Certains matins, vous sentez que vous feriez mieux de rester couché. Et parfois, non seulement le reste de la journée vous confirme cette sensation matinale, mais en plus vous avez la désagréable impression d’avoir épuisé tout votre capital chance d’un coup. Comme se faire voler son portefeuille à 300 km de chez soi, dans une ville que vous ne connaissez pas, un dimanche soir, deux heures avant d’embarquer pour l’étranger, par exemple. (Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes serait purement fortuite). Perdre son portefeuille (ou se le faire voler), ce n’est que le début des emmerdes -si je puis me le permettre.
C’est lorsqu’on n’a plus son portefeuille que l’on se rend compte à quel point c’est handicapant. Plus de sous, plus de carte d’identité, plus de carte bleue, plus de permis, plus de carte vitale, et surtout -surtout !- plus de carte de fidélité de planète sushi. Vous devez justifier cinquante fois que vous n’avez plus rien pour prouver votre identité … La première chose sensée à faire dans un cas pareil est de faire opposition pour sa carte bleue. Car même si vous ne gardez pas le numéro de la carte dans le portefeuille (vous ne faites pas ça, hein ?), mieux vaut éviter de se faire vider votre compte en banque en plus de tout ce que vous avez perdu. Ensuite, un petit tour à l’hôtel de police s’impose. Déclaration de perte ou de vol selon le cas, vous allez devoir user de votre plus belle plume pour remplir la paperasse demandée. « Inscrivez le numéro de votre carte d’identité ici ». Sérieusement, vous le connaissez par cœur, le numéro de votre carte d’identité, vous ?
On vous indique la salle d’attente avant de rencontrer quelqu’un qui va prendre votre déposition comme dans Julie Lescaut, vous avez donc intérêt à noter à l’avance tout ce dont vous vous souvenez qui serait susceptible de se trouver dans le portefeuille disparu. Plus la liste s’allonge, plus vous vous dites que la galère ne fait que commencer : faire refaire les essentiels, mais aussi les abonnements de bus, de métro, de bibliothèque, carte de photocopie, cartes de fidélité, carte 12-25, carte Smiles… tout ça pour un mec qui aura gagné 10€ et vous aura mis dans une sacré mouise.
En sortant de l’hôtel de police, n’hésitez pas à trouver un photomaton pour vous refaire tirer le portrait (vous allez avoir besoin de pas mal de photos pour refaire tous les papiers). Munie de votre œuvre d’art en 4 exemplaires, dirigez-vous vers la Préfecture et prenez un ticket (ainsi que votre mal en patience) afin d’accéder au guichet qui est sensé vous délivrer un nouveau permis de conduire. Sauf qu’on vous apprend que pour avoir un nouveau permis de conduire, il faut présenter une pièce d’identité. Bon. On respire. La carte, on verra plus tard, étant donné qu’il faut se rendre à la mairie de sa ville (et que si comme moi vous habitez un patelin au beau milieu de nulle part, autant finir ce qu’il y a à faire en ville).
Passage à votre banque également, histoire de ne pas rester SDF trop longtemps. Avantage : la carte bleue est remplacée rapidement.
Pour la carte vitale, c’est autre chose ; pas la peine d’aller à la Sécurité Sociale si vous êtes étudiants, il faut aller la demander directement à votre sécurité sociale étudiante (LMDE, Vittavi, etc…). Une fois sur place, détrompez-vous: vous ne récupèrerez pas votre carte mais un papier à compléter. « On vous fera parvenir votre carte par courrier sous deux semaines environ ». Autrement dit, une éternité. Et deux semaines plus tard, ce n’est même pas une carte qui arrive dans votre boîte aux lettres, mais un autre formulaire à remplir et à renvoyer. Vous voyez la maison des fous dans les Douze Travaux d’Astérix ? Vous y êtes.
Ah, la carte d’étudiant ? Coup de téléphone au secrétariat de la fac « On ne la refait pas ». Traduction : cet été, payez votre ciné plein pot pour la peine. Vous croyez que le prix de la place se déduit de l’assurance ?
La carte d’identité, c’est très drôle à faire refaire aussi. « Il vous faut un timbre fiscal de 25€… Oui, car vous voulez la faire refaire mais vous ne pouvez pas me présenter l’originale donc c’est 25€. Le timbre fiscal ? Dans un bureau de tabac… La carte ? Vous l’aurez sous huit jours. » Autant vous dire que huit jours plus tard, point de carte d’identité.
Au final, une seule journée n’est pas suffisante pour faire le tour de tous les endroits possibles pour faire refaire les papiers. Prenez votre mal en patience, deux semaines après, vous serez loin d’avoir tout récupéré. Sans compter toutes ces petites conneries sentimentales qu’on peut garder dans un portefeuille. Mais on s’en remet. Et on ne garde plus que le strict minimum sur soi. Et on sépare bien le porte monnaie du reste des papiers.
1 Comment
*Marie*
20 juillet 2011 at 9:28J’ai perdu mes papiers en septembre alors que je venais de m’installer à Nantes, ville que je ne connaissais absolument pas… Mon étape préférée: le commissariat pour déclarer la perte « il vous faut une pièce d’identité » Nyah j’en ai pas je viens déclarer la perte « Ah désolée mais je peux pas vous inscrire sur le registre alors, revenez avec » >___> heureusement que chez moi j’avais une vieille photocopie de ma carte d’identité…
Grâce à ça j’ai pu découvrir Nantes très rapidement, et surtout je bénis les objets trouvés, une semaine après la galère à crapahuter partout, je les appelle au cas où (c’est surtout mes lunettes de vue pour lesquelles j’étais déçue je les aimais trooop) et là ils ont retrouvé mon sac tadaaaaam.
Je repars pour un journée de crapahutage dans la maison des fous (voui parce que c’est tellement ça l’administration française) mais avec le sourire c’est pour annuler ^__^