Drôle d’idée de sortir un album intitulé Yellow Leaves à la sortie du printemps… Malgré ce timing bizarre, le deuxième opus de June & Lula confirme tout le bien que l’on pensait d’elles.
Deux voix de femmes qui se marient ensemble… La recette n’est pas nouvelle mais elle n’est pas simple à faire fonctionner. Chez June & Lula, l’association semble rodée : les deux timbres s’entremêlent avec grâce, au tempo d’arrangements soignés. Pour preuve, on ne s’ennuie pas à l’écoute de l’album, pourtant porteur d’un même style de la première à la dernière piste.
Toutefois, les filles ont trouvé le moyen de mettre le bazar dans leur musique, en invitant Dick Annegarn. Sur le titre Billy, le chanteur néerlandais ajoute son intonation si particulière, enrichissant le duo sans le détraquer.
A écouter : Old Man Town, Revert to the wild, Billy, Clap your hands, No More, Final de Suzanne
Save My Brain : Si vous deviez vous présenter en quelques mots… ?
Tressy : Nous sommes un duo de deux chanteuses dont une joue de la guitare. Notre travail porte sur l’accord entre nos deux voix, qu’elles soient en harmonie ou en dissonance.
Céline : Et on attache une importance à ce que racontent nos textes. Ce sont tous des sujets qui nous touchent, qui ont une signification pour nous.
SMB : Pouvez-vous nous raconter vos débuts sur scène ?
C : Ca a commencé à la terrasse de cafés parisiens, dans la rue.
T : puis en province
C : On a fait une sorte de tour de France des cafés à touristes
T : Puis on a joué dans les bars parisiens, il n’y a rien de tel pour se forger. Ce n’est pas un public facile, les gens parlent… Dans les salles de concerts qu’on a fréquenté ensuite, c’était bien plus simple !
SMB : Plutôt scène ou studio ?
C & T : La scène !
C : Nous faisons une musique qui se vit…
T : Oui, le studio, c’est un autre exercice !
SMB : Comment avez-vous abordé ce deuxième album ?
T : C’était assez différent du premier, difficile de se remettre dans le coup…
C : Pour la composition du premier album, c’était vraiment complètement nous. On compose tranquille dans sa chambre, on joue à la terrasse des cafés… Sans penser à la suite. Arrivé au deuxième, c’est plus compliqué, c’est différent. On est sous pression et on ne peut s’empêcher de penser que des gens nous ont écouté et nous écouteront. C’était nécessaire de se détacher, de faire une césure, de prendre des vacances avant de se plonger dans ce nouvel album. Il faut se sortir les gens de la tête, ne plus y penser.
T : On juge chaque nouvelle composition, et c’est difficile d’évoluer. Mais c’est un mal pour un bien, puisque ça nous oblige à aller plus loin. Au final, on a conservé notre patte de l’accord entre les deux voix. Et à chaque nouvelle chanson, on va un peu plus loin.
SMB : Certains thèmes vous tenaient à cœur ?
C : Il y a un gouffre entre ce qu’on veut faire et ce qu’on fait ! Sur ce deuxième album, les thèmes sont plus ouverts sur les autres : on parle notamment des roms, des sans abris, des traitements des animaux. Et on aborde moins l’homosexualité. L’hétérosexisme est tout de même au centre d’une des chansons.
T : Et les thèmes ne sont pas uniques. On fait par exemple le parallèle entre les mauvais traitements aux animaux et les femmes maltraitées.
C : On parle toujours de manière féministe même si ça ne ressort pas toujours de manière évidente.
SMB : Des reprises comme Brigitte, ça vous tente ?
T : Sur scène, ça nous est arrivé d’en faire. Pour l’album, on nous a proposé d’en faire mais ce n’est pas trop notre truc. On n’avait pas envie d’évincer nos compositions. C’est un plaisir qu’on réserve à la scène.
C : On est dans une démarche créative. Et si on veut faire une reprise, il faut qu’elle nous plaise à toutes les deux, ce qui n’est pas toujours simple ! Donc on ne le fait pas souvent, surtout si c’est pour simplement faire du buzz…
SMB : Quels sont les albums qui traînent sur vos étagères et qui vous ont bercés ?
C : Pour ma part il y I’m a bird now, d’Anthony and the Johnsons et Pink Moon de Nick Drake.
T : Je n’écoute pas beaucoup de choses… Mais il y a les Beatles. Revolver, Sergent Pepper… Beirut aussi. Puis Nina Simone, Ella Fitzgerald…
SMB : Quels sont vos projets à venir ?
C : En dehors de la tournée, prendre des vacances !
T : On n’a rien de prévu sur le long terme, en effet.
SMB : Notre magazine s’appelle Save My Brain… Sauver les cerveaux. Comment peut-on le faire ?
C : Il faut avoir confiance, les meufs ! Se battre pour prendre place, exister !
T : Arrêter la télé et prendre un bouquin.
C : Prendre l’espace public, sortir.
SMB : Quels ont été vos derniers coups de cœur culturels ?
T : Au ciné, ça a été l’Ecume des Jours. C’est mon bouquin préféré et je n’ai pas été déçue par l’adaptation. Sinon, Stoker, j’ai beaucoup aimé. C’est rare de sortir du ciné et de se dire qu’on a vraiment vu un bon film.
C : J’ai eu un énorme coup de cœur pour Keny Arkana. C’est une bonne sauveuse de cerveaux. Une meuf extra !
T : J’ai vu Ze Star en concert. C’est une enfant de chœur de Nina Simone et Jimi Hendricks.
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