Régine Desforges, libraire, éditrice, scénariste, écrivain, est née le 15 août 1938 à Montmorillon dans la Vienne, elle décède à Paris le 3 avril 2014.
Connue pour le succès de la saga « la Bicyclette Bleue », Régine Desforges était une femme de lettres, engagée, féministe et passionnée. Elle fut la première femme éditrice de livres érotiques, et fut condamnée pour atteinte aux bonnes mœurs à cause des textes érotiques qu’elle publiait.
Chroniqueuse au quotidien à « l’Humanité », elle fut membre du jury du Prix Fémina, qu’elle quitta en 2006 après l’exclusion de son amie l’écrivain Madeleine Chapsal, et était également Présidente de la Société des Gens de Lettres.
Sonia rykiel, son amie, disait d’elle qu’elle était « une joueuse, une frôleuse, une risqueuse, une passionnée, qui aime la fête, la vie, le bonheur, l’amour« .
Petite, Régine Deforges aimait lire de tout, sa boulimie en écriture l’amènera de fait à l’écriture. Elle suit des études dans des instituts religieux. A l’âge de 15 ans, on lui vole son journal intime dans lequel elle raconte ses premières expériences sexuelles avec une camarade de classe, Manon Abauzit. C’est le premier scandale pour l’auteur qui subira le rejet d’un petit village où l’homosexualité était tabou, elle fut traitée de pestiférée, salie, insultée, rejetée, et exclue de son collège privé. Elle en a toujours gardé un souvenir douloureux, d’autant qu’à l’époque on l’oblige à détruire son journal.
A 18 ans elle épouse Pierre Spengler, assureur, rencontré à Conakry, où son père avait été muté et dont elle aura un fils Franck. Elle suit des cours de théatre au cours Simon, fait du mannequinat chez Louis Féraud. Embauchée au drugstore des Champs-Élysées comme libraire, elle rencontre l’éditeur Jean-Jacques Pauvert, marié, qui devient son amant, et l’engage pour promouvoir sa maison d’édition et faire le tour des librairies. Ils ont une fille, Camille. Jean-Jacques Pauvert l’aide à créer en 1968 sa maison d’édition « l’or du temps » dans laquelle elle décide de publier des textes érotiques. « Irène » d’Aragon premier roman publié fut saisi, s’ensuit pour Régine Desforges une série de procès, de saisies, endettée, elle est ruinée. Traitée de « papesse de l’érotisme » « polissonne », ou « scandaleuse Régine », elle est privée de ses droits civiques, durant trois ans et trouve refuge dans un monastère de visitandines où silence et broderie sont de mise. Puis, elle rencontre Pierre Wiazemsky, alias Wiaz, dessinateur au Nouvel Observateur, et petit fils de Mauriac, ils ont une fille Léa.
Amoureuse des livres, Régine Deforges a suivi des cours de relieuse, tour à tour libraire, éditrice, écrivain, elle a écrit plus de quarante ouvrages, des romans, des nouvelles, des entretiens, des essais, des anthologies, des contes pour enfants, des livres de photos, de cuisine et de broderies..
En 1975, paraît aux éditions Pauvert son premier livre d’entretiens « 0 m’a dit » avec l’auteur d’Histoire d’O », et c’est en 1976 qu’elle publie son premier roman « Blanche et Marie » où elle raconte l’histoire de ses deux grand-mères. En 1978, elle publie « le cahier volé », histoire vraie inspirée de son adolescence, l’histoire d’une jeune fille violemment exclue de son village pour avoir confié à son journal intime son attirance pour une jeune fille de son âge.
En 1981, « la Bicyclette Bleue » publié chez Ramsay connaîtra un vif succès et sera le premier livre d’une saga d’une dizaine de livres. L’éditeur Jean-Pierre Ramsay a l’idée de proposer une collection de remakes de grandes œuvres littéraires, Régine Deforges choisit alors l’écriture d’un roman populaire inspiré d’ « Autant en emporte le vent » et dont les héritiers de Margaret Mitchell intenteront un procès qu’ils perdront, voyant là un plagiat. Estimant être propriétaires du roman et de la trame de l’histoire, ils attaquent l’auteur pour contrefaçon en 1987. L’action de l’histoire de « la Bicyclette Bleue » se passe pendant l’occupation. Ce qui devait au départ être une trilogie, verra une dizaine de livres en vingt-six ans dont les héros iront de Bordeaux à Cuba, en Bolivie, enAlgérie, enArgentine et en Indochine.
Pour ses romans, régine desforges effectue un réel travail d’archiviste, autodidacte zélée, elle fait des recherches très approfondies en s’imprégnant du sujet. d’une écriture très habile et ferme, elle sait raconter des histoires fortes où la liberté des femmes règne.
