La pluie

Oui il y a la nouvelle collection chez Monoprix, mais non, vous n’en profiterez pas tout de suite.

Cet hiver, on a eu de la neige. C’était drôle, les RTT imposées, le vin chaud au ptit dej, les nuits au clair de lune dans la Smart sur la N118, les prothèses de hanche en libre service… Y’a pas à dire, pour briser la glace routine, on n’aurait pas pu trouver mieux.

Mais là ça va, c’est bon, les pulls en laine c’est rasant, quand vos sandales vous demandent la date précise de leur libération, vous êtes forcées de botter en touche et vos cheveux génèrent tellement d’électricité que vous vous demandez pourquoi vous payez encore l’EDF.

Ne vous morfondez pas tout de suite, le cheveu plat et humide sera bientôt votre quotidien. Vous pouvez appeler Evelyne Dheliat si vous voulez, c’est clair comme de l’eau de roche. Il fait froid, un peu d’air chaud, paf un stratus, boum de la pluie. Avouez que si on vous avait expliqué ça avant le bac, vous auriez pu rendre un cycle de l’eau tout à fait convenable.

Donc on en prend pour encore quelques mois.

Comme disait ma grand-mère, « la pluie du matin réjouit le pélerin ». C’est un peu snob un pèlerin non ? Tenez, c’est comme la secrétaire de mon dentiste qui A-DO-RE la pluie, surtout quand elle est « dans [son] lit et écoute la pluie tomber dehors ». Je ne voudrais pas généraliser sur ces adeptes du t-shirt mouillé, mais les gens comme elle ont trois points communs:

-Ils ont des fenêtres chez eux, pas des Velux. Parce que, quand la pluie tombe sur ces carreaux là, ça ressemble plus au défilé de     la fanfare des joueurs de mitraillette qu’à un ruissellement de jardin zen.
-Ils boudent Verlaine au profit de Luis Mariano et son J’aime le chant de la pluie dans le vent qui gémit
-Ils ne portent pas de jeans flare, bien pratiques pour cacher les bourrelets du genou mais particulièrement peu confortables lorsque trempés jusqu’à mi-mollet.

Et bien sûr, ils conduisent et connaissent le plaisir sadique de rouler trop vite dans un dénivellement pour doucher les passants. Je vous laisse compléter à votre guise cette liste non exhaustive afin que le piéton-sous-la-pluie devienne une cause nationale.

Par ailleurs, qui dit pluie dit matériel de survie qui dit société de consommation. La pluie crée sciemment de nouveaux besoins, du chapeau de pluie au mascara waterproof, en passant pas les bottes de pluie, clairement différentes des bottes-toutcourt. Mais le plus révoltant reste quand même le business des parapluies. En France, près de 12 millions de parapluies ont été vendus en 2009, sans que la Bretagne ne se paye le luxe de faire l’ouverture des JT avec ses inondations. Alors, ok, c’est pratique pour danser sous la pluie, mais souvenez-vous la dernière fois que vous vous êtes baladées avec un tel engin.

C’est furtif hein ?

Parce qu’à moins d’être Shiva, le parapluie ne permet pas de fumer une cigarette, taper un texto, boire un Grande Latte et consulter les horaires de bus en même temps. De plus, il faut maîtriser la bestiole qui d’un coup de vent se retourne et réduit à néant tous les efforts préliminaires pour ne pas se mouiller. Mes dernières recherches ont ainsi démontré que la durée de vie d’un parapluie dans ce bas monde n’excédait jamais 4 minutes. Sauf pour celles qui en veulent vraiment, et qui se permettent de vous l’envoyer dans la bobine pour vous crever un oeil mine de rien, comme ça, juste pour le plaisir.

Inutile donc de vous précipiter -pensant qu’elles ont un pouvoir sur la météo – sur les nouvelles collections sous peine de dépression pré-estivale, misez simplement sur l’adage breton qui dit qu’il ne pleut que sur les cons. [Ou préférez Angun et Cesse la pluie, mais là, pour le coup, on ne peut plus rien faire pour vous.]