Il y a deux ans, ma collègue Emeline qualifiait l’Eurovision de « grand-messe des ringards ». Elle n’avait peut-être pas tort. Cette année toutefois, la victoire de Conchita Wurst semble amplement méritée, même si tout le monde n’est pas du même avis…
Avant de parler de la victoire, parlons de la débâcle, celle de la France. Celle de Twin Twin et son titre Moustache. Une catastrophe aussi prévisible que retentissant, puisqu’il s’agit de la première fois que la France obtient la dernière place. Pourquoi s’obstiner à chanter en français pour prononcer des paroles aussi niaises ? En 2008, la Ministre de la Culture Christine Albanel s’était insurgée que Sébastien Tellier, alors représentant de la France à l’Eurovision, chante en anglais devant l’Europe entière, renonçant à « défendre sa langue devant des centaines de millions de téléspectateurs de par le monde ». Sans doute optimiste sur l’audimat du concours, Christine Albanel oubliait que le barbu électro était sans doute le candidat le plus crédible de la France de ces dix dernières années. Cela ne lui a guère porté chance, puisqu’il a terminé dix-neuvième du classement. Sans doute la faute d’un gimmick qui apparaît dans les chœurs et non dans le refrain… Pour rappel, la prestation de Sébastien Tellier :
A comparer avec Moustache :
On aurait aimé cette année qu’Aurélie Filipetti s’insurge de la vacuité d’un texte qui doit représenter la langue française… Bref, la France ne semble pas prête de rééditer l’exploit de Marie Myriam, dernière gagnante en 1977, avec L’oiseau et l’enfant.
Eurovision 1977 – Marie.Myriam – L’oiseau.et… par cdipre
Passons maintenant à la victoire de Conchita Wurst, nom qui fleure la femme de ménage portugaise tout autant que la saucisse bavaroise. Derrière ce patronyme étrange, se cache Tom Neuwirst, un chanteur autrichien né à Gmunden. Il a décidé de créer le personnage imaginaire de Conchita Wurst (soi-disant née en Colombie et élevée en Allemagne) à cause des discriminations subies pendant son adolescence. Et la diva barbue a remporté cette année l’Eurovision, à la surprise générale.
Humainement, son triomphe fait plaisir. On imagine ce personnage moqué, enfin montré du doigt pour son talent et non plus pour sa différence. Musicalement également, cet Eurovision apporte une bouffée d’air frais. L’originalité du personnage a sans douté aidé les votes (il y a si peu de fun pour réveiller le téléspectateur à l’Eurovision), comme ce fut le cas des finlandais de Lordi en 2006, au maquillage ultrachiadé, digne d’un film d’horreur. Mais la singularité du personnage n’aurait aucun intérêt si elle ne se doublait pas d’un réel talent. En lui-même, le titre Rise Like a Phoenix ne révolutionne pas l’histoire de la composition. Mais l’orchestration digne de John Barry et, surtout, cette voix puissante et parfaitement placée, font qu’on aimerait voir Conchita Wurst prendre la suite d’Adèle au générique du prochain James Bond. A l’heure où 007 avoue à demi mot dans Skyfall avoir eu un rapport homosexuel, ce serait un juste retour des choses.
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