Philippe JAENADA est né le 25 mai 1964 à Saint-Germain-en-Laye et vit à Paris. Après avoir fait des études scientifiques jusqu’à l’âge de 20 ans, puis un début d’école de cinéma, il fait divers boulots avant de tout arrêter en en 1989 il s’enferme chez lui et commence à écrire des nouvelles par hasard. L’une d’entre elles paraît en 1990 dans le mensuel « l’Autre Journal » où il travaille durant deux ans en écrivant des textes, des nouvelles, des chroniques etc.. Après l’arrêt du mensuel, il continue à écrire, et en 1994, il rédige son premier roman « le Chameau Sauvage » qui est publié en 1997. Ce roman qui raconte sa vie aventureuse et naïve, est adapté au cinéma par Luc Pagès en 2002 sous le titre » A+ Pollux ».
Crédit photo : Sophie Adriansen
Biographie :
Editions Julliard : « le Chameau Sauvage » en 1997, « Néfertiti dans un champ de sucre » en 1999, « la grande bouche molle » en 2001, « Sulak » en 2013
Prix :
Prix de Flore en 1997 pour « le chameau sauvage »
Prix d’une Vie, du Parisien Magazine, Prix Marguerite Puhl Demange, Prix Claude Chabrol et le Prix des Lycéennes de Elle pour « Sulak ».
Les sept premiers romans de Philippe Jaenada parlent de lui, ce sont des fictions sur fond autobiographique. Dans ses romans, les personnages de Philippe Jaenada sont des héros timides, maladroits, ou naïfs, qui boivent. Philippe Jaenada aime les gens fragiles, bancals. Il réussit à écrire de manière légère et détournée des choses profondes, désespérées et douloureuses, en maniant l’humour, et en séduisant le lecteur au travers de sa plume. Il a une écriture fluide, dans le souci du détail, et va en profondeur dans ses personnages, pour en ressortir des récits touchants. Philippe Jaenada a le souci d’une écriture aboutie, d’un texte qui tient son lecteur tout au long du roman et surtout d’une grande tendresse et d’un humour qui font de lui un écrivain à lire inévitablement.
« Sulak » est un roman biographique sur Bruno Sulak, gentleman cambrioleur, fascinant et audacieux, roi de l’évasion, ennemi public n°1 dans les années 1980, dont les braquages spectaculaires et les évasions rocambolesques suscitaient l’admiration du public, et faisaient la une des journaux de l’époque.
Bruno Sulak est né en 1955 dans une famille classique, il grandit à Marseille, c’est un enfant équilibré, sportif et doué pour tout, très vite il s’ennuie à l’école et rencontre brièvement des voyous. Puis il s’engage dans la légion, et déserte. Dans son parcours, Bruno Sulak, a poursuivi les révoltes souterraines de son père et grand père, émigré polonais. Une série d’évènements vont le détourner du droit chemin, et de vols de caisses de supermarchés, il va braquer des bijouteries, sans jamais avoir recours à la violence et au sang. Beau, séducteur, gentil, généreux, il rencontre Thalie, jeune fille qui participera à certains vols à mains armée, au volant d’une simca, et sera également accompagné du fidèle Steve, son complice dont il est très proche. Espiègle, Bruno Sulak sympathise avec le commissaire Moreas à qui il téléphone après chaque braquage et dont il enregistre les messages.
Dans le récit, Philippe Jaenada évoque Bruno Sulak dont il décrit le sens de la fidélité et de l’amitié, le sens des valeurs et la soif de justice et de liberté, une sorte de héros positif avec une fin tragique. Après une longue enquête minutieuse, fouillée, des rencontres avec la famille de Sulak, ses amis, le commissaire Georges Moreas, après avoir lu le livre que sa soeur lui a consacré, Philippe Jaenada raconte la vie flamboyante et courte d’un jeune homme épris de liberté, révolté par l’injustice, qui a su ajouter de l’élégance et de l’humour au vol, un braqueur qui n’a jamais tué personne et qui avait une grande maîtrise de lui même, et qui, jusqu’au bout ne dénonça jamais ses complices. Sa dernière incarcération à Fleury Mérogis lui fut fatale, son ultime tentative d’évasion tourna à la tragédie, et suscite encore aujourd’hui la polémique.
Philippe Jaenada évoque le destin, les hasards et le basculement d’une vie. C’est un roman émouvant, et haletant, dans lequel l’auteur a su décrire la vie passionnante de Sulak, avec tendresse et ironie. Le récit de Philippe Jaenada est très intéressant, car très bien écrit, dans le souci du détail, fidèle à la réalité de l’histoire, dont la construction et la manière de raconter en font une oeuvre littéraire à part entière à lire absolument, et dans laquelle l’auteur a dressé le portrait d’un gentleman braqueur qui avait du panache et de l’élégance.
« Je sais que je ne changerai rien mais j’irai malgré tout jusqu’au bout de mes convictions. Je hais la violence à un tel point que je me suiciderais si je n’avais pas l’impression que ce serait leur faire trop plaisir. Alors, cette société bâtie sur la violence, j’en userai, mais à ma façon, seulement à ma façon. Il y a des raisonnements de vie que je ne comprends pas mais que je respecte. Pour chacun. Je ne me situe nulle part dans cette société. Le fric, la vie, je m’en fous. Je n’ai aucune cause à défendre. Elles sont toutes vaines car de toute façon, c’est toujours le plus fort qui gagne. Comme je ne puis l’être, je vais simplement vivre comme je l’entends. »
[Lettre écrite par Bruno Sulak à sa famille après une évasion -juin 1980]
No Comments