Bien que méconnu, Kim sort un dix-neuvième album intitulé Radio Lee Doo, à l’âge de trente-quatre ans. Rencontre avec un artiste décalé.
Radio Lee Doo constitue le dernier opus d’une trilogie, dont les deux premiers opus s’appelaient Don Lee Doo et Mary Lee Doo. Cette série Lee Doo s’achève sur une note vintage, en même temps qu’elle constitue le dernier élément en date d’une luxuriante discographie entamée à l’âge de seize ans.
Avec cet album, Kim séduit par un cocktail qui surprend à chaque nouvelle piste. De l’électro un peu disco (To Kremlin) au rythme cyclique de I’m Getting Old en passant par Muriel, dans le plus pur style Supertramp, tous les titres présentent un caractère bien distinct. Au point qu’il est difficile de classer cet album. Mais en ces périodes où les classements et liste apparaissent à un rythme effréné, faut-il nous en plaindre ?
Savourons donc ce Radio Lee Doo comme il se doit et laissons Kim se présenter.
Save My Brain : Si tu devais te présenter en quelques mots… ?
Kim : Je m’appelle Kim, c’est mon prénom. J’ai 34 ans. J’aime beaucoup les biscuits.
SMB : Comment as-tu défini ton style musical ?
Kim : Je joue du « Blues de Geek ». Une musique de confession avec des gammes pentatoniques jouées sur des instruments de personnes sociopathes. Il y’a aussi un peu de disco, un peu de garage et des voix beaucoup trop aigues pour moi à chanter, mais que j’entends comme ca dans ma tête. Alors je les chante et je souffre de la gorge. Plus je vieillis, plus je chante aigu. On dirait un type qui serait coincé dans une pièce avec de l’eau qui monte. Ca ressemble à ca, mes chansons. Un mec sur la pointe des pieds avec l’eau qui monte dans la pièce.
SMB : Peux-tu nous raconter tes débuts sur scène ?
Kim : En 1980 je suis monté sur scène pendant un concert de Telephone et j’ai joué de la batterie à la place du batteur qui n’était pas encore sur scène. Je ne m’en souviens pas. Mais il parait que c’était marrant. Plus tard en 1990 j’ai joué de la batterie avec l’orchestre de l’école. J’avais peur mais ca m’a plu. La fois d’après j’ai joué les Cure dans un restaurant en tant que batteur. Mon ami jouait de la guitare très fort et je tapais très fort. Donc ca faisait chier les vieux et je me suis dit que faire chier les vieux pourrait être un métier motivant pour la vie. Aujourd’hui j’essaie tant bien que mal de faire chier les vieux. Parfois je me dis que je ne fais pas très bien mon boulot, car je vieillis. Ca m’angoisse.
SMB : Quels sont les albums qui traînent sur tes étagères et qui t’ont bercé ?
Kim : Avalon de Roxy Music m’a bercé. Pizza de Baschung aussi. Nuit d’amour de Lavilliers et Promise de Sade. Plus tard Boys don’t cry des Cure. Et aussi La Salsa du démon.
Après je suis devenu snob et j’ai acheté toutes sortes d’albums indie pop minables que je n’écoute jamais mais qui font parler les snobs quand j’en croise. Puis j’ai acheté des disques moins chers dans les brocantes car je n’avais plus un rond. J’ai alors découvert le soft rock et depuis j’aime tout ce qui est laid. Je trouve fascinant le hard rock fm aussi.
SMB : Plutôt scène ou studio ?
Kim : Plutot scène en studio. Ou studio sur scène! Comme cet album de Neil Young en 1973! Je fais rarement plus de trois ou quatre prises lors de mes enregistrements, ce qui les rend live, spontanés. Au délà de trois ou quatre prises, je ne m’amuse plus. Pour la scène, c’est pareil. J’aime bien l’idée de réinventer des chansons en live, leur offrir une nouvelle interprétation, improviser. C’est plus amusant que de réciter des chansons. Si je joue deux fois de suite la même chanson de la même manière, j’ai l’impression de mentir et d’être un soldat. J’aime pas ca.
SMB : Quelle est la suite pour toi ?
Kim : La musique. Il n’y a que ca que j’aime. Des concerts, des disques. C’est ce que j’ai fait ces dernières années. Et bien je vais faire encore pareil.
SMB : Notre magazine s’appelle Save My Brain… Sauver les cerveaux. Comment peut-on le faire ?
Kim : Je n’en ai aucune idée. Peut être en mangeant beaucoup plus de biscuits. Mais je comprends que cette réponse te semble peu convaincante.
Un jour, j’arriverai à prouver que le biscuit est peut être notre meilleur ami.
SMB : Quels ont été tes derniers coupe de cœur culturels (musique, livres, cinéma…) ?
Kim : En musique, c’est Geneva Jacuzzi. Des livres, je n’en lis jamais et le cinéma est trop loin, et il y’a cette file d’attente. Je n’aime pas trop attendre dans la file d’attente. Peut être qu’avec des biscuits je pourrais attendre et voir des films. A condition que ce soit des films sur les biscuits, ou alors des adaptations de livres qui parlent de biscuits.
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