« N’acceptez aucun compromis. Vous êtes tout ce que vous avez. » Cette phrase bien connue de son auteur, la mythique Janis Joplin, nous introduit immédiatement le personnage de cette chanteuse rock hors du commun, égérie des sixties, des luttes inhérentes à cette époque et première femme vedette de l’histoire du rock.
Janis Joplin, c’est aujourd’hui une voix intemporelle, une voix grave reflettant une certaine souffrance à l’image des chanteurs noirs dans les champs de coton américains.
Janis, c’est le symbole de toute une époque, une musique qui reflète celle-ci, une société bouleversée et bouleversante.
Janis Joplin, une artiste rebelle dans l’âme…
« je suppose que vous êtes en train d’écrire un article sur moi, mec. Baisez la réalité ».
Janis est née le 19 janvier 1943 dans la ville de Port Arthur au Texas, une ville et une région assez réfractaires aux idéaux des sixties. Elle grandit en écoutant des musiciens de blues comme Bessie Smith ou Big Mama Thorton. Elle est initiée à la musique par ses parents, et chante notamment dans la chorale de l’école. Très tôt, elle s’engage en faveur des Noirs, dont l’intégration constitue alors l’un des thèmes majeurs d’affrontement au sein de la société Nord-Américaine et c’est cela qui lui apporte un goût prononcé pour leur culture musicale. Cependant son premier amour n’est pas la musique mais la peinture, qu’elle abandonnera pourtant au profit de la musique. Janis est une artiste complète. C’est pourquoi, adolescente, elle commençe à se produire dans les clubs folk de Houston et Austin. Rapidement, elle fonde le groupe de Bluegrass Waller Creek Boys avec R.Powel St John, rencontré peu de temps auparavant. C’est au lycée qu’elle commençe à chanter du blues et du folk avec des groupes d’amis. En 1960 elle entre à l’université, ce qui ne sera en fait qu’une brève passade puisqu’elle n’obtiendra aucun diplôme mais continuera àchanter avec des groupes d’amis. Son bref passage à l’université ne l’empêchera pas de se faire tout de même remarquer en se faisant notamment élire « le garçon le plus laid » du campus…
Personnage atypique qui marque les esprits. Janis cultive son comportement rebelle et dit « libéré » pour l’époque.
Tout commence réellement lorsqu’elle quitte sa petite ville de Port Arthur, qui n’apprécie pas beaucoup son originalité, pour la grande ville de Los Angeles. Mais elle ne s’y plaît pas et quitte ce Texas trop enclin au conservatisme sudiste à son goû tet s’installe finalement à San Francisco en 1963. Elle a alors 20 ans et plein de fougue à revendre.
Cependant Janis possède également une personnalité complexe et dépressive, c’est pourquoi à cette époque elle augmente sa consommation de drogue, plutôt anodine au début. Elle devient vite accro au « speed » et va consommer occasionnellement de l’héroïne, à cela s’ajoute l’alcool qu’elle consomme également énormément et notamment une boisson reconnue comme étant sa favorite : le « Southern Comfort », une liqueur forte de Louisiane.
On dit souvent que la souffrance est le moteur des vrais artistes, cela semble vrai en ce qui concerne Janis Joplin. Son attitude rebelle se révèlera également sur scène, une attitude agressive même parfois à l’égard du public et comme l’a écrit sa sœur dans son livre Love, Janis à l’opposé de sa vrai personnalité en réalité timide, sensible et très attachée à sa famille.
Janis Joplin… une voix mythique
« Sur scène, je fais l’amour à 25 000 personnes. Après, je rentre à la maison, seule. »
A San Francisco Janis multiplie les petits boulots et déménage souvent dans San Francisco. Elle réussit finalement à se faire embaucher au North Beach Coffee Shop, où elle chante régulièrement en compagnie d’autres artistes qui influenceront sa musique. Parmi eux se trouvent Jorma Kaukonen et David Crosby. Elle se fait alors repérer par le manager du groupe Big Brother and the Holding Company, Chet Helms, et rejoint alors le groupe surtout populaire auprès de la communauté hippie. Ils enregistrent un album éponyme en 1967 mais le succès n’est pas au rendez-vous. Elle loge désormais avec le groupe dans le quartier hippie de Haight Ashbury, où sont réunis d’autres figures importantes de l’époque, telles que Grateful Dead, Quicksilver Messenger Service et Jefferson Airplane.
