Petite entreprise traditionnelle de luxe au début du XXème siècle, Prada est devenue un véritable empire en une vingtaine d’années. Mais qu’est-ce vraiment ? Et qui a réussi à créer et à gérer ce qui est aujourd’hui une des plus grandes maisons de luxe, connue et reconnue internationalement ?
Prada, c’est avant tout… Miuccia Prada.
Jeune diplômée en sciences politiques, elle reprend l’entreprise familiale en 1970. Au début du XXème siècle, ce n’était qu’une petite maison milanaise de maroquinerie créée par Mario Prada, grand-père de Miuccia. Petite entreprise, mais qui ne confectionnait ses produits qu’avec des matières de luxe et en utilisant des techniques sophistiquées.
C’est ainsi que la jeune Miuccia, passionnée de mode, reprit le flambeau. Elle travailla dans l’unique boutique située à Milan et créa des accessoires de cuir exclusifs, tout en respectant les traditions familiales.
Remplie de contradictions, la jeune fille baba cool, inscrite au parti communiste italien et embrigadée par le « fashion gourou », commence une carrière de mania de la mode. Mais ne le lui dites pas, elle ne le sait pas encore.
Mais Prada, c’est aussi… Patrizio Bertelli
Patrizio Bertelli, c’est la moitié de Miuccia Prada ; Implacable et à l’exigence incomparable, il devient très vite le PDG de l’entreprise Prada. Véritable homme d’affaires, ce Toscan d’origine est connu comme intuitif, mais aussi redoutable, on dit de lui qu’ « il fonctionne au défi ». Il crée sa propre entreprise en 1967 produisant des ceintures et des sacs en cuir de qualité. C’est alors qu’en 1977, il a la joie de rencontrer Miuccia Prada, alors âgée de 27 ans. Grâce à ce rapprochement, il signe un contrat de production d’accessoires sous le label Prada. Contrat qui permettra à Prada de s’étendre dans le monde entier. La petite entreprise devient grande. Le couple se marie, et c’est la chevauchée fantastique destination l’empire Prada. Un coup d’éperon dans le flanc de la machine, elle marche, puis trotte, et depuis, elle ne cesse de galoper.
Et c’est aussi… un empire
« Dans les années 1980, on nous regardait bizarrement à cause de notre association styliste et chef d’entreprise », déclara alors Patrizo Bertelli. Car il s’agit bien du mariage étrange entre une amoureuse du vêtement, et un redoutable fabricant de maroquinerie : acide mélange de bon goût.
Alors que Miuccia Prada supervise tout ce qui est création, Patrizio Bertelli gère et protège son nouveau territoire en pleine expansion. Miuccia, grande rêveuse pleine de contradictions, désire retrouver une petite boutique artisanale, elle confie qu’elle « ne veut pas être impliquée dans la stratégie. Son mari doit être libre dans son job. S’il prétend lui imposer des décisions, à l’arrivée, elle a le dernier mot. » Oui, la société s’appelle Prada, et bien que Patrizio Bertelli en soit le PDG et qu’il gère la société, c’est Miuccia et sa créativité qui apportent la réussite. Ainsi, dans les années 1980 et 1990, les ventes explosent. Et cette année, la créatrice a été inclus parmi « les trente femmes les plus puissantes d’Europe » par le Wall Street Journal, avec en 2006 un Chiffre d’Affaires de 2,5 milliards d’euros, ou environ 6 millions de paires de chaussures. Le rêve non ?!
Alors qu’est-ce que Prada ? Prada, c’est des vêtements, des sacs, des chaussures, des lunettes, du parfum et le tout pour homme, pour femme. Ce sont des produits que l’on peut trouver en Europe, en Amérique du Nord, du Sud, en Asie ou en Océanie.
Prada n’est pas seulement une marque, non, Prada est aussi un groupe. C’est Miu miu, marque plus jeune à l’image de Miuccia Prada et aux prix plus abordables. C’est aussi, Fendi, marque réputée pour ses fourrures ; Azzedine Alaïa, la maison de mode française…
La question serait, mais qu’est-ce que Prada n’est pas ? Laissez-moi réfléchir quelques instants, et je vous réponds plus tard.
