Plus connu comme réalisateur de documentaires, Nick Broomfield signe avec « Battle for Haditha » une oeuvre à part dans la longue liste des films de guerre.
Ce film aurait pu s’intituler « Le massacre de Haditha ». En effet, il n’y eu pas vraiment de bataille ce 19 novembre 2005. Après l’explosion d’un de leurs blindés qui tua un soldat et en blessa deux autres, les soldats américains tuèrent 24 civils Irakiens en représailles. Le premier communiqué officiel américain présentant les villageois comme des insurgés n’a pas résisté longtemps aux enquêtes des journalistes puis à celle de l’armée. Finalement, les soldats mais également des officiers seront donc jugés pour ce crime de guerre.
Le film est donc basé sur des faits réels et sur une enquête approfondie, le metteur en scène s’étant entretenu avec le principal responsable du massacre ainsi qu’avec plusieurs soldats américains présents ce jour-là. Il a voulu ajouter au réalisme du film un casting composé d’anciens marines et de réfugiés irakiens en Jordanie où a été tourné le film. L’acteur principal, Elliot Ruiz, s’est engagé à 17ans -comme son personnage- pour fuir les ghettos de la banlieue de Philadelphie et a apporté son expérience personnelle dans certaines actions et dialogues improvisés.
« Battle for Haditha » montre le destin croisé de la garnison américaine, des poseurs de bombe et des villageois martyrs. Ceux-ci sont montrés sous un jour vraiment humain, avec un couple très amoureux et une circoncision qu’ils fêtent malgré la bombe dont ils ont deviné la présence. Celui qui la pose est un ancien soldat de Saddam Hussein, qui, déçu par les américains, se vend aux intégristes dont il ne partagera pas la joie devant l’aubaine que représentent ces martyrs pour leur propagande. Quant aux soldats américains issus des couches pauvres et des minorités ethniques, ils montrent des signes de paranoïa et finissent par craquer car ils vivent reclus et sont constamment mis sous pression par les attentats et leur état-major.
Bien accueilli dans plusieurs pays du moyen orient, ce film plutôt dérangeant sortira au mois de mai aux USA. Il a reçu en 2007 le Prix de la mise en scène au Festival de San Sebastian, ainsi que le Prix du public au Festival du film d’histoire de Pessac. Mais même si le réalisateur a voulu faire un film humaniste et optimiste, on ne peut, en le voyant, que s’inquiéter du sort des irakiens, quelque soit l’issue de ce conflit…
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