Gerhard Richter est à classer parmi les inclassables. A la croisée des chemins entre pop art, hyperréalisme et expressionnisme abstrait, son œuvre monumentale se dévoile au Centre Pompidou dans une exposition à sa mesure.
Comme de nombreux artistes abstraits, Gerhard Richter a commencé par sa carrière artistique par des tableaux figuratifs. Avec toutefois une volonté : le choix des sujets, éloignés le plus possibles d’une quelconque émotion. Coupures de presse et objets y sont reproduits avec une rigueur méthodique, simplement floutés par un passage de brosse alors que la peinture n’est pas totalement sèche.
La suite pourrait ressembler à du Jackson Pollock. D’immenses toiles abstraites se présentent aux yeux du visiteur. La différence se situe dans la manière. Là où Pollock se jette à corps perdu dans une œuvre totalement spontanée et nombriliste, Richter cherche au contraire à composer sa toile petit à petit, comme un musicien le ferait pour une symphonie. Pour ne rien gâcher, le résultat se montre parfois fort esthétique, notamment lorsque l’artiste choisit l’aluminium pour support, jouant avec la réflexion de ce matériau.
Etonnamment, malgré cette production abstraite plutôt prolixe, Richter n’a jamais abandonné le genre figuratif. C’est dans cette partie de son œuvre que l’on doit finalement trouver l’expression de sa personnalité, par le choix des sujets. Contrairement à ses débuts en effet, l’artiste s’est mis à sélectionner des sujets qui le touchaient, comme des membres de sa famille, parfois à portée politique, comme une série de toiles réalisées à partir de coupures de presse relatant une fusillade. Toujours, l’envie de peindre demeure chez Richter. Malgré l’avènement du numérique, il juge ce medium toujours pertinent, comme le prouvent ses dernières œuvres.
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