A n’en pas douter, Etienne Daho a marqué les années 1980 et bien au-delà. Pour preuve, le Rennais semble aujourd’hui être source d’inspiration de nouveaux groupes. En tête de liste : Lescop et Sans Sébastien.
Etienne Daho, c’est une figure incontournable des années 1980. Sa voix monocorde et ses rythmes au synthé ont sans doute laissé autant de souvenirs que ses boucles brunes photographiées par Pierre et Gilles pour la couverture de son album La Notte, La Notte. Entre autres tubes, on retiendra Epaule Tatoo ou bien Tombé pour la France. Sans oublier Tu me fais tourner la tête, étonnante reprise d’Edith Piaf, presque aussi célèbre que l’original. Il faut dire que le challenge était de taille, pour l’homme qui, selon Jean-Louis Murat, a « la voix de la France qui s’essoufle ».
Malgré certaines critiques, Etienne Daho a su imposer son style au fil des ans et le faire évoluer. L’artiste a perdu ses boucles (au point que personne ne l’a reconnu à l’époque dans le public d’un concert d’Elli Medeiros) de manière aussi spectaculaire que son style a évolué. Le son des synthés a avancé vers plus de richesse, de complexité. Ses multiples collaborations, notamment avec Dani, Marianne Faithfull ou Charlotte Gainsbourg en ont fait une figure incontournable de la pop française.
La carrière d’Etienne Daho est loin d’être terminée et l’homme a d’ailleurs annoncé la préparation d’un nouvel album, prévu pour le printemps 2014. Mais si nous vous parlons de lui, ce n’est pas pour cela. Nous n’avons en effet aucune information à vous annoncer à ce propos, si ce n’est que Richard Woodcraft, l’arrangeur de ce futur album, est mon sosie. Ce qui est, avouez-le, bien mince pour un article. Non, si nous vous parlons de Daho aujourd’hui, c’est bel et bien parce que nous avons senti une influence soudaine sur une jeune génération, que nous allons vous présenter.
L’exemple le plus flagrant est sans conteste Lescop. Egalement d’origine bretonne, il a lancé l’an dernier un album éponyme dont nous n’avons pu vous parler (par manque de temps ou par fainéantise, nous ne saurions vous dire…). Il s’agit là de son premier album solo, après quelques années passées auprès du groupe Asyl.
Son premier extrait, La Forêt est assorti d’un clip minimaliste. On y retrouve tout le Daho des années 1980, avec un son légèrement remis au goût du jour, par simple évolution technique des instruments de musique numériques, sans doute. Voix monocorde, mélodie qui s’économise, même façon de danser sur un seul mètre carré… La copie apparaît conforme et guère innovante. Tout au moins l’ensemble est-il léché et maîtrisé.
J’étais justement en train de me dire l’autre jour que nous avions oublié de vous parler de Lescop, pile au moment où je tombe sur Sans Sébastien. Et là, vous l’aurez deviné maintenant puisque c’est le fil de cet article, je trouve un Daho bis (pardon, un Daho ter). En fait, cet Etienne au deuxième degré est un duo, composé de deux parisiens prénommés Cyril et Nicolas. Le « deuxième degré » de ma précédente phrase n’est pas innocent. En effet, si la diction et le rythme rappellent le chanteur rennais, Sans Sébastien a su prendre suffisamment de distance.
Il y a du velouté dans la voix, des mélodies originales et cool, un côté hype dans les synthés… Côté hype d’ailleurs confirmé par une vidéo tournée lors de la fashion week parisienne. Pour l’instant, il n’y a pas encore d’album, juste un EP intitulé Pop Love et sorti le 25 mars dernier (ils seront également en concert aux Trois Baudets les 30 mai et 11 juin prochains). On sent bien que BB ou Champagne ne se prennent pas au sérieux. La mèche à la Philippe Katherine d’un des deux membres du groupe laisse espérer un certain potentiel de délire. Quant aux chœurs entêtants et au second degré des textes, ils rappellent un peu de Séverin (lire notre chronique sur Séverin). Il y a pire référence et quelque chose nous dit que Sans Sébastien pourrait transformer l’essai Daho bien mieux que Lescop, avec une personnalité propre. Quant au vrai Etienne, son style s’est éloigné depuis belle lurette de ces bluettes…
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