Désir fou de promenade tropicale en plein Paris, cela n’a pas de prix, et c’est dans le lieu unique des Serres d’Auteuil qu’il est possible d’aller flâner en apprenti naturaliste, pour dessiner, lire ou pique niquer, et bientôt, hélas, pour admirer la surface bétonnée d’un court de tennis.
Les 76 707 signatures de la pétition récoltées par Lise Bloch-Morhange n’auront pas suffis contre le projet d’agrandissement de Roland Garros, en effet la décision vient d’être actée début juin 2015 par le gouvernement, autorisant la destruction d’un hectare de ce lieu d’exception, contre 5000 places supplémentaires.
Ce jardin abrite des collections de plantes rares et d’arbres remarquables. Il compte plus de six mille espèces végétales (plantes succulentes ; plantes du Sahel ; plantes originaires de Nouvelle-Calédonie). Les serres regroupent plus de cinq mille genres, espèces ou variétés de plantes différentes. On y découvre également une collection de palmiers des Canaries au pied de laquelle se trouve un bassin de carpes japonaises. Sans oublier le majestueux Gingko biloba, originaire de Chine, arbre qui exhale une odeur de caramel à l’automne, le lilas des Indes et le plus grand arbre du jardin, le Pterocarya stenoptera.
En 2010, Roland Garros menaçait déjà de quitter l’avenue Gordon Bennett située dans le 16 ème arrondissement, faute d’espace disponible. Le conservateur du Jardin botanique Laurent Bray relativise la situation, car il lui semble que les serres seront plus attractives, mais pour d’autres, le combat contre l’économie sportive continue, notamment sur le site Les moutons enragés. Le gouvernement vend le patrimoine du pays, un triste sacrifice, pour cet ensemble unique en Europe, mêlant jardins, arbres, collections, serres de fer et de verre cathédrale, qui furent notamment imaginées en 1898 par Jean-Camille Formigé, l’architecte des Promenades et Plantations de Paris.
Le plus rageant dans cette histoire, c’est que les défenseurs des serres proposaient une alternative, préconisant l’agrandissement du Court N°1, un projet soutenu par trois associations nationales reconnues d’utilité publique : Vieilles Maisons Françaises (VMF, présidée par Philippe Toussaint), La Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF, présidée par Alexandre Gady), et France Nature Environnement.
» C’est la dernière ligne droite de ce combat qui dure depuis 5 ans » confie Lise-Bloch Morhange, invitant les signataires de la pétition à envoyer un chèque de solidarité de 10 euros pour permettre la préparation d’un recours. Résultat des courses, on peut s’attendre à de sérieuses protestations cet automne lorsque débuteront les travaux, protestations qui ne seront pas dirigées contre le tennis, mais qui visent à défendre l’intérêt environnemental et historique du site.
<<< Plus d’infos :
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