Taylor Momsen, vas-y piano ma fille

Chère Taylor,

Il était une fois une grande blondinette pas très épaisse embauchée pour jouer la petite presque sage dans une série pour ado. Tu te seras reconnue. Tu es la douce Jenny mais manifestement, jouer les filles presque sages t’a quelques peu tapé sur les nerfs donc tu as décidé d’occuper tes week-ends à faire chanteuse gothique avec plein de noir sous les yeux. Pourquoi pas.

Mais ça ne suffisait pas alors tu as décidé d’en rajouter, revêtant des porte-jarretelles apparents pour pousser la chansonnette. Là, je commence à regarder en l’air : non mais Taylor, tu as acheté le manuel de la parfaite provocatrice et tu le suis à la lettre ? Manifestement oui : tu montres tes seins en public alors que tu es mineure, tu poses avec des armes, tu déclares adorer les sextoys. Wouah ! Ton modèle, c’est Madonna à ses débuts ? Ah ben vu que tu as été l’égérie de la marque Material Girl de la Mado et de sa fille Lourdes, on dirait qu’effectivement, c’est le cas. Par contre, la Madonne t’a apparemment licenciée. Serais-tu allée trop loin fillette ?
Tu sais, ça me rend un  peu triste cette histoire. Je t’avoue que je ne connais pas bien Gossip Girl donc je ne commenterai pas ta carrière d’actrice. Parlons plutôt de chant vu que je suis assez fan de ce que tu fais, je l’avoue. J’ai des titres de ton groupe, The pretty reckless, dans ma playlist Spotify, notamment Make me wanna die (version album ET version acoustique) et tu as un joli brin de voix.

C’est là précisément où je veux en venir, Taylor. De façon totalement subjective, je te trouve pas mal douée. Je ne suis certes pas critique musicale mais quand même, il y a un truc chez toi. Or en te comportant de la sorte, ça donne l’impression que tu n’as rien à vendre autre que ton corps, ta provoc et, donc, tes seins. Tes photos, aussi glamour qu’une couv’ d’Entrevue me font soupirer. On dirait une participante de télé réalité qui bat le fer tant qu’il est chaud, ne vendant que son image car il n’y a rien derrière. Car si Madonna a joué à mort la provoc, il y a 25 bonnes années, il y avait un concept, un personnage, une logique. Quand je découvre tes frasques au fur et à mesure des pages People (et non pas musique voire télé), j’ai la sensation d’une épilepsie trash, de comportements provocs réalisés en dépit du bon sens. Dès qu’un micro se tend ou une caméra s’allume, tu te sens obligée d’en faire plus. D’en faire trop, ma chérie.

Évidemment, tu n’as que 17 ans, l’âge où l’on croit que montrer ses fesses choque les âmes les plus pudibondes et que ça nous confère automatiquement le statut de maître du monde. L’âge où l’on croit qu’assumer sa sexualité est d’une audace folle, un courage inédit car la génération de nos parents n’aurait jamais osé… Tu sais, si tu es là aujourd’hui, c’est que tes parents se sont aussi adonnés au sexe, au moins une fois. Je ne sais pas bien qui gère ton image mais soit il est mauvais, soit tu l’as rendu dépressif à force de raconter n’importe quoi.

Parce que tu oublies l’essentiel, fillette. Faire parler de soi, c’est bien. Comme qui dirait “peu l’importe que l’on parle de moi en bien ou en mal, pourvu que l’on parle de moi”. C’est pas faux sauf que c’est une logique de l’immédiateté, ça. As-tu bien chanté lors de ton dernier concert ? Ah on sait pas, on parle juste du fait que tu as montré tes seins. Joues-tu bien la comédie ? Es-tu une réelle égérie de la mode ? On n’en parle pas, on retient juste que tu parles sextoys et que tu as une collection faramineuse de porte-jarretelles. Sauf que la stratégie de la provoc n’est en rien inédite et originale. Demain, une autre blondinette mineure peut débarquer et en faire autant et on t’oubliera Taylor. Alors maintenant, tu arrêtes de faire mumuse avec tes pistolets en plastique et tu te concentres un peu sur ton travail.

Parce que tu le vaux bien

Affectueusement

Pink Lady