En cette fin d’année glaciale, Premier Contact, sorti au cinéma depuis le 7 décembre, est probablement une claque cinématographique insoupçonnée. Adaptation d’une nouvelle intitulée Story of Your Life et écrite par Ted Chiang, ce projet est réalisé par Denis Villeneuve, cinéaste québécois décidément très actif après avoir mis en scène Sicario l’an dernier.
Ce réalisateur, ayant séduit la critique avec Incendies nommé aux Oscars 2011, continue son parcours à Hollywood et dévoile avec Prisoners, Enemy et Sicario un savoir-faire technique indéniable et une véritable maîtrise des genres, que ce soit le thriller psychologique ou le polar furieux. Il cultive par la même occasion un goût du mystère qui donne à tous ses films un attrait tout particulier. Premier Contact, de son titre original Arrival, suscite une certaine curiosité : premier film de science-fiction de Villeneuve, celui-ci met en image la venue de vaisseaux extraterrestre à travers le point de vue d’une experte en linguiste comparée, nommée Louise Banks (Amy Adams) qui doit établir le contact avec cette race alien.
Débutant sur l’invasion alien, le long-métrage de Villeneuve prend à rebours le spectateur. Il prend d’abord le postulat de suivre l’aventure par le prisme du regard humain, celui d’une professeure linguiste. Ce point de vue offre une perspective intéressante à l’histoire : le fait de suivre un personnage ordinaire au cœur d’une intrigue à grande échelle apporte une dimension humaine et chaleureuse au film. Les rapports d’enfermement et d’ouverture deviennent une esthétique importante du long-métrage. Dès le début, un contraste s’établit entre l’inquiétude du monde entier et le point de vue relativiste de Louise Banks. Celui-ci rafraichit le ton du film, puisqu’il n’est plus question d’appréhender l’étranger mais bien de l’entendre et de le comprendre. La compréhension de l’autre résonne comme une thématique primordiale de notre société, en particulier à l’heure actuelle où le langage est souvent mal interprété alors que nous possédons paradoxalement une multitude d’outils de communication. Percutant grâce à sa dimension humaniste, Premier Contact jouit également d’une maîtrise du suspense. Le dispositif scénographique et scénaristique apparaît au premier abord simple : un personnage, un lieu, un temps et un enjeu. Tout à coup, Villeneuve bouscule ces conventions cinématographiques établies en livrant une réflexion déroutante mais ô combien pertinente sur le rapport de l’Homme avec le temps qui passe. Ainsi, nous suivons avec intérêt le parcours de Louise, incarnée avec justesse et sensibilité par Amy Adams, dans une aventure captivante au-delà du réel. Avec un casting talentueux, dont on retiendra les performances de Jeremy Renner et Forest Withaker, et une musique troublante de Johann Johannsson, le film réussit à plonger le spectateur dans une ambiance anxiogène et incertaine. C’est cette impression d’incertitude qui rend le tout saisissant, nous donnant envie en même temps que Louise de percer ce mystère insaisissable qui entoure l’arrivée des vaisseaux étrangers.
Hypnotisant, prenant et émouvant, Premier Contact surprend de bout en bout avec son approche intimiste du sujet mais touche réellement grâce à sa portée humaniste. Traversée de thèmes philosophiques tels que la conscience de soi, l’ouverture à l’autre et le déterminisme, l’aventure de Louise détient un pouvoir de fascination tout au long de sa progression, car la chronique de science-fiction teintée de drame présentée au départ devient une parabole saisissante de l’humanité et de son rapport tumultueux avec le langage. Premier Contact demeure bien plus qu’un tour de force technique de la part de Denis Villeneuve : c’est un spectacle sensoriel éblouissant, déconcertant et sans conteste un rendez-vous immanquable dans les salles obscures !
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