Il est un événement très important dans l’histoire de France, à tel point que ses conséquences se font encore sentir aujourd’hui, dont on n’a absolument pas parlé, et qui a pourtant fêté son 140è anniversaire au mois de mai : il s’agit de la Commune de Paris (mars-mai 1871).
Le contexte est la guerre franco prussienne de 1870. Après la déclaration de guerre de la France contre la Prusse, principale nation d’une Allemagne qui ne sera proclamée à Versailles qu’en janvier 1871, une série de batailles perdues entraîne la chute de Napoléon III et la proclamation de la IIIè République. Paris se retrouve encerclée tout l’hiver et connaît une grave famine. Une nouvelle Assemblée nationale est élue (alors qu’un tiers du pays est occupé) et c’est une majorité monarchiste, favorable à la paix, qui s’impose en février 1871. La population parisienne rejette cette « assemblée de paysans » car elle estime s’être bien battue et ne veut pas connaître l’humiliation de la défaite alors que la ville n’a pas été prise par les Prussiens. Les tensions s’exacerbent, à la fois par la frustration, la faim, la pauvreté, au point que le gouvernement et l’Assemblée quittent la capitale pour Versailles le 10 mars 1871.
Afin de prévenir une révolte, le gouvernement, mené par Adolphe Thiers (1797-1877), ordonne la prise des pièces d’artillerie entreposées à Paris. Il s’agit de 227 canons que les Parisiens ont achetés pour leur défense. L’opération a lieu le 18 mars dans la nuit et est une réussite : à Montmartre, à Belleville, les canons sont pris sans problèmes, mais il n’y a pas de chevaux pour les transporter. A leur réveil, les Parisiens, qui craignent que l’absence de leurs canons ne nuisent à leur sécurité, s’opposent à la prise des canons, et font fusiller les généraux commandant l’opération. L’insurrection éclate.
La Commune de Paris organise la défense et met en place ses lois. Il s’agit avant tout d’un système ouvrier (on est en ville), accordant de nombreux avantages aux prolétaires, comme la suspension du paiement des loyers, ou la distribution de repas chauds. La Commune est également le déclencheur du mouvement de l’émancipation des femmes : ces dernières se battent aux côtés des hommes, comme Louise Michèle (1830-1905) célèbre militante anarchiste, elles se battent également pour l’égalité des salaires qu’elles commencent à obtenir sur la fin de la Commune.
C’est également la Commune qui proclame l’enseignement gratuit et laïque. Mouvement populaire, qualifié d’anarchiste, elle ne pouvait qu’entrer en conflit avec l’enseignement confessionnel, plus proche des milieux royalistes au pouvoir (l’enseignement deviendra laïc et gratuit en 1881 et 1882). Dans le même temps (2 avril), la Commune décrète la séparation de l’Eglise et de l’Etat (qui ne sera voté qu’en 1905).
En dépit de ces mesures révolutionnaires, la Commune, perçue comme un mouvement de citadins dans un pays à majorité rurale, ne se répand pas dans le pays. Thiers rassemble une armée à Versailles afin de reprendre la ville. Il obtient des Prussiens, toujours présents au Nord de Paris de mettre des troupes en place pour bloquer les accès Nord et Est, la ville étant toujours fortifiée. Le 21 mai, grâce à une trahison, les troupes versaillaises pénètrent dans l’enceinte de la ville par la porte de St Cloud. Commence alors la « Semaine Sanglante » : la ville est reprise quartier par quartier, au rythme des combats de rues et des exactions de part et d’autre : les Tuileries, l’Hôtel de Ville, le palais de justice, le palais de la Légion d’Honneur…sont ravagés par les flammes, le Louvre manquant d’être détruit mais sauvé par un colonel versaillais.
La répression s’abat sur la ville : 20 000 personnes sont fusillées sans jugement, sans compter les morts au combat, les otages exécutés (dont l’archevêque de Paris)…Plus de 10 000 condamnations furent prononcés mais il y eut à peine une vingtaine d’exécutions. Tout est fini le 29 mai 1871.
La Commune a changé le monde et Paris. Tous les mouvements révolutionnaires qui suivront (révolution russe, bolchevique, espagnole,…) se diront descendants de cet événement, Lénine dansant même lorsque la révolution bolchevique dépasse d’un jour la durée de la Commune.
C’est pour expier les crimes de la Commune qu’est construite la basilique du Sacré Cœur, à partir de 1873. C’est suite à la Commune que la ville de Paris ne connaîtra pas de maire avant 1977.
Beaucoup de chercheurs y ont vu le début du mouvement ouvrier qui prendra son essor dans les années 1890, mais le fait est qu’il s’agissait d’un mouvement populaire égalitaire dont la plupart des lois seront votées et appliquées. Les principes républicains que l’on revendique aujourd’hui sont issus d’un mouvement révolutionnaire.
No Comments