Le débat sur le livre numérique publié aujourd’hui sur Save My Brain vous a interpellé ? Le même vaut pour la musique. Selon nous, certains titres devraient être bannis de téléchargement et d’écoute numérique. Voici pourquoi…
Pink Floyd – Welcome to the machine
PINK FLOYD-welcome to the machine par zaratoustra
Ecouter les Pink Floyd en MP3, c’est Presque criminel… En CD, c’est un peu mieux mais guère plus. L’album Wish you were here a été conçu pour être enregistré et écouté en 33 tours et rien d’autre. Face A et Face B forment deux tout, deux entité musicales qui doivent s’écouter chacune d’une traite, religieusement. Retourner la galette de vinyle à mi-chemin est indispensable ! Welcome to the Machine, titre qui clôt la face A après cinq parties de Shine on your Crazy Diamonds (les quatre autres parties sont sur la face B) devient incompréhensible si on l’écoute au hasard d’une lecture aléatoire. Les Pink Floyd, ça se mérite !
Comment l’écouter ? Sur une platine hifi Rega, le top du top
R.Wan – Long Song Single
Dans son Radio Cortex, R.Wan décrit la vie d’une chanson, œuvre artistique jetable par excellence. En ce sens, l’écoute au kilomètre sur un amas de MP3 pourrait parfaitement lui convenir. Mais ce serait presque trop bon, ça sous-entendrait que quelqu’un attache suffisamment d’importance à la musique pour la stocker. Le tube jetable s’entend à la radio, huit fois par heure pour mieux rentrer dans les cerveaux.
Comment l’écouter ? Sur un poste radio bon marché
Jean-Michel Jarre – Oxygène
Le son huit bit du très célèbre album Oxygène de Jean-Michel Jarre se prête bien à une écoute numérique. Cela dit, les arrangements très datés sembleraient anachroniques sur un support moderne. MP3 à fuir, donc ! Oxygène est sorti en 1976, il faut donc un appareil d’époque, pour conserver l’esprit kitsch de l’album. La constat vaut également pour Messe pour le temps présent, de Pierre Henry ou Pop Corn, de Hot Butter (la version originale de Gershon Kingsley, moins caricaturale, supporte plus de latitude).
Comment l’écouter ? Sur la première édition du Walkman de Sony, sortie en 1979
Zoufris Maracas – J’aime pas travailler
Ecouter de la musique en MP3, ça signifie avoir un objet pour l’écouter. iPod, ordinateur ou autre. Cela signifie l’acheter ou se le faire offrir. En tout cas, faire travailler de petits chinois pour le produire et céder aux sirènes de la société de consommation. Pas franchement l’esprit des chansons de Zoufris Maracas…
Comment l’écouter ? Jouée à la gratte sèche sur un plage, en sirotant dans un hamac.
Arno – Les filles du bord de mer
Arno – les filles du bord de mer par Ledandypop
Arno est un pro de la reprise. En s’appropriant les chansons des autres, il en transforme l’atmosphère au point que l’auteur n’y retrouve plus ses petits. On n’a jamais bien compris pourquoi le très sage Adamo, gendre idéal s’il en est, s’est un jour acoquiné à chanter Les Filles du bord de mer. Aussi, lorsque le rockeur ostendais s’y colle de sa voix rocailleuse et chargée de bière, le texte transformé en véritable pièce burlesque retrouve tout son sens presque paillard. Un fichier MP3 sur un impeccable iPod blanc, c’est trop propre pour ça. Impossible alors de profiter de cette ambiance de rade de rade, où les marins se lèvent en riant dans un bruit de tempête, referment leur braguette et sortent en rotant.
Comment l’écouter ? Sur scène, où Arno fait passer Mick Jagger pour un lymphatique
Fats Domino – Jambalaya
Les origines de ce titre remontent aux vieilles années de la Louisiane. Jambalaya on the Bayou est en effet la reprise par Hank Williams de Grand Texas, chanson traditionnelle de la région de New Orleans. Sans hésiter, on préfère la version de l’excellent Fats Domino, qui nous épargne la voix de canard du chanteur de country et nous ramène à l’époque bénie où R n’ B signifiait Rythm and Blues et non Rythm and Bitch. Un autre temps, une autre façon d’écouter la musique. D’ailleurs, ça ne s’écoute pas, ça se vit.
Comment l’écouter ? Sur une platine pas de toute première fraîcheur, histoire de profiter de la chaleur du crépitement du bras qui parcourt le sillon
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