Son visage ne vous dit peut être rien, et pourtant cette femme est un symbole dans son pays et à travers le monde. Symbole de la résistance à l’oppression, de la lutte, du combat jusqu’au boutisme pour défendre des idées de paix et de démocratie dans un pays qui en manque cruellement : la Birmanie.
Les origines
Le combat face à l’oppression est dans les gênes. Née le 19 juin 1945 à Rangoon en Birmanie, elle est la fille du leader de la libération birmane, le général Aung San qui a négocié l’indépendance de la Birmanie en 1947. Malheureusement celui-ci fut tué la même année. Le décès de son père est un des facteurs dominants de sa lutte pour la paix et l’indépendance. Elle grandira sans son père mais grandira avec son influence. Sa mère, Daw Khin Kyi, se fera connaître en s’engageant activement dans le milieu associatif et gagna une certaine importance politique afin de devenir diplomate.
L’éducation
Ang San Suu Kii aura une éducation soignée à travers le monde. Jusqu’à l’âge de 15 ans, elle sera éduquée dans la ville de Rangoon et suivra sa mère alors ambassadrice de la Birmanie en Inde et au Népal. Elle accompagna sa mère à Dehli où elle étudia la politique à l’Université de Dehli. De 1964 à 1967, elle continua son éducation au St. Hugh’s College et à l’Université d’Oxford et devint étudiante en économie, politique et philosophie. Par la suite elle travailla à travers le monde entier et notamment aux Nations Unies en 1972 où elle rencontra son futur mari, Michael Aris, un spécialiste de la civilisation tibétaine. Elle partagea dès lors sa vie entre le Royaume-Uni et le Bhoutan, pays où habite son mari, et donne naissance à deux enfants, Alexander en 1973, et Kim en 1977.
L’engagement
En 1988, Aung San Suu Kyi retourne vivre en Birmanie pour s’occuper de sa mère malade. Cette même année, le général Ne Win, à la tête d’une junte militaire au pouvoir depuis 1962, doit démissionner. Des troubles éclatent dans le pays mais sont brutalement réprimés par l’armée avant qu’une nouvelle junte reprenne le pouvoir. Engagée dans la lutte pour la démocratie, Aung San Suu Kyi et ses amis politiques fondent alors, en septembre 1988, la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) dont elle est la secrétaire principale. Influencée par la philosophie et les idées du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King, plébiscitée par la population, la secrétaire générale de la LND prône la non-violence pour renverser le régime en place et propose des réformes pour installer durablement la démocratie en Birmanie. Le 20 juillet 1989, elle est arrêtée. Les militaires lui offrent le choix entre quitter la Birmanie ou être emprisonnée. Aung San Suu Kyi décide de rester dans son pays et sera assignée à résidence dans sa villa du 54 rue de l’Université à Rangoon. La mesure n’empêche pas la LND de remporter près de 80% des sièges lors des élections de 1990 mais le régime au pouvoir refuse le résultat du scrutin et accentue la répression contre les opposants. De sa résidence surveillée, Aung San Suu Kyi continue de lutter pour la paix et l’indépendance du pays, écrivant plusieurs discours et livres politiques. Elle devient aux yeux du monde la figure emblématique de l’opposition birmane à la dictature militaire et à plus grande échelle LE symbole de la résistance face à l’oppression. En juillet 1995, Aung San Suu Kyi est libérée de sa détention surveillée mais elle sait que si elle quitte la Birmanie, pour rendre par exemple visite à ses enfants qui vivent avec leur père en Grande-Bretagne, elle ne pourra plus revenir. Le gouvernement multiplie les tracasseries administratives à son encontre, cherchant à la faire partir. Interdite d’activité politique, elle est arrêtée à plusieurs reprises, emprisonnée de septembre 2000 à mai 2002, réemprisonnée en 2003 et réassignée à résidence depuis.
Aujourd’hui âgée de 62 ans, Aung San Suu Kyi a, au total, été privée de liberté pendant plus de 11 ans depuis 1989. Elle bénéficie de nombreux soutiens dans le monde entier, notamment via l’ONU et la campagne pour une Birmanie libre (Free Burma Campaign). En mars 1999, son mari, Michael Aris, décéda du cancer de la prostate à Londres. Pendant sa maladie, le gouvernement refusa la demande de Aris pour rendre visite à sa femme mais permettait à Aung San Suu Kyi d’aller le voir si elle le souhaitait. Elle refusa, ayant peur de ne pas pouvoir revenir dans son pays si elle partait. Elle sacrifia et continue de sacrifier ainsi sa vie de femme, sa vie de famille à la cause birmane, pour la paix, la démocratie et le peuple Birman. On doit ainsi saluer son courage, son dévouement, et sa ténacité face à l’injustice qu’elle veut remplacer par la démocratie. Elle continuera de sa battre jusqu’au bout pour la liberté de son pays.