Surprenant mais vrai, c’est aussi… une fondation d’art contemporain
Passionné d’art contemporain, le couple crée la Fondation Prada. Chaque année, ils présentent les œuvres d’un artiste de renommée internationale. Tout particulièrement sensible à l’art, à la créativité, à l’esthétisme, Miuccia Prada, offre ainsi l’opportunité à la ville milanaise de découvrir des artistes internationaux, mais elle montre aussi de cette façon, son ouverture d’esprit et son originalité que l’on avait déjà remarquées et intégrées lors de ses nombreux défilés.
Art et mode sont étroitement liés, ci-dessus, un extrait du book de la collection automne-hiver : http://www.prada.com
Car Prada, c’est surtout… de la mode
Prada c’est le chic italien. Auparavant, la marque avait l’image d’un vêtement difficilement accessible, car de luxe, chic et traditionnel. Cependant, la parution du livre le Diable s’habille en Prada de Lauren Weisberger, a redoré l’image de la marque, et l’a remise au goût du jour. Car oui, Prada, c’est chic, mais c’est original, et jeune. Prada s’adapte à chaque client : ses produits sont accessibles aux personnes de 7 à 77 ans. Mais surtout le livre a lié la marque à une femme active à la tête d’un empire. Bien que l’histoire parodie Anna Wintour , dirigeante du « Vogue » américain, certaines caractéristiques du personnage de la directrice du magazine, telles que l’âge, le chic et l’exigence rappellent le charisme de Miuccia.
La marque Prada, c’est une collection des défilé et c’est une ligne de sport symbolisée par la désormais célèbre ligne rouge. Prada sait garder son image, sa qualité, tout en innovant chaque année. Les chaussures, les vêtements, et les sacs osent tout, les couleurs, les dégradés, le cuir, la fourrure, les strass, les plaques de métal, le satin, les talons de 12 centimètres…
D’où vient cette originalité permanente et récurrente ? Tout simplement de l’intelligence et de l’exigence de Miuccia Prada, qui décida de choisir toutes les deux saisons un nouveau styliste tout juste diplômé. Un jeune styliste qui a par conséquent des idées nouvelles, fraîches et originales. Cruelle caractéristique des désirs de Miuccia, qui offre une opportunité à un jeune styliste, mais qui les licencie aussi vite qu’elle les a engagés.
Prada, c’est aussi Miu Miu, jeune marque à l’image de sa créatrice, plus excentrique et plus colorée, tout comme ses campagnes publicitaires. Le groupe sait faire des campagnes mystérieuses, dans lesquelles le sourire n’est pas roi, et où la provocation implicite est parfois présente. La marque, plus abordable, n’est pas souvent reliée à la marque Prada, mais sa qualité est celle d’un produit de luxe, et ce lien étroit si peu souvent décelé, est la preuve de la capacité d’originalité et d’innovation du groupe Prada.
Prada est un empire, mais c’est surtout une immense entreprise d’art, l’art de la haute-couture et l’art contemporain, car ses campagnes publicitaires sont de véritables œuvres, tout comme les books de ses défilés. Rien n’est négligé et le détail n’est pas secondaire. Mais il s’agit aussi d’un empire dont le PDG, bien qu’homme d’affaires évidemment efficace, n’a finalement pas d’impact sur les collections.
Prada s’envole, pourquoi ? Il est très probable que Lauren Weisberger ait joué un grand rôle dans ce succès bien sûr préexistant, mais récemment renforcé. Originalité et classe caractérisent les collections Prada, la marque ne s’essouffle pas et l’entreprise est gérée par quatre mains de maîtres : la créativité et l’intuition d’une femme, et l’intransigeance d’un homme.
Pour répondre à la question qui a été posée plus haut, évidence est de dire qu’il n’existe pas de nourriture Prada, mais au train où vont les choses, ça risque de ne pas tarder. La machine ne cesse de galoper, mais après le galop qu’y a-t-il ?
* Cahier de vacances 2010 – Article initialement publié le 5 décembre 2007
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