Journaliste, historienne, écrivain, éditrice, philosophe, productrice, cette femme de lettres, engagée, féministe, qui aurait aimé être psychiatre, femme de culture, passionnée de littérature, de théatre, d’art et de cinéma, animatrice d’émissions à la télé et à la radio, est passionnée par l’écriture dont le sujet de prédilection sont les femmes célèbres ou pas.
Laure Adler tente d’être une « passeuse » en souhaitant parvenir à transmettre l’amour qui l’anime pour un livre ou pour un film. Au travers de ses écrits, on ressent ce plaisir particulier, en tant que biographe, à écrire sur les femmes, en particulier. Par ses recherches minutieuses, son travail d’analyse, sur le terrain, Laure Adler transmet cette passion dont le livre laisse une trace.
Fervente féministe engagée depuis la naissance du MLF (Mouvement de Libération des Femmes) au début des années 1970, Laure Adler défend la possibilité pour les femmes d’accéder à une véritable égalité en termes de responsabilités, de reconnaissance et de dignité.
Cette femme émotive, qui aime la tendresse et la loyauté chez l’être humain mais déteste la dissimulation et la trahison, a pour héros dans la vie, toutes les femmes et tous les hommes qui se sont engagés dans la résistance pendant la seconde guerre mondiale et qui ne sont pas assez reconnus, elle aurait aimé ressembler à Flora Tristan, révolutionnaire du XIXème siècle qu’elle décrit comme intrépide, courageuse, intellectuelle et engagée qui sacrifia sa vie pour ses idées.
Née à Caen, le 11 mars 1950, fille d’un père ingénieur agronome, Laure Adler passe une enfance heureuse, proche de la nature, en Côte d’Ivoire, à Abidjan jusqu’à ses 17 ans, et passe son baccalauréat en France. Elle obtient une maîtrise de philosophie, et réalise une thèse d’histoire consacrée aux féministes du XIXème siècle. Elle entre à la chaine de radio publique France Culture en 1974, puis elle présente l’émission « Aujourd’hui Madame », durant deux ans. De 1981 à 1987, elle participe régulièrement à l’émission de Michel Polac « Droit de réponse. En 1989, François Mitterrand la nomme conseillère à la culture, dont elle dira à l’époque : « Moi, Laure Adler, la bohémienne, la saltimbanque, au milieu d’énarques zélés ? », et elle écrit un livre de cette expérience « l’année des adieux », sorte de chronique de fin de règne de François Mitterrand. Ces trois années en tant que conseillère culturelle furent pour Laure Adler extraordinaires, au coeur du pouvoir, elle a énormément appris sur les mécanismes, les stratégies du pouvoir et la solitude du président. En 1993, elle reprend pour France 2, l’émission nocturne de débats culturels, présentée alors par Michel Field, « le cercle de minuit », pendant quatre ans, dont elle assure la production et l’animation, puis sur Arte, une émission mensuelle d’entretiens « Permis de penser ». En 1997, elle est nommée responsable des essais et documents chez Grasset et en 1999, elle est nommée directrice de France Culture dont elle remanie en profondeur l’image et la programmation de la chaîne. Elle reprend un temps l’émission « A voix nue » série d’entretiens. Puis en 2005, elle quitte Radio France et rejoint le groupe La Martinière pour prendre la direction du secteur littérature et documents du Seuil, dont elle sera licenciée en 2006. En 2007, elle signe avec 150 intellectuels un texte appelant à voter Ségolène Royal « contre une droite d’arrogance pour une gauche d’espérance », et en 2008, elle donne des cours d’histoire des femmes et du féminisme à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Elle présente « Studio Théatre » sur France Inter et anime l’émission littéraire « Tropismes » sur France Ô et « Hors Champs » sur France Culture. Elle est membre du conseil d’orientation de l’association « En temps réel », membre du conseil d’administration du Théatre de la Ville de Paris et de l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, ainsi que membre du conseil de surveillance du quotidien « le Monde ». Elle anime avec Bruno Racine l’émission « le cercle de la BNF » en collaboration avec le Magazine Littéraire et fait partie depuis 2009 du jury du prix de la BNF.
