temps est celui du passé à proprement parlé. Beigbeder nous parle de son ascendance avant de nous emmener dans sa propre enfance, de Neuilly à Guétry.
Dans cette autobiographie, nous découvrons un Frédéric Beigbeder en proie au doute, rongé par ses questionnements et ses états d’âme, rongé par lui-même. S’il affirme ne pas vouloir ressembler aux autres et cultiver sa différence, à grand coup de citations célèbres, l’auteur n’en reste pas un moins cet enfant qui crie « Aimez-moi ! ». Il se jette dans la débauche sous le couvert d’une génération perdue, entre les années d’après-guerre et la folie des seventies.
Frédéric Beigbeder semble chercher les raisons qui l’on amener à devenir l’écrivain débauché à succès qu’il est aujourd’hui. Dans un style toujours vif et provocateur, il répond à cette question en nous offrant plusieurs explications : opposition à son frère, divorce parental… Une forme de déculpabilisation ? Peut-être… Mais Beigbeder n’en reste pas moins touchant. Il se met à nu, nous avouant ses blessures d’enfances sur fond d’humiliations carcérales, ses failles et ses blessures secrètes.
La surprise est l’évocation de sa fille, Chloë et de leurs moments à deux. Nous découvrons alors le Beigbeder père, qui nous comble d’émotion.
La nostalgie de l’écrivain est également émouvante, notamment lorsqu’il relate son adolescence malheureuse, desservie par un physique ingrat. Nous pouvons nous retrouver dans cet homme aujourd’hui accomplit, qui souffrit tant d’années devant cette fatalité de Dame Nature.
Finalement, c’est une œuvre remarquable que nous livre Beigbeder et probablement thérapeutique pour lui-même. Bien loin de ses personnages fantasques, adeptes de la destruction et des drogues dures, l’écrivain se livre sans pudeur, offrant une belle introspection sur lui-même avec cette verve qui lui va si bien.
Il nous laisse sur quelques lignes de bonheur apaisé, comme s’il était enfin réconcilier avec son passé. L’homme, comme s’il en avait terminé de cette mascarade, pose les armes et prend son stylo afin de nous offrir, probablement l’un des plus sincères et beaux romans qu’il n’ait jamais écrit jusque là.
2 Comments
Désirée
26 septembre 2009 at 14:12J’ai lu deux de ses livres jusqu’à présent, 99 Frcs et Au Secours Pardon, et tous les deux m’ont laissée un peu perplexe mais aussi fascinée d’une certaine façon. Effrayée aussi, honnêtement. Quand j’ai entendu parler la première fois de son nouveau livre j’ai d’abord décidé de ne pas l’acheter, j’avais eu du mal à digérer le dernier, mais je crois que je vais quand même m’y mettre. J’ai beaucoup d’attentes par rapport à ce livre, je suis curieuse de voir le résultat!
Caroline Pineau
23 septembre 2009 at 11:48Une bien belle critique, j’ai hâte de lire ce dernier né de chez Beigbeder :)