Une fois n’est pas coutume, nous allons délaisser pour notre visite du mois les musées pour… un aéroport. Le terminal 4 de Madrid Barajas, signé Richard Rogers est un exemple des plus spectaculaires des leitmotive de l’architecture de ce célèbre cabinet.
L’aéroport de Madrid n’est assurément pas le plus célèbre des bâtiments de Richard Rogers. Le Centre Georges Pompidou, à Paris, arrive bien entendu en tête des suffrages, suivi par le Dôme du Millenium à Londres. Achevé en 2005, cet édifice reprend les traits de caractère les plus spectaculaires, communs aux créations de Richard Rogers.
– Structure externalisée. Un aéroport, comme un musée ou une usine, nécessite de grands volumes flexibles. Lors de la conception du Centre Georges Pompidou, Richard Rogers a imaginé une sorte de cage à poules, qui définit les contours du bâtiment. Ces piliers externes dégagent les étages de tout élément de structures. Les galeries sont ainsi modulables à merci, grâce à des parois amovibles. L’architecte a poussé le concept encore plus loin avec le laboratoire de PA Technology à Princeton dans le New Jersey (Etats-Unis) : la structure est carrément suspendue à un échafaudage par l’intermédiaire de haubans, dégageant le rez-de-chaussée de tout élément de structure.
Dans le cas de l’aéroport de Madrid, Richard Rogers a adapté cette idée de structure externe aux besoins d’un aéroport. Celle-ci sert à la fois d’élément d’aménagement et de signe particulier du bâtiment. En effet, la forme du toit en vague donne tout son caractère à l’édifice. Mieux : les soixante-cinq piliers de la plus longue coursive du terminal (qui mesure un peu plus d’un kilomètre de long) forment un dégradé de couleurs allant du rouge sombre à l’indigo en passant par le jaune.
– Conduites visibles. Enfant, Richard Rogers aimait à démonter les objets qui lui tombaient sous la main, pour « voir comment ils étaient faits à l’intérieur ». Avec l’âge, l’architecte a conservé ce goût pour les entrailles mécaniques. Ainsi, nombre de ses bâtiments donnent à voir au visiteur les conduites d’eau et de ventilation. Dans le Centre Pompidou, celles-ci sont même symbolisés par des couleurs différentes, correspondant à leur usage.
L’aéroport de Madrid-Barajas ne fait pas exception à la règle : la plomberie y est volontairement mise en avant, tant pour dégager la structure des éléments techniques que pour un goût prononcé de leur exposition.
– Organisation tridimensionnelle des espaces. Sur des bâtiments aux dimensions aussi monumentales, la gestion des flux et des espaces est une problématique primordiale. Richard Rogers a donc eu pour souci de créer une interaction entre les différents étages des bâtiments. Tel est le cas du Forum du Centre Georges Pompidou ou du majestueux hall d’accueil du siège de la Lloyd’s à Londres.
Quasi systématiquement, les aéroports sont divisés entre étages de départ et d’arrivée. Celui de Madrid se distingue par ses « canyons », vastes patios vitrés perçant les coursives sur toute leur hauteur. Ainsi, l’ensemble des zones de l’aéroport est éclairé par la lumière du jour.
– Dans le détail. Outre ces grands principes de conception, l’aéroport de Madrid Barajas reprend nombre de « gimmicks stylistiques » vus sur d’autres édifices signés Richard Rogers. Il en est ainsi des panneaux d’affichages à diodes, identiques à ceux du Centre Pompidou, des escaliers de secours similaires à ceux du siège de la Lloyd’s ou encore du toit en bois, rappelant les œufs rappelant ceux du Palais de Justice de Bordeaux.
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1 Comment
Nelly
10 mars 2011 at 9:57C’est une très bonne idée de sortir du cadre strict des musées, et j’applaudis par la même occasion le travail fait dans cet aéroport, je trouve ça génial !