Cette rentrée est placée sous le signe de Racine Carrée, l’album de Stromae qui fait un buzz incroyable. Après son passage très remarqué il y a quelques jours dans l’émission Vivement Dimanche de Michel Drucker, retour sur le parcours d’un jeune au talent immense !
Paul Van Haver est né le 12 mars 1985 à Bruxelles, d’une mère flamande et d’un père rwandais, architecte, qui ne l’a pas reconnu et le verra très peu, tsuti, il est mort durant le génocide rwandais. Sa mère élève seule Stromae, ses frères et sœurs. Tout petit, Stromae s’intéresse à la musique, il s’inscrit dans un cours de solfège et de percussions et prend des cours de batterie au sein de l’académie musicale de Jette. Il part dans un internat jésuite en France où il rencontre un jeune qui rappe et c’est donc vers 16-17 ans qu’il commence à écrire un rap très classique. En 2000, il prend le pseudo de Stromae (maestro en verlan), influencé par l’album « temps mort » du rappeur français Booba, il intègre le milieu du rap. Après son bac il entre dans une école de cinéma pour y apprendre le son et découvre l’image, la photo, et comprend que la musique n’est pas le seul moyen d’expression. Il fait des études de cinéma et rentre à l’école l’INRACI à Bruxelles. Il rencontre le rappeur J.E.D.I. avec qui il forme le groupe Suspicion, et en 2005 ils écrivent « Faut que t’arrêtes le rap » et sont sollicités par de nombreux artistes. Puis Stromae continue sa route seul et en 2007 il produit un premier maxi de 4 titres. En 2008, il collabore avec Kerry James pour l’élaboration du 4ème album « à l’ombre du show business » et travaille également à la composition d’autres chansons. Compositeur au talent reconnu, il signe auprès du label de Tefa Masta, Kimaitre et Beccause Music. En 2009, il lance le titre « Up saw liz » qui devient un hit. Puis il impose un nouveau concept en donnant des leçons de solfège et de musique sur internet : « les leçons de Stromae, musicien à deux balles », vidéos qui durent 5 à 10 minutes selon les morceaux, une excellente manière pour lui de se faire connaître du public et dévoiler sa musique.
Puis en 2010, « alors on danse » s’impose dans les ondes et les clubs du monde entier : c’est le succès ! N° 1 des ventes dans une dizaine de pays, et une victoire de la musique et d’autres récompenses, ce tube dansant dont les paroles brossent le tableau d’un société sans avenir, prône la danse comme échappatoire, c’est un tableau très sombre d’une société déshumanisée sur laquelle dansent les jeunes ados. Son premier album « Cheese » avec les singles « alors on danse », « te quiero », « je cours » a un succès immédiat, « Cheese » en référence aux sourires sur les photos de classe se distingue par ses textes originaux sur des rythmes dansants. Stromae bénéficie d’un jeu de scène qui plait au public. Il sera nommé aux MTV Europe Awards puis pour l’édition 2010 du prix Constantin.
Dans son second album « Racine Carrée », on reconnait la patte électro qui fait son succès, mais l’artiste essaie d’autres styles comme la soul, la salsa, les sons cubains, la rumba colongaise ou encore les musiques du monde, pour enrichir son registre musical. Le rappeur Orelsan l’accompagne dans un titre de l’album, AVF.
Stromae a une approche décomplexée de la musique. Il pose des mots forts sur des beats entêtants, sur des mélodies simples, il écrit des textes durs. Ses chansons sont accessibles, pour Stromae la musique c’est du groove et de l’émotion qui passent par des notes et des mots qui se fondent. Ses textes racontent une humanité un peu perdue où la tristesse et les pleurs font partie de chacun, et nous rendent plus beaux. Dans ses chansons, Stromae exprime le fait de réaliser que personne n’est parfait, mais que même si la souffrance est là, nous sommes tous debout et nous avançons, et parfois nous dansons. Il aborde des sujets graves et contemporains (divorce, abandon, viol, inceste, pédophilie, violences conjugales, …), sur des mélodies dansantes. L’image fait partie intégrante de son univers, dans ses clips, Stromae incarne des personnages avec un réel talent de comédien.
