A la galerie du Jeu de Paume, le collectif France Fiction donne un regain d’honneur au jeu de billes, trop injustement infantilisé. Pourquoi cet amusement n’aurait-il pas le droit de briguer le rang aristocrate auxquels certains sports aspirent ?
Certains sports se la pètent. Le golf, le cricket, le polo… sont autant d’activités qui se pratiquent entre gens de bonne compagnie, au sein de clubs chichiteux à l’admission privée et à l’adhésion dispendieuse. Tout le contraire d’une partie de billes au fond d’une cour de récré. Le collectif France Fiction renverse cet état de fait.
La théâtralisation est le centre de l’installation du Billes-Club. En soi, les règles des jeux de billes sont aussi ancestrales que celles des sports de club. La différence vient du décorum qui l’entoure. Alors France Fiction met en scène des tapis de laine, des costumes pompeux, des armoiries à la gloire de la chiquenaude et tant d’autres fanfreluches héritées des sports nobles.
France Fiction fait passer la bille d’un innocent amusement enfantin à une activité grave, en tout cas sérieuse au point de revendiquer un cercle fermé. C’est par ce décalage que le Billes-Club fait mouche. Cette allégorie de l’aristocratie en fait ressortir toute la vanité : les jeux ne sont qu’un prétexte pour se retrouver entre gens de bonne compagnie, ne pas se mêler à la plèbe. Ils constituent en même temps une sorte d’avertissement de la suprématie d’une classe. Gentlemen, on joue désormais au golf dans les bidonvilles de Bombay…
L’installation court jusqu’au 25 septembre, entrée en combinaison avec les expositions de Claude Cahun et Santu Mofokeng.
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