Comme toujours HBO règne en maîtresse des séries originales. Ce mois-ci, je vous emmène dans l’Utah pour rencontrer Bill Henrickson, homme d’affaire accomplit et mari de trois femmes.
Big Love traite d’un sujet tabou dans nos sociétés contemporaines : la polygamie.
Bill Henrickson a grandi dans le camp de Juniper Creek, une communauté mormone qui vit en complète autarcie du monde avant d’être jeter dehors. Il a alors monter une affaire lucrative de grandes surfaces tout en continuant de vivre selon « The Principal ». Bill possède alors trois maisons, trois femmes et une tribu d’enfants.
La première femme de Bill, Barbara, est l’épouse officielle. C’est elle qui représente en société, avec leurs deux enfants. La seconde épouse, Nikki Grant est la fille du puissance Roman Grant, le chef de Juniper Creek. Très respectueuse des traditions, elle vit pour sa foi et son mari. Enfin, la dernière femme, Margene Heffman, la plus jeune est complètement étrangère à la polygamie et a suivi Bill dans cette aventure par amour pour lui.
La série s’axe sur plusieurs points qui s’entremêlent. En effet, les familles Henrickson doivent apprendre à se cacher, la polygamie étant interdite. Il s’agit aussi pour Bill de gérer les émotions de ses trois femmes et veiller à ce que la logistique se passe bien. Mais c’est aussi travailler pour subvenir au besoin de cette grande famille. Et enfin, Bill doit faire face à des conflits familiaux et aussi au pouvoir de Grant qui n’a de cesse de réclamer de l’argent. Entre affaires de gros sous, histoires d’amour, de familles, de religion et de traditions, autant dire que Big Love est une série complète.
Big Love est un peu ovnis dans le monde des séries. On est habitué à ce que HBO nous offre des concepts novateurs (Six feet under, True Blood, Soprano), et Big Love n’échappe pas à la règle. Mieux encore, elle attaque un sujet tabou encore très actuel aux USA. Aussi, les scénaristes s’attachent à rendre humain les personnages. Surtout le héros principal, Bill, qui donne du fil à retordre aux téléspectateurs. En effet, Bill Henrickson est un personnage passionnant, à la fois détestable et aimable. C’est un homme fier, arrogant mais aussi en proie au doute. Derrière les intentions de protéger sa famille, il en ressort un homme blessé d’avoir été un lonely boy (nom donné aux jeunes garçons qui sont répudiés des communautés mormones) et un désir de revanche. Et puis, on se pose des questions sur cette affaire de « Princpal ». Sous couvert d’une religion, le voilà affublé de trois femmes, qui doivent procréer afin de perpétuer la lignée.
Big Love offrira aux féministes des premières heures des cheveux à tortiller. Les épouses de Bill ne sont pas soumises, elles ont du caractère et pourtant, la famille obéit à un système patriarcale évident. On ne peut s’empêcher, en jeunes femmes modernes, de grincer des dents face aux traitements de femmes, surtout au sein de la communauté de Juniper Creek. Les scénaristes de Big Love s’attachent à montrer deux angles de la polygamie en la personne de Bill et de Roman Grant. D’un côté, la polygamie est montrée comme choisie et assumée. D’un autre, celle-ci apparaît comme subie, violente et manipulatrice.
Big Love propose bien plus qu’un regard sur la polygamie. Elle parle aussi de la tolérance face aux minorités et à la religion tout en soulevant le débat. Elle ne prétend pas apporter la bonne réponse ni ce qu’il faut penser bien qu’elle soit légèrement biaisée.
Elle aborde aussi le monde dans sa complexité. Rien n’est noir ou blanc, et les choix auxquels Bill est confronté le pousse à ne plus être un homme droit. D’autant plus que celui-ci n’hésite pas à contourner le droit chemin pour parvenir à ses fins notamment dans la gestion de son entreprise ou lorsqu’il envisage de se présenter comme sénateur de l’Utah.
Bien sûr, Big Love aborde aussi la thématique de la famille avec ses trois formes atypiques qui, finalement, sont des morceaux de femme/famille idéale. La gardienne des valeurs familiales, la femme émancipée ou la fraîcheur des premières années de mariage. Tour à tour, les femmes de Bill vont prendre leur envol à leur façon, une manière de dire qu’elles peuvent aussi exister en dehors du foyer familiale atypique. Les scénaristes se sont attachés à faire évoluer ces femmes chacune de façon différente pour rejoindre un même point : être une femme indépendante qui a choisit sa vie.
Big Love est une série non standardisée. Comme de nombreuses séries diffusées sur HBO, elle dure presque une heure et le rythme est assez lent et lourd (à l’image de Six Feet Under). Lorsque l’on regarde Big Love, une fascination s’opère. De nombreuses fois, l’envie de décrocher pourra se faire sentir mais un sentiment étrange vous reliera à cette famille hors du commun. Parfois, certaines situations pourront vous révoltez, d’autres vous faire sourire… Mais une chose est certaine, vous ne sortirez pas indemne du visionnage des cinq saisons de Big Love.
2 Comments
Marie
24 mars 2011 at 13:34Excellente série, un article vraiment intéressant. Je trouve qu’elle donne presque envie de vivre la polygamie, du moins du point de vue de la famille de Bill. Ils ne partagent que amour et respect, une belle leçon de vie, de fraternité et de tolérance.
Anne-Laure
24 mars 2011 at 12:17Cela fait déjà quelques temps (voire plusieurs saisons ! ) que j’ai noté cette série sur ma liste des « À regarder ». Je n’ai encore jamais pris le temps de le faire mais tu viens de me convaincre !