Né le 19 septembre 1922 à Manosque, située dans les Alpes-de-Haute-Provence, et décédé le 28 avril 2012 à Voiron en Isère, Pierre Magnan était un écrivain connu pour ses romans policiers. Essuyant des premiers échecs, il obtint finalement le prix du Quai des Orfèvres pour Le Sang des Atrides (1977). Grâce à ce triomphe, il se lança dans une carrière littéraire à succès à l’âge de cinquante-six ans. Ayant suivi les pas de son modèle Jean Giono, l’écrivain plaçait à de nombreuses reprises l’action de ses récits dans un climat provençal.
Le roman qui nous intéresse s’intitule La maison assassinée, publié en 1984. Il s’agit d’un roman à suspense se déroulant en Haute-Provence en 1920 : Séraphin Monge, revenu de la Grande Guerre, veut percer le mystère sur le meurtre de sa famille, survenu dans son village natal alors qu’il n’était à peine qu’un nourrisson dans son berceau. Ce roman possède une aura envoûtante et inquiétante par l’intermédiaire de son personnage principal au caractère troublé. Séraphin Monge est décrit, dès l’incipit du récit, comme un être au physique de colosse, mentalement brisé et rongé par la haine : « La fureur de la guerre, l’attaque, le cerveau bourré de gnôle, toute la bestialité de l’homme refluait en lui » (p. 233). Toutes ses expériences l’ont transformé, presque déshumanisé, au point que le lecteur puisse redouter la moindre de ses actions. Revenu dans son village pour régler les démons du passé, le jeune homme est déterminé à détruire la maison familiale, tout en se coupant petit à petit de la civilisation. Dans cette situation-là, il apparaît enivré d’une brutalité quasiment impulsive. Cette dualité entre l’humanité fuyante et la rage intérieure de Séraphin est cristallisée par son obsession du meurtre familial, symbolisée par l’image fantomatique de sa mère.
A partir de la structure d’un roman policier, Magnan orchestre avec brio un récit de vengeance supplanté par une dimension tragique. Véritable drame humain, La Maison assassinée s’attache à dépeindre une atmosphère lugubre faite de non-dits en mettant en avant plusieurs descriptions terrifiantes des lieux et des relations à double-tranchant entre les personnages. Ce roman, qui a été adapté en long-métrage par Georges Lautner en 1988, sait aussi bien captiver que déstabiliser notamment grâce à une intrigue noire poignante et une écriture inspirée.
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