« Le véritable lieu de naissance est celui où l’on a porté pour la première fois un coup d’œil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été les livres » (Les Mémoires d’Hadrien).
(1903-1987)
Interrogée en juillet 1976 sur son rapport à la création littéraire, l’écrivain, aujourd’hui de renom, Marguerite Yourcenar déclare que « la relation entre l’écrivain et ses personnages est difficile à décrire. C’est un peu la même qu’entre des parents et des enfants ». Curieuse déclaration pour celle qui n’a pas connu sa mère, morte dix jours après sa naissance en Belgique, et qui n’a elle-même jamais eu d’enfants.
La petite Marguerite a eu néanmoins, il est vrai, des relations très fortes avec son père, Michel de Crayancour, un homme très cultivé qui a eu sur elle une influence intellectuelle fondamentale. Il financera même sa première œuvre en 1921 Le jardin des chimères.
L’année du décès de ce père adoré, en 1929, la jeune Marguerite publie son premier roman Alexis ou le Traité du vain combat (L’histoire d’un mari avouant à sa femme son homosexualité, sujet plutôt moderne n’est-ce pas?…) et mène une vie de bohème voyageant à travers toute l’Europe, cherchant l’inspiration partout où elle peut comme elle le faisait auparavant avec son père. Elle visite successivement la Grèce, l’Italie et l’Europe Centrale.
Continuant à publier dans les années trente, elle prend le nom de plume de Yourcenar, qui n’est autre que l’anagramme de son nom Crayencour. Côté cœur, Marguerite est bisexuelle, elle aimera des hommes autant que des femmes et tombera même amoureuse d’un homosexuel André Fraigneau, écrivain et éditeur chez Grasset.
En 1939, alors que les rumeurs de guerre se précisent en Europe, elle s’installe aux Etats-Unis avec son amie Grace Frick. Et c’est à partir des années cinquante que vient le succès littéraire, avec Les Mémoires
d’Hadrien en 1951, ou encore L’œuvre au noir, prix Femina en 1968.
A la fin des années soixante-dix, Jean d’Ormesson décide de soutenir la candidature de Marguerite Yourcenar, écrivain désormais reconnue, à l’Académie Française, cette institution si profondément masculine voir misogyne. Après une intense campagne menée par l’académicien, et non sans quelques réticences de la part de certains immortels, Marguerite de Crayancour devient en 1980 la première femme admise sous la Coupole. A partir de ce moment, sa vie se partagera entre l’isolement de l’écriture et l’aventure des voyages, de périples autour du monde notamment avec son dernier compagnon Jerry Wilson.
Traductrice, essayiste, critique et écrivain de renom, Marguerite Yourcenar a toujours navigué à contre-courant de la littérature de son époque, perpétuellement à la recherche d’une esthétique parfaite, d’une forme de sagesse et en même temps d’une écriture audacieuse. Son style épuré mettant en valeur le récit avant tout. Inspirée par la philosophie gréco-latine, la pensée de l’écrivain s’est toujours inscrite dans le courant humaniste. Marguerite Yourcenar restera une femme libre jusqu’à la fin de sa vie en 1987 où elle meurt aux Etats-Unis, laissant une œuvre majeure et immortelle.
Bibliographie:
http://museeyourcenar.fr/fr/marguerite-yourcenar/bibliographie/
A lire:
Josyane Savigneau, Marguerite Yourcenar : l’invention d’une vie, Gallimard, 1990
Antoine Gavory, Marguerite Yourcenar : itinéraire d’un écrivain solitaire, Flagrant d’élie, 2008
A voir:
Documentaire «Sur les traces de Marguerite Yourcenar», réalisation : Marilù Mallet, 2011.
A visiter:
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