La semaine dernière, en clôture des fêtes de fin d’année, vous vous êtes éclatés la panse à tel point que vous avez remis vos pantalons de femme enceinte. La semaine dernière, vous avez dû faire face au cruel dilemme entre frangipane et pâte d’amande. La semaine dernière, vous avez perpétué une vieille tradition familiale dont le résultat final est de porter une couronne ridicule (elle n’est même pas en or ! N’importe quoi !). La semaine dernière vous vous êtes pétés un plombage sur la fève en porcelaine. La semaine dernière, vous avez fêté l’Epiphanie. Eh ouais !
Le terme « Epiphanie » vient du grec (comme les kebabs), il signifie « apparition » ou « présentation ». Il s’agit d’une fête chrétienne, mais dont les origines lointaines remontent à la Rome antique. Le 6 janvier marque la fin du solstice d’hiver, et l’on commence vraiment à voir les jours se rallonger. Il s’agit d’une fête de la Lumière, qui s’inscrit dans le cycle des fêtes païennes à la gloire de Mithra, sur lequel s’est fixée la fête de Noël.
Il s’agit également du moment où les romains fêtaient les Saturnales. Il s’agit de fêtes en l’honneur de Saturne, père de Jupiter, vaincu par ce dernier. La fête des Saturnales marquait un bouleversement provisoire et modéré de l’ordre des choses : en clair, les esclaves jouissaient d’une certaine liberté durant la semaine des Saturnales. Il y avait même des inversions, le maître devenant esclave… Chez les militaires, les soldats élisent un roi qui peut faire tout ce qu’il lui plaît : ils tirent au sort à l’aide d’une sorte de fève un condamné à mort qui devient roi le temps de la fête. Il sera quand même exécuté à la fin des Saturnales.
Comme l’essentiel des fêtes chrétiennes, l’Epiphanie est donc calquée sur une fête romaine, et des traditions païennes sont intégrées dans le déroulement de la liturgie. Pour les chrétiens, l’Epiphanie est la présentation de Jésus en tant que Messie, par la visite et la présentation aux Rois Mages.
Ces derniers ne sont pas nommés dans la Bible, mais l’évangile de Saint Mathieu en parle (2 :1-12) tandis que Luc évoque des bergers (2 :15-21). C’est la tradition qui les a nommés : Balthazar, apportant la myrrhe (une sorte de gomme utilisée pour les produits pharmaceutiques ou cosmétiques), Gaspard, qui apporte l’encens (résine dégageant un parfum lorsqu’on l’a fait brûler) et Melchior, apportant l’or. Ces Rois Mages symbolisent le côté universel de la présentation de Jésus : Gaspard à la peau foncée, Balthazar a la peau cuivrée et Melchior la peau blanche, marquant ainsi les différents peuples connus à cette époque, et le fait que des rois de ces contrées lointaines viennent reconnaître Jésus comme un Messie universel.
La galette des rois a également une vieille légende. Selon certains auteurs, elle était sensée représenter le soleil, dont le retour est fêté par les Saturnales. Par la suite, il s’agissait d’un gâteau que l’on offrait à son seigneur au moment des redevances féodales (qui survenaient en janvier). La tradition voulait que l’on coupe autant de parts qu’il y a de convives, plus une pour le premier pauvre qui vient demander l’hospitalité. Le plus jeune des enfants désignait alors les personnes au fur et à mesure de la découpe des parts.
Et dire que moi, je n’ai jamais gagné à ce jeu…
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