Yves Saint Laurent aimait les femmes. Profondément, tendrement. Bien qu’elles n’aient pas ses faveurs amoureuses. Ou justement grâce à ça. A travers son oeuvre, il leur a rendu hommage, les a transcendées, sublimées. Et si nul n’oserait remettre en question son génie créatif, il serait tout de même injuste d’oublier ceux et celles qui l’ont inspiré, accompagné, soutenu. Parmi eux, entre nombre d’autres, sa moitié, Pierre Bergé, mais aussi « son porte bonheur », Catherine Deneuve, et ses muses Betty Catroux et Loulou de la Falaise.
Cette toute dernière est décédée samedi 5 novembre, à seulement 64 ans, des suites d’une longue maladie. Sa disparition a causé, au sein de la fondation Pierre Bergé, une « immense tristesse », que l’on partage et comprend aisément. Car, plus qu’une simple muse, elle a été une des plus proches collaboratrices et amies d’Yves Saint Laurent.
Entrée dans la maison en 1972, seulement quatre ans après leur rencontre, elle sera en charge des « mailles et accessoires », des bijoux « Haute couture », puis de la collection de prêt-à-porter « Rive Gauche ». Quand le créateur prendra sa retraite, en 2003, elle lancera sa propre marque de bijoux. Elle ne pourra jamais arrêter d’imaginer, de dessiner, de créer. YSL disait d’elle qu’elle possédait « l’étrange pouvoir d’un don de légèreté, mêlé à une acuité irréprochable de son regard sur la mode. Intuitif, inné, particulier. »
En plus de ses talents de créatrice, Loulou possédait une beauté altière, une élégance naturelle qui a fait d’elle une des figures incontournables de la mode, jusqu’à aujourd’hui. Sa grâce, son allure en faisaient une parfaite incarnation de la parisienne, bien qu’elle fut, ironiquement, de naissance anglaise. A ses débuts en tant que mannequin à New York, elle s’était nourrie des influences de grands noms tels qu’Andy Warhol, Richard Avedon ou Helmut Newton.
Une silhouette iconique, un flair hors du commun, une présence incontournable et une gaieté inaltérable… La haute couture française a perdu une de ses plus belles ambassadrices.
On gardera d’elle un amour profond pour une mode personnelle, instinctive, loin des contraintes et des diktats qui semblent parfois imposés. Une mode joyeuse et décomplexée, dont Loulou se faisait l’apôtre.
« Les accessoires ont un rôle important dans nos vies stressantes. Si vous sortez dîner et que vous n’avez pas le temps de rentrer vous changer, vous pouvez enlever votre veste et mettre un bijou. C’est beaucoup plus facile que de porter une robe de soirée dans le métro! »
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