Plus le temps passe et plus les jeux vidéos se veulent violents ou trash, sûrement pour satisfaire un public qui en demande toujours plus. La censure dans ce milieu a toujours été présente mais peu flagrante : remplacer le sang par de l’eau (la série Metal Slug sur Neo Geo), enlever tout symbole rappelant le nazisme (Wolfestein 3D sur Super Nintendo), ou encore suppression des cadavres (dans la version Australienne de Left 4 Dead 2). Pas si terrible que ça pour l’instant. Seulement voilà, le « scandale » touche la (ô combien) fameuse firme nippone, Nintendo. En effet, depuis quelques semaines la Team Meat négociait avec Nintendo afin de voir un de leur jeux, Binding of Isaac, sortir sur 3DS.
La Team Meat s’est fait connaître ces dernières années grâce à Super Meat Boy, sorti d’abord en 2008 en jeu flash puis en 2010 sur Xbox-Live et sur PC, jeu dans lequel on incarne Meat Boy, un morceau de viande, volant au secours de sa dulcinée, Bandage Girl, enlevée par Dr. Fetus (le nom parle de lui-même je crois). Référence aux bons vieux Super Mario Bros, ce jeu se démarque surtout par son côté trash puisque le héros est un morceau de viande laissant derrière lui une trainée de sang qui doit slalomer entre divers scies et missiles pour retrouver sa douce, la moindre erreur le transformant alors en steak haché. En septembre 2011, la Team Meat sort Binding of Isaac considéré comme le successeur de Super Meat Boy. Dans ce jeu, le joueur incarne Isaac, nouveau-né que la mère a décidé de sacrifier suite à la demande de Dieu pour prouver sa foi. Isaac qui a tout entendu s’enfuit et se réfugie dans un labyrinthe rempli de monstre, pour la plupart nourrissons déformés à la limite des morts-vivants. Le jeu, malgré son univers assez gore, fait référence au tout premier Zelda.
Et pourtant malgré l’amour de la Team Meat envers la firme nippone, Nintendo a décidé de censurer le jeu en refusant que ce dernier fasse parti du catalogue de la 3DS. Ambiance (trop) gore me direz-vous ? Non. Ce qui rebute les japonais n’est autre que la présence importante de contenu religieux. En effet Binding of Isaac se base sur l’histoire biblique d’Abraham à qui Dieu demanda de sacrifier son propre fils. « Dieu merci, Steam existe » ironise Edmund McMillen, le créateur du jeu. En effet, la plateforme de jeu sur PC n’est pas atteinte par la censure et propose un large panel de jeu. Rappelons que, quand Nintendo est arrivée sur le marché du jeu vidéo, la firme avait donné à cette industrie un second souffle en n’acceptant sur sa console (la NES à l’époque) que du contenu de qualité. Mais ici avec Binding of Isaac, la qualité est bien présente. Pour preuve, le jeu a été très bien reçu par les joueurs mais aussi par la critique, surtout pour un jeu indépendant. Malgré le côté gore du jeu, Nintendo avait déjà accepté de coller au jeu la classification M (à savoir interdit aux moins de 18 ans). Ce que l’on peut déjà leur reprocher c’est que la censure n’est pas dûe au contenu du jeu, qui soit dit en passant n’est pas plus gore qu’un MadWorld, mais uniquement donc à la présence d’une référence religieuse.
Sachant que la plupart des joueurs sont sur console, le problème de l’accessibilité se pose. On se retrouve donc avec d’excellents jeux indépendants sortis à prix dérisoire (5 voire 6€) sur PC mais qui, sous prétexte de religion, ne pourront connaître le succès qu’ils mériteraient. « Pouvez-vous imaginer que Sony refuse de vendre le DVD du film Sleepers parce qu’ils ne veulent pas qu’on les associe à un film sur la pédophilie ? », voilà l’avis de Jonathan Holmes qui travaille pour le site destructoid.com et c’est ce que l’on peut reprocher à la firme nippone : ne pas prendre le risque de sortir Binding of Isaac sur 3DS afin de préserver leur image.
Après avoir sauvé le jeu vidéo il y des années, Nintendo est-il donc en train de le tuer en y instaurant une forme de censure jusque là inexistante dans ce domaine ? La firme nippone va-t-elle changer d’avis en voyant la réaction que cette décision a suscité auprès des joueurs ? Affaire à suivre donc…
1 Comment
sonia
1 mars 2012 at 22:13Je joue très peu par manque de temps mais en effet on sait que c’est un univers qui tend à être très contrôlé. le sang à la limite ça passe, mais la religion de toute façon c’est toujours problématique. après je sais pas si la censure peut vraiment amener à une perte de qualité notable, je m’y connais pas assez. en tout cas article très intéressant.