« écrire, c’est produire le texte. Lire, c’est le recevoir d’autrui sans y marquer sa place, sans le refaire«
Biographie :
Livres :
1986, « l’Amour à l’arsenic : histoire de Marie Lafarge », éditions Denoël – 1995, « l’année des adieux » éditions Flammarion – 1998, « Marguerite Duras », éditions Gallimard – 2001, « A ce soir » éditions Gallimard – 2005, « dans les pas d’Hannah Arendt » éditions Gallimard – 2008, « L’insoumise, Simone Weil » éditions Actes Sud – 2011 « Françoise » éditions Grasset
Essais :
1979, « A l’aube du féminisme : les premières journalistes » éditions Payot – 1981 « Misérable et glorieuse. La femme au XIXème siècle » éditions fayard – 1983, « Secrets d’alcôve : une histoire du couple de 1830 à 1930 » éditions Hachette littérature – 1987, « Avignon, 40 ans de festival », avec Alain Veinstein, éditions Hachette – 1990, « la vie quotidienne dans les maisons closes de 1830 à 1930 » éditions Hachette – 1994, « Les femmes politiques » éditions le Seuil – 2006, « les femmes qui écrivent vivent dangereusement » avec Stefan Bollmann -éditions Flammarion – 2008, »Femmes hors du voile » photos d’Isabelle Eshragi, éditions du Chêne è 2009, « les femmes qui aiment sont dangereuses » avec Elisa Lécosse, éditions Flammarion.
Entretiens :
2002, »avant que la nuit ne vienne » avec Pierre de Bernouville, éditions Grasset – 2006, « Jean-Pierre Chevènement : entretiens » éditions Michel de Maule – 2007, « Stark Philippe : entretiens » éditions flammarion – 2007, « J. Attali entretiens » éditions Michel de Maule – 2009, « Le théatre, oui quand même » avec Jacques Lassale, éditions universitaires d’Avignon – 2009, « Histoire de notre collection de tableaux – Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent », avec Pierre Bergé, éditions Actes Sud – 2009, « La passion de l’absolu » avec Georges Steiner, éditions de l’Aube – 2010 Roland Dumas : entretiens » éditions Michel de Maule – 2011, « Maurice Nadeau, le chemin de la vie : entretiens » coéditions Verdier France Culture.
Laure Adler a également signé plusieurs préfaces : « une histoire du racisme », « petites chroniques de la vie comme elle va », « Marguerite Duras et l’histoire », « Rwanda : un génocide oublié ? un procès pour mémoire », « les deux amants » et « Alain Grombecque. Au fil des rencontres ».
Elle a également participé à l’écriture d’autres livres tels que : « l’illétrisme en toutes lettres, textes, analyse, documents, entretiens, témoignages », « Paris. Au nom des femmes », « l’Universel au féminin », « Festival d’Aix : 1948-2008 », « Voyager avec Marguerite Duras », et « Pensez, lisez. 40 livres pour rester intelligent ! ».
Laure Adler et quelques-uns de ses ouvrages :
« Secrets d’alcôve » raconte l’histoire du couple de 1830 à 1930. L’auteur retrace l’histoire de la conjugalité, de ses accomplissements et de ses échecs.
« Les femmes qui lisent sont dangereuses ». De tous temps, les femmes ont été représentées par les artistes, en train de lire, mais il aura fallu des siècles pour que soit accordé aux femmes de lire à leur guise. En lisant, les femmes s’approprient des connaissances et des expériences auxquelles la société ne les avaient pas prédestinées. Laure Adler et Stéphan Bollmann explorent l’histoire de la lecture féminine qui se reflète dans la peinture et la photographie, du Moyen Age au temps présent, et en s »attachant plus spécialement à des dessins, peintures ou photographies.
« les femmes qui écrivent vivent dangereusement ». Laure Adler et Stéphan Bollmann dressent le portrait d’une cinquantaine d’auteures depuis le Moyen Age jusqu’à aujourd’hui et montre les obstacles qui se dressent devant elles et les vouèrent à un anticonformisme qui les mettaient en danger.
