Au moment où j’écris cet article tant attendu (je n’en doute pas une seule seconde), j’ai froid. Et c’est emmitouflé dans une grosse couette, un vin chaud à la main que je suis tétanisé : que sujet pourrait intéresser mes lectrices si adorées ? C’est en dépit du vent froid traversant mon esprit d’habitude si fécond, que me vient une idée géniale : d’où c’est qu’elle vient la confiture ? Nimbée de vos images d’enfance où la confiote était amoureusement préparée par grand maman, vous revivez intérieurement les moments où vous étaliez généreusement cette mixture sucrée sur vos tartines. Replongeons dans votre enfance bénie pour découvrir les secrets de cette si délicieuse nourriture !
La confiture ne s’est développée que tardivement en Europe du fait de son principal ingrédient : le sucre. Connu sous l’Empire romain, il est cependant trop cher pour devenir une denrée courante. Il se développe plus avec les conquêtes musulmanes au VIIè – IXè siècle (faisant des territoires compris entre l’Espagne et la frontière chinoise un territoire régi par une seule et même religion) qui apporte le sucre sur les tables européennes. Pourtant, ce n’est pas en tant que douceur que celui-ci se propage mais en tant que médicament : il est souvent appelé létuaire, du latin eleucterium, qui signifie « médicament à lécher ». La confiture est essentiellement fabriquée pour cet usage. Ainsi, le célèbre Nostradamus, le célèbre astrologue apothicaire, écrivit un traité médical sur l’art de préparer la confiture au XVIe siècle.
L’augmentation des échanges entre les Européens et les contrées productrices permit de diffuser le sucre et les confitures. Ainsi, les premiers confiseurs apparaissent au XVIIe siècle et commencent à vendre les confitures en tant que douceurs sucrées. Sous le terme général de « confiture » sont en effet regroupés les fruits au sirop, les fruits confits, les bonbons et les fruits cuits au sucre. Le remplacement du sucre de canne par le sucre de betterave (Picardiiiiiiiiiiiiiiiiiiie !!!!) au début du XIXè siècle va permettre d’augmenter la production à moindre coût de sucre, et donc, de tous les produits sucrés.
Les confitures sont aussi utilisées pour conserver plus longtemps les fruits fragiles (pas de frigo au Moyen Age, les pauvres !) comme la fraise ou l’abricot. Elles sont en fait des préparations où la pulpe des fruits est uniformément distribuée dans un sirop sacrément épais. On peut faire des confitures avec n’importe quel fruit.
On a parfois tendance à confondre la confiture avec la gelée ou la marmelade. Nonobstant le fait que cette confusion devrait entraîner la mort dans d’atroces souffrances, il convient cependant de vous informer, de peur que vous soyez lapidée pour des raisons purement confiturophile.
La gelée est une confiture où n’est pas conservée la pulpe des fruits (beurk !). Elle doit contenir au moins 35% de fruits (re beurk) et si elle est trop liquide, c’est du sirop (infect avec du pastis !).
La marmelade quant à elle est à l’origine une confiture de coing (marmelo en portugais), comme celle que dégustait Gargantua dans les œuvres de Rabelais. Aujourd’hui, c’est plus une confiture d’agrumes qui doit contenir 20% au moins de fruits.
Voilà, mes chères lectrices adorées, la petite histoire de la confiture. Repensez y à chaque fois que la tartine tombe du mauvais côté !
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