Le lien : http://www.dassk.com/
Le saviez vous ?
• Elle s’est fait connaître du grand public en recevant le prix Nobel de la paix en 1991 pour ses actions non violentes. Avec l’argent du prix (1,3 millions de dollars), elle crée un fonds pour un système de santé et d’éducation populaire
• En 2007, elle fut classée comme la 71e femme la plus puissante au monde par le magazine Forbes.
• Le 22 septembre 2007, l’opposante birmane assignée à résidence depuis 2003, est exceptionnellement sortie brièvement en pleurs de sa maison à Rangoon pour saluer des moines bouddhistes qui manifestent contre la junte militaire, pour la cinquième journée consécutive.
• En 1990, elle reçoit le Prix Rafto pour les droits humains, puis en 1991 successivement le Prix Sakharov pour la liberté de pensée, Le prix Olof Palme pour les droits de l’homme lui a été octroyé en 2005.
• Le groupe rock irlandais U2 lui a dédié la chanson « Walk On », un film sur sa vie a été réalisé par le cinéaste John Boorman (Au-delà de Rangoon, 1995), et 57 dirigeants ou ex-dirigeants politiques -entre autres Bill Clinton, Benazir Bhutto, Jimmy Carter, Vaclav Havel, Jacques Delors,…- ont adressé en mai 2007 une lettre au chef de la junte birmane, le général Than Shwe, pour exiger la libération immédiate du « seul lauréat du prix Nobel de la paix emprisonné au monde ».
• L’un de ses discours les plus connus est le « Libérez-nous de la peur », qui commence ainsi : « Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur. La peur de perdre le pouvoir corrompt ceux qui le détiennent, et de la même manière, la peur du fléau que représente un pouvoir corrompu corrompt ceux qui sont sujets à ce pouvoir. «
• Vendredi 12 octobre place de la République, une photo géante du Prix Nobel de la paix birmane, Aung San Suu Kyi a été dévoilée en présence du Maire de Paris et de personnalités politiques, de gauche comme de droite, tous venus rendre hommage à la militante assignée à domicile depuis 1990.
Bibliographie (4 livres référence):
« Se libérer de la peur« , Aung San Suu Kyi, Edition des Femmes, 1991.
« Se libérer de la peur rassemble les textes et discours politiques d’Aung San Suu Kyi durant la période où elle a pris la tête du mouvement démocratique birman, entre Août 1988 et Juillet 1989. Quatre essais, plus anciens, les précèdent : une biographie de son père, Aung San, héros de l’Indépendance birmane, une présentation historique de son pays, et deux études sur l’histoire intellectuelle de la Birmanie.La dernière partie est consacrée à la vie d’Aung San Suu Kyi. Deux de ses amies, Ma Than E et Ann Paternak Slater, témoignent de son précoce éveil politique. Deux spécialistes de la Birmanie, Joseph Silverstein et Philip Kreager, expliquent son immense contribution à la lutte non-violente de son peuple. Michael Aris, mari d’Aung San Suu Kyi, a réuni et présenté les textes qui composent ce recueil. La publication en France de Se libérer de la peur est un geste de solidarité qui vise à intensifier la mobilisation internationale pour obtenir la libération de Aung San Suu Kyi. »
« Aung San Suu Kyi, demain la Birmanie » de Jean-Claude Buhrer et Claude B. Levenson, Editions Philippe Picquier, 2007.
« Si vous voulez savoir la vérité sur une des dernières dictatures militaires au monde, la Birmanie. Cet ouvrage commence par une biographie d’une des plus grandes figures du XXéme siècle, prix Nobel 1991, Aung San Suu kyi. Son destin est lié à celui de la Birmanie, là-bas tous la connaissent et l’aiment, non ils l’adorent. J.C. Buhrer et C.B. Levenson ont rencontré la Dame et nous livrent ici des nouvelles des plus récentes étant donné qu’ils sont parmi les derniers journalistes étrangers à l’avoir interviewée. Outre l’histoire d’une femme, c’est celle de l’opposition, de la démocratie. Cela pour déjà remplir des centaines d’ouvrages, mais ce n’est qu’un chapitre… »
Pour complèter :
« Nationalisme et littérature en Birmanie« , Aung San Suu Kyi, Editions Olizane, 1996.
« Aung San Suu Kyi, le jasmin ou la lune« , Thierry Falise, Editions Florent Massot, 2007.
No Comments