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Rencontre avec l’humoriste Ben

L’humoriste Ben est actuellement en tournée dans toute la France pour son spectacle « Il a beaucoup pleuvu ». On a profité de son passage à Strasbourg pour discuter avec lui de la scène, du temps qui passe, des prochains projets….

Si tu ne connais pas Ben, en une phrase on pourrait dire que son style est unique : un doux mélange d’humour absurde, d’observation sur sa vie mais aussi sur la société.

Le titre de ce spectacle est «  Il a beaucoup pleuvu » pourquoi ce titre et est ce que tu peux nous parler un peu plus des thèmes abordés ? 

Quand j’ai écrit ce spectacle, mes enfants étaient encore petits. Cette phrase, ils l’ont répétée mille fois, et comme je parle un peu d’eux dans le spectacle, ça me faisait rire.   Au départ, l’affiche était une illustration de mon fils, ce qui ajoutait une touche encore plus drôle pour moi.

Ce spectacle parle du temps qui passe, du cap des 40 ans, un moment qui a bouleversé pas mal de choses dans ma vie. J’avais vraiment envie d’aborder cette thématique, parce que dans mon métier, j’ai parfois l’impression d’être entré dans le monde des « vieux », d’être un peu en décalage avec les jeunes, notamment sur des sujets comme les réseaux sociaux.  C’est un spectacle plus personnel, avoir des enfants change énormément de choses, vieillir aussi….le prochain cap, c’est 50, puis 60 ans…

J’ai toujours fait le choix de m’amuser dans mon métier, sans trop me soucier des problèmes. Mais là, la vie me rattrape et me souffle à l’oreille : « Si, si, il faut commencer à prendre certaines choses au sérieux. » .

Ce n’est pas « le spectacle de la maturité », mais plutôt un constat : « Merde, j’ai passé les 40 ans. »

Est ce que tu as fais ta crise de ta quarantaine ? Et tu as un conseil pour passer le cap ?

J’ai traversé une grosse dépression à 30 ans, mais à 40, je ne pense pas avoir vécu la même chose. Par contre, j’ai eu mes 40 ans en plein COVID, et le stress, les angoisses que j’ai ressentis à ce moment-là étaient surtout liés à la situation. On ne pouvait plus jouer au théâtre, plus sortir… Finalement, ma crise de la quarantaine, c’était surtout la crise du COVID.

Je comprends pourquoi ce cap peut être angoissant, surtout avec les réseaux sociaux, où on a l’impression qu’il faut sans cesse prouver qu’on reste jeune. Mais il y a aussi plein de côtés positifs à la quarantaine. Je m’accepte beaucoup plus comme je suis, des défauts que je voulais gommer avant, maintenant, je les assume. On doute moins, on est plus posé, on accepte mieux les différences.

Cet âge peut faire peur, mais il apporte aussi plein de belles choses. Bon, j’avoue, si tu bois un peu trop un soir, la récupération est quand même plus compliquée

Comment tu fais pour garder l’équilibre entre ton humour absurde et ton message engageant ou poétique ? 

Je ne me rends pas toujours compte de cet équilibre, j’écris avant tout pour aller au bout de mes idées et les assumer pleinement.   Je ne sais pas si j’en ai vraiment conscience, mais à chaque fois que j’écris, je me demande : « Est-ce que ce que je dis est compréhensible et acceptable pour quelqu’un qui n’est pas de mon entourage ? »

J’ai souvent modifié des sketchs parce que parfois, le public n’a pas le même point de vue. Mon objectif, c’est de me mettre à la place de quelqu’un qui ne connaît pas ma vie, qui pense différemment : « Qu’est-ce qu’il va comprendre et retenir ? » Je veux éviter les malentendus.

Après, j’avance au feeling avec le public, si quelque chose ne passe pas, j’ajuste.

On dit souvent que ton humour est inclassable, tu le vis comment ce côté outsider the box ? 

Au début, j’aimais bien, parce que j’avais l’impression d’avoir un style, une signature, d’être « le type un peu absurde ».

D’un point de vue marketing, ce n’est peut-être pas le meilleur positionnement, parce que ça te met dans une case. Aujourd’hui, mon objectif, c’est avant tout d’être compris par tout le monde.   L’absurde, ça fait partie de moi, c’est naturel, mais maintenant, j’ai surtout envie d’être libre dans ce que je raconte, sans être enfermé dans un cadre.   Il y a plein de sujets dont j’ai envie de parler, même s’ils ne sont pas absurdes, et je ne veux pas m’en priver. J’ai envie d’aborder tout ce qui me parle : l’écologie, ma vie, un truc farfelu, ou encore la politique.   Ce label, je sais que je ne peux pas y échapper, mais je refuse qu’il me limite.

Comme tu es sur scène avec ton 3ème spectacle, est ce qu’il n’y a pas aussi cette part de liberté , d’expérience que tu as acquis au fils des années ? 

Bien sur et puis bon j’ai 45 ans, 3ème spectacle, aujourd’hui je fais ce que je veux. Dans le milieu de l’humour, il faut que tu ailles au bout de tes envies.