Le succès du groupe commence au festival pop de Monterey en juin 1967 devant plus de 70 000 personnes où Janis, sur une version de « Ball and Chain » de Big Mama Thorton, réussit une performance vocale exceptionnelle et très remarquée. Le groupe attire l’attention du célèbre impresario de CBS Albert Grossman, qui prend le groupe sous son aile l’année suivante. C’est ce concert qui fait réellement décoller la carrière de la chanteuse, notamment grâce à la reprise de son idole. Ce succès permet à Big Brother d’enregistrer « Cheap Thrills », où l’on retrouve les reprises d’Emma Franklin « Piece of my heart » et George Gershwin « Summertime ». C’est une fois de plus un énorme succès, avec plus d’un million d’exemplaires vendus en un mois, et qui fait de Janis l’une des plus grandes stars de la chanson de la fin des années 1960.
Après ce succès, Janis souhaite s’envoler vers une carrière solo et s’accompagne du guitariste Sam Andrew. Elle continue tout de même de collaborer avec d’autres groupes comme les Kozmic Blues et enregistre en 1969 l’album soul et rythm’n blues « I got dem ol’Kozmic Blues again Mama ». Les titres « Try » et « Work me Lord » font un triomphe qui pourtant provoque la fin du groupe à cause de la critique qui préfère Janis aux autres membres. La même année, elle participe au festival de Woodstock. Après cela Janis forme un autre groupe : le Full Tilt Boogie Band avec lequel elle enregistre « Pearl », son surnom car elle portait un boa rose et pleins d’accessoires tape à l’œil, en 1970 qui sortira après sa mort.
Succès et overdose…
« S’il n’y avait pas eu le blues, je me serais sans doute envoyée sous terre ».
Pendant l’enregistrement de Pearl, Janis Joplin décède à l’âge de 27 ans d’une overdose le 4 octobre 1970, même si aucune seringue n’a jamais été retrouvée sur les lieux du décès. Elle est retrouvée morte dans sa chambre d’hôtel de Santa Monica, seule. Janis était de plus en plus dépendante à l’héroïne, ce qui l’éloignait du monde réel.
L’enregistrement du disque n’est pas complètement terminé mais il sort tout de même l’année suivante. L’album devient vite le plus vendu de sa courte carrière grâce à certains tubes comme « Me and Bobby McGee » et le chant à capella « Mercedes Benz ». Son dernier enregistrement complet est un chant d’anniversaire pour John Lennon le 1er octobre 1970 qui n’arriva à destination qu’après sa mort. On peut voir ses dernières apparitions publiques dans l’émission télévisée The Dick Carvett Show, le 25 juin et le 3 août 1970. Des albums posthumes, et notamment des live, suivront, ainsi qu’un film sorti en 1980 en hommage à la chanteuse, « The Rose » de Mark Rydell, avec Bette Midler dans le rôle de Janis Joplin.
Janis Joplin n’est enterrée nulle part. Elle a été incinérée au cimetière de West Wood en Californie et ses cendres ont été dispersées du haut d’un avion dans l’Océan Pacifique. Quinze jours plus après cette cérémonie, une grande fête rassembla tous ces amis selon les souhaits de la chanteuse. Sur les invitations était écrit »drinks are on Pearl » (les boissons sont offertes par Pearl, son dernier album et son surnom). Cette album contient d’ailleurs une version instrumentale intitulée « Buried Alive In The Blues » (Enterrée vivante dans l’océan bleu)…
Janis Joplin reste la plus grande chanteuse blanche de tous les temps. Elle reste également le symbole des Sixties, « son style de vie et ses accoutrements bizarres révolutionnèrent le pays ». Elle a bouleversé le monde de la musique et plus particulièrement celui du rock surtout masculin et imposé son originalité féminine. Elle est souvent comparée à des mythes musicaux tels que Jimi Hendrix et Jim Morrison car ils sont morts à 27 ans tous les trois en abusant des drogues après une courte mais fulgurante carrière. Le destin de Janis Joplin et surtout sa voix restent gravés à tout jamais au cœur de l’histoire musicale.
Discographie :
De son vivant :
* 1967 : Big Brother and the Holding Company
* 1967 : Light is faster then sound
* 1967 : Live at Monterey
* 1968 : Cheap Thrills
* 1969 : I got dem ol’kozmic blues again mama!
* 1969 : Live in Woodstock
* 1969 : Live texas
* 1969 : Summertime, live in amsterdam
Après sa mort :
* 1971 : Pearl
* 1972 : Joplin in concert
* 1973 : Janis Joplin’s greatest hits
* 1974 : Early performances
* 1974 : Soundtrack from janis movie
* 1975 : Janis
* 1982 : Farewell song
* 1984 : Cheaper thrills
* 1993 : Janis
* 1995 : 18 essential songs
* 1997 : Absolute Janis
* 1998 : Live at Winterland ’68
* 1999 : Rare pearls
* 2001 : Love, Janis
A écouter :
« Ball and Chain »
« Mercedes benz »
« Piece of my heart »
« Work me lord »
« Tell Mama »
Extraits de ces morceaux à écouter sur ce site :
http://www.janis-joplin.fr/index.php?module=discographie
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