Sur les podiums, certains créateurs osent plus que d’autres. C’est le cas notamment de Gareth Pugh, dont l’originalité des looks ne se limite pas à un maquillage savamment travaillé. Le jeune créateur britannique présente toujours des looks improbables, à la limite de l’expérimentation. Il se place en cela dans la lignée de Martin Margiela, Junya Watanabe ou encore Viktor & Rolf.
Pures expérimentations à ses débuts, les créations de Gareth Pugh sont devenues de plus en plus portables au fil des ans. La combinaison gonflable de son premier défilé (automne-hiver 2006) ou les heaumes et armures de la collection printemps-été 2007 se rapprochaient plus de l’univers des jeux de rôles que de celui de la haute couture. Et pourtant, les silhouettes, certes étranges (qui a dit bestiales ?), se dessinaient comme un vent de renouveau.
Au fil des ans, Gareth Pugh a mis de l’eau dans son vin. Les mannequins qui défilent sur ses podiums ne sont plus des créatures étranges. Leur silhouette humanoïde est désormais clairement définie : ils sont les ambassadeurs d’une mode décapante. Si le créateur britannique s’est assagi en même temps qu’il a changé de ville pour ses défilés (de Londres à Paris, où il travaille maintenant), il n’en reste pas moins un des « enfants terribles » de la mode. Fidèle à ses coupes taillées à la serpe et à ses non-couleurs de base (blanc, noir, argent), il propose au bout de quelques saisons des pièces plus consensuelles, bien que toujours teintées d’influence médiévale, comme le prouve son premier défilé parisien, pour le printemps-été 2009.
Preuve qu’il rentre dans le rang, Gareth Pugh revisite la fameuse petite robe noire pour l’automne-hiver 2009. Une collection presque exclusivement noire, aux coupes strictes.
Pour l’automne-hiver 2010, les lignes se structurent, au point de transformer les manteaux en carapaces de coléoptères. Gareth Pugh y trouve un terrain pour y tracer des lignes géométriques. Une fois encore, le créateur laisse peu de place à la silhouette du mannequin. A l’image du travail d’Issey Miyaké, inspiré par l’origami, les créations de Gareth Pugh tiennent tout autant de la sculpture que de la couture.
La dernière collection en date, printemps-été 2011, mêle les fondamentaux de la griffe (rigidité, motifs op-art) à une légèreté inédite apportée par des étoffes fines et drapées. Toutes les pièces ont en commun l’absence total de détail pratique visible (bouton, poche, zip) affirmant l’aspect futuriste des looks. D’autre part, l’argent prend une importance jusqu’ici inédite, pour des total-looks décoiffants.
Plus sage qu’à ses débuts très expérimentaux (mais bien peu commerciaux), Gareth Pugh n’a tout de même pas fini de nous surprendre. Ses créations gagnent en maturité au fil des saisons, affirmant un style fort et personnel. A n’en pas douter un des futurs grands noms de la mode britannique.
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