Tu as démarré avec le Jamel Comédie club, tu as fait ONDAR il y a quelques années, aujourd’hui avec le recul tu en retires quoi de ces expériences ? 

C’était des expériences très cool, mais avec du recul, je pense que c’est arrivé un peu trop tôt pour moi.   J’avais mes spectacles, mais je ne ressentais pas d’urgence par rapport aux médias. Je n’avais pas encore conscience de l’importance de la promo, de l’image qu’on doit renvoyer en tant qu’artiste. Pour le Jamel Comedy Club, je ne réalisais pas du tout cet aspect-là, pour ONDAR, un peu plus, mais pas complètement.   Je suis quelqu’un de lent, j’ai besoin de temps pour structurer les choses.

Ces expériences m’ont quand même permis de sortir de ma coquille, de dépasser ma zone de confort. J’en garde un très bon souvenir, même si je ne les ai pas exploitées à fond comme j’aurais pu.

Tu as fait le TEDX, comment on se retrouve sur cette scène et comment tu as vécu cette expérience ? 

Dans la plupart des TEDx, ils aiment conclure les sessions avec un humoriste. Comme les sujets abordés sont souvent sérieux, c’est important de finir sur une note plus légère, un peu plus fun.   C’est Vanessa Kayo, humoriste, qui avait participé au TEDx de Chantilly et qui a transmis mon contact.   Je me suis retrouvé sur scène en tant que surprise, le public ne sait pas à l’avance qui va clôturer la soirée, donc c’est un effet de surprise… avec ses bons et ses mauvais côtés !  La soirée a commencé à 20h, et je suis passé à 23h une longue soirée pour le public mais c’était une expérience vraiment chouette.

On va aborder un nouveau sujet, les duos , tu es souvent associé à Arnaud Tsamère, tu as participé aux Duos de l’Impossible de Jérémy Ferrari, du coup on te revoit quand travailler avec d’autres artistes ? 

Me revoir en duo ? Bien sûr ! J’adore faire de la comédie avec d’autres personnes, et je suis toujours partant pour ce genre d’expérience. Avec Arnaud, c’est encore plus un plaisir, on se marre vraiment bien sur scène ensemble, j’ai en souvenir un bon nombre de fous rire?

Pour l’instant, je n’ai pas de nom en tête, mais j’ai aussi adoré travailler avec Artus, Arnaud Cosson pendant ONDAR. J’aime beaucoup l’esprit de troupe, les projets collectifs.   En solo, tu maîtrises toute la chaîne de production, donc tu peux avancer à ton rythme. Mais avec Arnaud, on a monté des scènes de Molière, et j’avais adoré cette expérience

Actuellement tu es en tournée mais la suite pour toi c’est quoi ?

Je suis actuellement en tournée avec « Il a beaucoup pleuvu » jusqu’à fin 2025, si tout se passe bien, le spectacle sera capté cette année.  En 2026, je démarre le rodage du nouveau spectacle, ce qui signifie que je dois boucler l’écriture cette année.  Dans mon processus, j’écris en solo, mais je fais toujours relire mon texte par mon co-auteur, Thibault Segouin.  Un autre objectif pour moi cette année, c’est de mieux maîtriser les réseaux sociaux et d’être plus efficace sur ces supports.   J’aimerais aussi développer un projet d’écriture pour un film, mais pour l’instant, je ne peux pas en dire plus.   Même chose pour mon nouveau spectacle : j’ai trop d’idées pour en parler pour le moment !

Pour terminer cette interview, pour sauver ton cerveau tu fais quoi ?

Je fais mille et une choses, mais j’évite surtout les infos et l’actualité. J’ai l’impression de ne pas être moins informé en les fuyant, car elles finissent toujours par arriver jusqu’à moi. Je me fixe des règles strictes pour limiter ma consommation numérique : le matin et le soir, avant et après une certaine heure, je ne consulte plus aucun écran.

J’ai aussi arrêté l’alcool, ce qui est plutôt bénéfique pour mon cerveau. Je fais attention à mon alimentation et à mon hygiène de vie en général. Je suis convaincu que tout ce qui touche nos sens finit par se loger dans notre esprit, alors je fais particulièrement attention à ce que je lis, à ce que j’écoute, et même aux personnes qui m’entourent.

Je vis à la campagne pour profiter d’un environnement plus calme, car je suis quelqu’un de très sensible à ce qui perturbe les sens. Je me protège beaucoup, et à 40 ans, j’ai accepté d’être ainsi. Je suis quelqu’un de très réceptif, je capte intensément les émotions : une conversation, de la musique, tout m’affecte. C’est pourquoi je fais attention à chaque détail.

Dernier coup de cœur en termes de lecture ou film ? 

Ça date un peu mais mon dernier gros coup de cœur en terme de film, c’est le film corréen sorti en 2019 « Parasite » en série je recommande « Breeders » avec l’acteur Martin Freeman.

En livre ça va être la biographique de Sarah Bernhardt, ce livre m’a mis une claque, c’est un livre exceptionnel que je recommande.

Dernier spectacle coup de cœur , il y a Sebastian Marx, dans un autre style j’ai découvert Anne Cahen, j’aime beaucoup.

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