Stromae fait tout lui-même, ses textes, ses musiques, ses clips, sa propre production. C’est un travailleur acharné, qui maîtrise tout. Stromae, est un personnage, qui a aussi un look sage et étudié, c’est surtout un phrasé, une expression corporelle au service des mots, mais c’est aussi et surtout des textes. Cet artiste a part entière, est un artiste complet et surtout très prometteur. Créatif, il est en avance sur tout, il sait jouer de son image, il sait créer de la musique nouvelle en mélangeant les genres, c’est un pessimiste raisonné et raisonnable qui tranche avec son époque et qui explique calmement que dans la vie « il n’y a ni méchants, ni gentils ».
Son deuxième album, «Racine Carrée » aborde des thèmes tels que l’aliénation par les réseaux sociaux dont twitter dans « Carmen », les fabricants de cigarette et le cancer « quand c’est », très émouvante chanson sur la maladie, les problèmes de couple « formidable » et « tous les mêmes », les rapports nord sud « humain à l’eau », les excès « ta fête » et « sommeil », le vih « moules frites », le manque de position et les divisions en cases de la société en évoquant le racisme, l’homophobie ou le sexisme dans « batard », l’absence du père dans « papaoutai », tube de l’été 2013 au rythme joyeux et entraînant sur un texte grave.
Découvrez notre top 5 de l’album Racine Carrée de Stromae :
« Formidable »
Formidable coup de maître avec le clip « Formidable », tourné mi mai dans le centre ville de Bruxelles, où l’on voit le chanteur, ivre et hagard, devant des passants qui le reconnaissent et le filment avec leurs téléphones portables. Seuls, une jeune femme l’aide à se relever et des policiers lui proposent de le ramener, les autres le regardent comme une bête curieuse, ou l’ignore. Quelques heures plus tard la vidéo est diffusée sur internet, « stromae bourré .. », tout le monde se moque du chanteur, certains s’interrogent expliquant qu’il traverse une mauvaise passe suite à un chagrin d’amour.. mais trois jours plus tard, coup de tonnerre, stromae poste son nouveau clip, les mêmes images de la vidéo apparaissent mais prises sous un autre angle, avec des caméras cachées. C’était une mise en scène, le chanteur n’avait pas bu, il incarnait le personnage de sa dernière chanson « formidable », un garçon perdu qui vient de se faire plaquer. En une semaine, son clip totalise 4 millions de vues sur internet. C’est une magnifique opération marketing, tourné en caméra cachée où le chanteur joue en perdition devant des passants qui l’ont reconnu mais ne l’ont pas aidé, une troublante mise en scène de la notoriété, une réflexion sur l’indifférence et une chanson déchirante, mais surtout une interprétation de Stromae stupéfiante de vérité, car il vit cette chanson intensément, et avec talent !
L’idée du clip lui est venu suite à une mésaventure personnelle, et si faire ce clip n’a pas été facile pour le chanteur, se faire passer pour un type ivre , il a créé un énorme buzz sur la toile et montre un sacré courage et une prise de risque mais surtout un beau pied de nez à celles et ceux voyeurs qui l’ont vu mais ne se sont pas manifestés, si ce n’est en se moquant, en filmant ou en étant indifférent. Au travers de cette chanson, Stromae veut rappeler qu’en dépit de la notoriété, nous sommes tous humains et que tout le monde a droit à un moment de faiblesse.
Stromae est un artiste bourré de talent, novateur et terriblement humain, un vrai artiste qui a beaucoup d’humilité malgré son succès. Stromae n’a pas fini de nous étonner et surtout de nous enchanter et de nous faire danser sur des mots forts et des sujets touchants. Bravo et chapeau le Maestro !
Bonus :
Stromae a visiblement bouleversé Michel Drucker lors de son passage à Vivement Dimanche prochain. Une prestation live de « Formidable » à la hauteur de son talent !
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