« Marguerite Duras ». Laure Adler décrit le parcours singulier de Marguerite Duras dont la vie est vouée à l’écriture et à l’amour. Amie de Marguerite Duras durant une douzaine d’années, Laure Adler fait le tri parmi les mensonges et les vérités qui entourent sa vie en se servant des conversations avec l’écrivain, grâce aux archives inédites qu’elle a pu consulter, en se rendant au Vietnam, sur les lieux de son enfance, où elle a rencontré le neveu et le plus vieil ami de celui qu’on a appelé l’Amant. Laure Adler s’efforce d’éclaircir ses activités ambigües pendant la guerre. C’est un véritable travail d’historienne que Laure Adler a accompli durant six ans pour écrire cette biographie qui nous révèle une dimension inconnue de l’écrivain et dont le livre obtient le Prix Fémina Essai en 1998. A travers ce livre, Laure Adler a voulu montrer la part entre la fascination pour l’oeuvre et le personnage que Marguerite Duras s’est construit, et la propre vérité de cet itinéraire. Laure Adler nous fait découvrir la vie d’une femme engagée dans son siècle, née en Indochine coloniale, qui a grandi dans un milieu familial perturbé, avec des secrets de famille et des meurtres jamais élucidés. En ayant accès à ses archives personnelles et ses archives d’écriture, Laure Adler a pu reconsidérer la vie familiale, personnelle, amoureuse, mais également politique et idéologique de Marguerite Duras : l’histoire d’une femme engagée dans tous les combats de ce siècle : la décolonisation, la seconde guerre mondiale, la guerre d’Algérie, Mai 68, l’après-68, ses délires politiques, l’alcool..
« A ce soir ». Un 13 juillet, l’auteur subit un évènement qui la ramène dix sept ans en arrière. Dix sept ans après la mort de son enfant, Rémi, Laure Adler livre un récit intime en évoquant avec des mots simples et touchants le deuil impossible. Au travers de ses lignes, Laure Adler écrit l’indescriptible, la perte d’un enfant. Avec tendresse et douceur, l’auteur exprime sa douleur, elle raconte l’espoir en la force de la médecine, elle dit sa colère, elle parle du courage de son bébé, elle exprime sa souffrance, entre sursis, espoir et perte de l’enfant, parce que l’on ne se remet jamais de la perte de son enfant, mais qu’il faut « vivre après.. car il y a une suite après la fin… Vivre après, quand le voile de l’inquiétude obscurcit la lumière du jour. » Laure Adler n’écrit pas pour se souvenir ou pour apaiser sa douleur, qui vit avec elle pour toujours, elle écrit pour mettre à distance et tenter d’apprivoiser le temps, mais écrit-elle : « … avec le temps, justement, rien ne s’efface, rien ne s’adoucit, bien au contraire… le temps ne change rien. Et c’est mieux ainsi. » Un livre bouleversant d’amour.
« Dans les pas d’Hannah Arendt » Hannah Arendt est une intellectuelle les plus importantes du XXème siècle. Hannah Arendt a combattu le nazisme dès la première heure et après son exil aux Etats-unis, a participé à toutes les luttes démocratiques américaines. Juive allemande, disciple de Heidegger et de Jaspers, Hannah Arendt quitte son pays à l’arrivée d’Hitler et s’installe aux Etats-Unis, où elle enseigne la philosophie. Combattante des Droits de l’Homme, théoricienne des périls qui menacent la démocratie, penseuse de l’antitotalitarisme, philosophe de la fragilité humaine et femme engagée dans les principaux combats du siècle, Laure Adler, au travers de cette biographie, a voulu comprendre cette femme généreuse, d’un courage exceptionnel qui pratiquait l’amitié et la philosophie comme un art du savoir vivre.
« l’Insoumise, Simone Weil ». Icône de la pensée contemporaine, indépendante, courageuse, Simone Weil a donné sa vie pour ses idées et lutté sur tous les fronts. Laure Adler nous entraîne sur les pas d’une femme clairvoyante, philosophe de formation, révolutionnaire engagée, dont la vie est un combat perpétuel.
