Après le succès d’An Awesome Wave, Alt-j dévoile son nouvel album « This is all yours ». Dans la lignée du premier opus, Joe Newman, Gus Unger-Hamilton et Thom Green. (Gwil Sainsburry, guitariste-bassiste, a quitté le groupe après le premier album) nous révèlent un pan supplémentaire de leur univers musical. Dès le 18 juin, ils ont commencé à livrer à leur public un premier titre : Hunger Of The Pine, suivi un mois plus tard d’un second, Left Hand Free, pour finir par diffuser Every Other Freckle en août. L’album complet est sorti ce 22 septembre 2014. Juste le temps de l’écouter une fois, dix fois, en boucle avant de vous en livrer les détails.
Un album dans la continuité du style indie pop
Sur « This is all yours » on retrouve les mêmes accents indie que sur leur premier album « An awesome wave ». Des paysages musicaux atypiques qui attirent et intriguent l’oreille. Dès l’Intro, les jeux de chœurs du grave à l’aigu s’imposent, nous replongeant dans la féerie occulte du groupe.
Leurs morceaux se construisent à partir d’associations sonores hétérogènes et de rythmes inattendus. Au milieu des accents aigus des instruments et de la voix haut perchée de Joe Newman, (le chanteur), surgit un lourd son de basse qui balaye tout sur son passage. Mais la force d’Alt-J est que ces graves puissants n’assomment pas, au contraire, ils révèlent les sons plus fragiles. Dans Arrival in Nara, particulièrement, on ressent cette fragilité juste avant de se faire happer par des sons sourds. La mélodie conserve toujours le dessus, sans pour autant se désolidariser des sons plus graves.
Alt-J, c’est aussi une poésie des mots que l’on retrouve dans chaque son. Dans cet album, j’ai bien sûr eu un petit faible pour le morceau Hunger Of the Pine dans lequel le groupe a glissé des morceaux tirés du poème L’Espoir en Dieu d’Alfred Musset #frenchclass.
« Une immense espérance a traversé la terre
Une immense espérance a traversé ma peur »
Au-delà de la poésie qui caractérise leurs textes, le groupe glisse un message engagé dans leurs morceaux, notamment dans Choice Kingdom, où on lit un commentaire anti-colonialiste. Le tryptique Arrival in Nara – Nara – Leaving Nara a également quelque chose à nous faire comprendre. Nara ? Il s’agit d’une ville au Japon connue pour ses hordes de cerfs qui parcourent librement les alentours de la ville. Ils deviennent alors allégorie de la liberté dont le groupe se sert pour parler du droit des homosexuels.
Les nouveaux jeux de cet opus
L’album This is all yours nous révèle des tonalités plus enjouées que An Awesome wave. Pas que l’univers d’Alt-J soit noir, mais la mélancolie inhérente à leur style se ressent un brin plus pop, plus allègre ici. Pour Left Hand Free, on peut parler de morceau rock aux sonorités très dansantes. Dans Warm Foothills, le ton est très léger, un son de xylophone vient doucement rythmer le morceau, le chant est enjoué, les notes nous feraient presque croire à un retour printanier. C’est dans ce morceau que le groupe invite d’autres voix à ce joindre à celle de Joe Newman. Plusieurs interprètes interviennent comme : Conor Orbest (Bright Eyes), Lianne La Havas, Sivu et Marika Hackman, et l’alchimie opère complètement.
Ce qui caractérise ce second album par rapport au premier, c’est aussi son coté assez décousu. On y retrouve bien une ligne directrice, le terme Nara est, par exemple, présent du début à la fin de l’album. Le trio nous raconte bien une histoire, mais c’est à nous d’en retrouver le fil directeur et les thèmes qui le composent pour le comprendre. On a tout de même une impression de confusion sur certains morceaux. Comme sur Bloodflood part II (le I est dans le premier album) où les refrains sont moins nets, les couplets et les rythmes plus irréguliers.
Le groupe ne peut s’empêcher de glisser dans l’album quelques ovnis musicaux dans les 14 morceaux, comme England Garden, qui est composé d’une unique mélodie simple et courte, accompagnée de gazouillements d’oiseaux.
Sans véritablement changer de ligne musicale, Alt-J nous impose un caractère différent et pousse ses expériences musicales encore un peu plus loin.
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