« rien n’est impossible. Il faut seulement un peu de courage »
Régine Deforges
Oeuvres :
Romans et nouvelles
aux éditions Fayard : « Blanche et Lucie » 1976 ; « Le cahier volé » 1978 ; « la révolte des nonnes » 1981 ; « Les enfants de Blanche » 1982 ; « Sous le ciel de Novgorod » 1989 ; « la hire ou la colère de jehanne » 20004 ;« Deborah, la femme adultère » 2008 ;
aux éditions le serpent à plumes : « la petite fille au manteau rose » 2001
aux éditions Albin Michel : « pour l’amour de Marie Salat » 1987 ; « le collier de perles » 2004
aux éditions Hugo et cie : « toutes les femmes s’appellent Marie » 2012
saga « la Bicyclette Bleue » de 1981 à 2007 : « la bicyclette bleue » « 101 avenue Henri Martin » « Le diable en rit encore « Noir Tango » « Rue de la Soie » « la Dernière Colline » « Cuba Libre » « Alger villa Blanche » « les Généraux du crépuscule » « et quand viendra la fin du voyage »
érotisme :
1980 « contes pervers » (il existe une version bd parue en 1985 aux éditions régine deforges) ; 1981 « Lola et quelques autres » recueil de nouvelles chez Fayard ; 1994 « Troubles de femmes » nouvelles aux éditions Spengler ; 1996 « l’Orage » roman aux éditions Blanche ; 1999 « Rencontres ferroviaires » chez Fayard ;
essais :
« Fragments » 1997 édition France Loisirs ; « Les non dits de Régine Deforges » 1997 éditions stock ; « Roger Stéphane ou la passion d’admirer » 1995 chez Fayard/Spengler ;« Camilo » 1999 chez Fayard ;« Entre femmes » 1999 éditions Blanche/robert laffont ; « O m’a dit » entretiens avec l’auteur d’Histoire d’O, Pauline Reage, éditions Pauvert ; « Le Paris de mes amours » 2011 chez Plon ; « les filles du cahier volé » 2013 éditions de la différence ;« l’enfant du 15 août » 2013 mémoires chez Robert Laffont
– Recueil de chroniques hebdomadaires parues à « l’Humanité » de 1998 à 2002, réunies dans 4 tomes dans lesquelles Régine Deforges évoque les voyages, les rencontres, les lectures, ses indignations, les paysages, évènements, poèmes et poètes… aux éditions Fayard.
Cinéma/Télévision :
« la Bicyclette Bleue » de Thierry Binisti en 1999 avec Laetitia Casta et Georges Corraface
« le Cahier Volé » de Christine Lipinska en 1991 avec Elodie Bouchez, Edwige Navarro et Benoit Magimel
« les Filles de Madame Claude » de Régine Deforges en 1980 avec Carina Barone, Fraçoise Gayat, Zora Kerova
Télévision : en 1981, la révolte des nonnes » adapté au petit écran sous le titre « l’enfant des loups » en 1991
quelques livres :
« la bicyclette bleue » Eté 1939, Léa Delmas, 17 ans, vit avec sa famille au domaine Montillac, une propriété vinicole dans le bordelais. Mais la déclaration de la seconde guerre mondiale va anéantir l’harmonie de l’été. Léa va découvrir et affronter la débâcle, l’exode sous les bombes, le mort, l’occupation nazie, la violence, le plaisir et la fragilité des sentiments. Elle va choisir de s’engager dans la résistance, en se déplaçant sur une bicyclette bleue pour traverser la ligne de démarcation.
« Toutes les femmes s’appellent Marie » : Marie, veuve de guerre, a un fils Emmanuel, handicapé mental, en grandissant, il a des pulsions sexuelles et les relations mère-fils se transforment. Pour éviter qu’il ne viole une fille, Marie commet alors le sacrifice ultime. Inspirée dans sa famille par un cousin et une tante tous deux handicapés, Régine Deforges évoque la question délicate mais essentielle de l’assistance sexuelle chez les personnes handicapées mentales.
« le collier de perles » : récit sensuel et mélancolique dans lequel l’auteur évoque le passage du temps, dévoile la puissance de l’amour et prononce un éloge de la transmission. Perle, une fillette passe ses vacances auprès de sa grand mère et Etienne un vieux berger. Le temps d’une saison, la vie se fait et se défait sous ses yeux, le collier de perles de sa grand-mère sera son seul souvenir.
« pour l’amour de Marie Salat » : Correspondances échangées entre deux femmes mariées qui s’aiment, Marie couturière et Marguerite, ouvrière.
« l’enfant du 15 août » : Mémoires de l’auteur, femme sulfureuse par sa passion pour la littérature érotique, femme généreuse dans ses combats mais surtout femme libre, qui évoque son parcours tumultueux. Cette romancière à succès et éditrice à scandales, raconte sa vie, ses rencontres, solde ses comptes, sans s’épargner. C’est aussi le récit d’une femme de lettres, passionnée, curieus de la vie et qui aimait la vie.
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