« Françoise » Françoise Giroud, grande Dame du journalisme, est une des figures marquantes du journalisme du XXème siècle. Femme d’exception, engagée par Hélène Lazareff pour la création du magazine « Elle », cofondatrice de l’Express » avec JL Servan-Schreiber, chroniqueuse du « Nouvel Observateur », Laure Adler livre la biographie d’une femme visionnaire, femme moderne et travailleuse acharnée. Laure Adler, après sept ans de travail sur cette biographie, dresse le portrait d’une femme à la personnalité rayonnante, qui avait ses parts d’ombre. Elle retrace le destin romanesque de Françoise Gourdji, fille d’un journaliste turc réfugié en France pour raisons politiques, et devenue par sa seule détermination, Françoise Giroud, première femme journaliste. Françoise Giroud a subi des épreuves, disparition précoce de son père, nécessité de gagner sa vie à l’âge où l’on suit des études à l’université, perte de son fils, rupture avec l’amour de sa vie JJSS, vente de « l’Express », mort d’Alex Grall, éditeur avec qui elle avait retrouvé le bonheur, dépressions, suicides… Au travers de cette biographie dense, Laure Adler met en lumière cette femme courageuse, intègre, visionnaire, influente, guerrière, qui a eu une vie difficile, et qui avait des fêlures et des fragilités, et dans laquelle on apprend notamment que l’écrivain était juive. Françoise Giroud incarne l’idée du féminisme, du journalisme, du courage et de la persévérance, elle est un modèle qui donne le chemin de l’espoir. Pour Françoise Giroud, le journalisme était plus qu’un métier, c’était une façon de vivre. Pour elle, être journaliste c’est : apprendre, comprendre et transmettre.
« Maurice Nadeau, le chemin de la vie – entretiens ». Maurice Nadeau, professeur, écrivain, critique littéraire, directeur littéraire de collection, directeur de revues et éditeur français aura 100 ans le 21 mai 2011. Au travers de ce livre, Laure Adler veut lui rendre hommage en tant qu’éditeur, directeur de journaux et en tant que lecteur. De son métier d’enseignant, Maurice Nadeau a gardé l’amour de son métier, la précision, la rigueur, mais aussi le désir de transmettre. Cette biographie en forme d’hommage, est constituée de conversations pour France Culture, augmenté de quatre entretiens, dans lesquels Maurice Nadeau raconte son parcours familial, politique, ses rencontres décisives dans son parcours professionnel et ses découvertes littéraires. Laure Adler écrit en quatrième de couverture : « Maurice est un lecteur. Qu’il soit journaliste, écrivain ou éditeur, sa vie, faite d’austérité, de concentration et d’oubli de soi, est celle d’un lecteur. La lecture est une accoutumance, puis une addiction. Chez Maurice, c’est un choix qui est devenu au fil des ans une règle et un mode d’exister. Maurice est le lecteur qui a su nous faire partager le plus grand nombre de découvertes dans la littérature du XXe siècle, publiant, analysant, disséquant, commentant les textes du monde entier avec lesquels il nous donnait rendez-vous afin que nous ne puissions pas les manquer. Maurice n’a pas de bornes. Il se moque de l’âge, de l’origine, de l’histoire personnelle d’un écrivain. Ce qui l’intéresse, c’est le texte. Il a avec lui des rapports de gourmandise. Il ouvre les livres, les hume, les lâche, les reprend, les laisse reposer, les met en pénitence, les reprend et les relit. Après, il donne son avis. Maurice a raison : comme il le dit dans ces entretiens, s’il continue à vivre, c’est parce qu’il lit. »
1 Comment
chambord
6 janvier 2013 at 1:57En plus plus d’un indeniable talent pour rendre interressant et accessible la culture pour les non initiés.Laure Adler est une superbe femme,a la plastique parfaite.Je lui souhaite une longue carriere et espere la revoir bientot dans une grande emission a la tele,je pense qu’elle serait excellente dans une emission telle apostrophe.Esperons que les responsable des grandes chaines de television francaise penseront a utiliser son talent pour que nous,ceux pour qui la culture ne fait pas particulierement partie de notre univers;puissions la retrouver.