Trois ans après Tantale, le groupe québecois Monogrenade revient avec Composite, un album soigné et qui invite à la rêverie.
Monogrenade vient du Québec. Jusque-là, rien d’extraordinaire, tant la Belle Province apporte régulièrement son lot de talents divers (et d’hiver). Là où les six comparses se distinguent, c’est par la douceur et le raffinement de leurs mélodies. Il suffit d’écouter le morceau final, Le Fantôme, à la chute symphonique, pour s’en convaincre. Celui-ci mêle percussions et cordes avec virtuosité. Plus qu’un album classique, Composite plonge l’auditeur dans une ambiance onirique faite de voix en sourdine et d’arrangements complexes. Nous avons rencontré Jean-Michel Pigeon, le fondateur du groupe et Julie Boivin, violoniste (entre autres).
SMB : Si vous deviez vous présenter en quelques mots… ?
Jean-Michel : On est un groupe québécois, pop-folk-rock-électro… Orchestral !
Marie : C’est toujours difficile de se placer dans des cases. On est un groupe de six.
SMB : Si vous deviez présenter ce nouvel album en quelques mots… ?
J-M : Il est plus conceptuel que notre précédent album. Cette fois, les chansons parlent toutes de relations entre divers types de personnes. On y a ajouté un son rétro futuriste. Le côté électro n’est pas à prendre dans le sens où on l’attend habituellement quand on parle du genre musical.
SMB : Pouvez-vous nous parler de vos débuts sur scène ?
J-M : Ca remonte maintenant assez loin. Il y a cinq ans, j’étais parti dans un chalet pour enregistrer des maquettes avec une amie. Finalement, j’y ai aussi écrit des morceaux, qui m’ont amené sur scène avec de vieux amis. Ensuite, on a sorti un premier EP qui s’intitulait la Saveur des fruits. Dans la foulée, on a fait les Francouvertes de Montréal, ce qui nous a amenés à signer avec le label Bonsound, pour notre premier album Tantale. C’est là qu’a vraiment commencé Monogrenade. Et par la suite, on a fait un vrai spectacle avec tout ça.
SMB : Le deuxième album est toujours un cap difficile. Comment l’avez-vous passé ?
J-M : C’est vrai qu’il y a toujours une attente à la suite d’un premier album. Il faut bien dire qu’on était plus nerveux à la sortie de Composite. On a simplement pris notre temps, pour proposer quelque chose de différent.
SMB : Composite donne l’impression de monter doucement en puissance. Est-ce que le calme du Québec a influencé cela ?
J : Ca teinte, quelque part. J’habite à six heures de Montréal, où c’est en effet calme. Mais je n’irais pas jusqu’à dire qu’on fait de la musique zen !
J-M : En effet, je ne dirais pas que c’est de la musique zen, malgré la voix douce et les cordes. On n’est pas des personnes douces !
SMB : Avez-vous pensé à la scène en composant cet album ?
J-M : Non, je n’y pense pas en composant. Mais la scène est toujours un défi, parce que notre musique s’assemble assez difficilement sur scène. C’est assez compliqué à manier, notamment pour placer une voix assez douce avec des drums très présents.
J : C’est notamment difficile pour les cordes. En formation classique, on a l’habitude de s’écouter les un les autres pour se placer. Pas que ça vienne d’un ampli. Je n’étais pas surprise parce que j’avais déjà joué dans ce genre de contexte mais ce n’était pas forcément le cas des deux autres cordes du groupe.
SMB : Quels sont les albums qui traînent sur tes étagères et que tu as en tête lorsque tu composes ?
J-M : Quand je compose, je ne pense pas à la musique que j’écoute. J’écris tout seul et je me laisse guider par le hasard. Par exemple, sur Composite, il y a des chansons que j’avais ébauchées à l’âge de vingt ans. Et l’arrivée du synthé est un hasard, il y en avait beaucoup dans le studio où on a enregistré et j’ai voulu expérimenter.
SMB : Notre magazine s’appelle Save My Brain… Sauver les cerveaux. Comment peut-on le faire ?
J-M : Avec des drums psychédéliques !
J : Juste avec de la musique. Et du yoga.
J-M : Il faut être ouvert d’esprit. Si on reste replié sur soi-même, on ne peut pas comprendre ce qui se passe autour. Il ne faut pas avoir peur d’essayer.
SMB : Pouvez-vous nous parler de vos derniers coups de cœur culturels ?
J : J’ai beaucoup aimé un livre de Robert Walser, la Promenade. C’est autobiographique, il décrit ce qu’il voit lors d’une promenade. C’est simple mais beau. Puis en ce moment, j’ai un trip sur Bat for Lashes.
J-M : C’est un peu de la musique de chevalier, ça !
J : Oui, c’est vrai que c’est épique.
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