Il y a quelques semaines, alors que je m’étais décidé à m’accorder une grasse matinée bien méritée, je sursaute soudain ! Une sonnerie stridente et prolongée me tire de la douce torpeur : il s’agit de la sonnerie de l’école primaire à trois maisons de chez moi… Et là, partagé entre l’ire (les gamins qui braillent) et la joie (leurs ravissantes mères venant les chercher), une idée vint frapper mon intellect : pourquoi les vacances d’été durent-elles si longtemps ? Mettez vous à l’aise, je suis là pour ça !
Cette histoire de vacances longues durées remonte à l’instauration de l’école gratuite laïque et obligatoire, durant les années 1880. Jusqu’en 1922, les vacances d’été étaient plus courtes (du 5 août au 20 septembre en 1900 par exemple), différentes selon les niveaux et même facultatives pour les classes de maternelle.
Après 1922, le concept change : les vacances d’été sont rallongées, non pas pour satisfaire les élèves, mais plutôt les parents : dans les années 1920 et jusqu’au milieu des années 1950, la majorité de la France est encore rurale (49% de la population active). Les mois de vacances d’été permettaient ainsi aux élèves d’aider leurs parents dans les champs pour les moissons ou pour les vendanges. Le défaut essentiel de ce procédé résidait dans le fait que les élèves arrivaient le jour de la rentrée aussi fatigués que moi après une séance de dédicaces dans le SMB Building.
Pour ceux qui ne vivaient pas à la campagne, ces deux mois de vacances étaient également avantageux, les congés payés étant accordés dès 1936 (à savoir deux semaines de vacances payées par l’employeur, une innovation sociale apportée par le Front populaire), et se développant durant les années 1950 (les congés payés passant de deux à trois semaines en 1956). Cela permit un très net essor du tourisme, notamment balnéaire, l’été demeurant quand même la saison la plus agréable pour aller tremper son popotin dans l’eau.
C’est durant les années 1960 que les vacances d’été sont les plus longues, occupant un total de dix semaines (28 juin – 16 septembre) avant d’être réduites et d’occuper la période que nous connaissons, à savoir les huit semaines de juillet et août, car, dans le même temps, des petites vacances sont créées à la Toussaint et en hiver.
Dans les années 1980, ce sont les rectorats qui sont chargés de définir les dates des vacances. On se retrouve donc avec vingt-huit zones de vacances différentes ne pouvant pas excéder onze semaines et s’étalant du 15 juin au 1er octobre. Mais cette méthode est un échec, et le gouvernement reprend les choses en main. Ainsi est instauré le 7/2, à savoir sept semaines de travail pour deux semaines de vacances, se concluant par les deux mois de congés estivaux, avec la reconquête du mois de juin (examens, partiels,…).
Pour simplifier, les deux mois de vacances n’ont quasiment jamais eu pour but de satisfaire les élèves mais plutôt les considérations économiques : les élèves devenaient de la main d’œuvre gratuite pendant les moissons, ou partant en vacances avec leurs parents, faisaient le bonheur des professionnels du tourisme. Toutefois, depuis peu, un courant existe ayant pour but de reculer les vacances d’été et d’intercaler une semaine de vacances afin de couper les douze semaines qui séparent les vacances d’avril de celles d’été.
D’ailleurs, chère Rédac Chef, au sujet des vacances, est-ce qu’on y aura droit cette année ?
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