Le retour du duo Azure Ray après presque sept ans d’absence soulève plusieurs questions. Pour certaines la première question sera, mais qui est donc Azure Ray ? Question légitime puisque la reconnaissance du groupe au début des années 2000 n’a fait que s’atténuer les années suivantes, jusqu’à devenir le souvenir nostalgique d’une époque disparue.
Azure Ray est donc un duo féminin qui aura marqué le milieu de la dream-pop au début des années 2000. Formé par Orenda Fink et Maria Taylor, le groupe a connu le succès avec l’album Hold On Love sorti en 2003. Suite à cet album les deux artistes se sont concentrées sur leurs carrières solo respectives.
Autre question, mais pourquoi s’étaient-elles séparées ? Y aurait-il eu des querelles insurmontables?, le succès d’Hold On Love leur serait-il monté à la tête au point de faire de ses deux filles d’Alabama des divas ? Rien de tout cela, c’est visiblement un besoin de prendre des directions de travail différentes qui a mené Orenda et Maria sur des chemins eux aussi différents. Il semble malgré tout que le chemin qu’a suivi Orenda Fink par la suite lui a été indiqué par Todd Baechle, chanteur du groupe The Faint, qui deviendra en 2005 Todd Fink.
On pourra aussi se demander s’il s’agit bien là de leur retour ? Les deux chanteuses ont continué à travailler ensemble dans le groupe d’Andy LeMaster Now It’s Overhead, elles tournent ensemble depuis 2008 et elles ont sorti un EP Don’t Leave My Mind préparant l’arrivée de leur nouvel album.
Enfin, et surtout, ce nouvel album intitulé Drawing Down The Moon (sorti en septembre 2010) se place naturellement à la suite des trois premiers albums du groupe. Tout cela donne une image d’une “période entre deux albums” un peu plus longue que d’habitude plutôt que du grand retour annoncé depuis près d’un an par quelques critiques à la recherche d’un titre accrocheur.
Contrairement à leur collaboration précédente, Maria et Orenda ne se sont pas retrouvé pour innover, le recherche de ce son dream-pop aujourd’hui trop banal n’est plus le moteur de leur création et on les sent mélancolique de cette époque. Drawing Down The Moon est comme le regard nostalgique de ces deux chanteuses qui ont connu jeune une période de création sans limite, suivie par plusieurs années d’écriture plus traditionnelle (dans la pop pour Maria Taylor et la musique folk pour Orenda Fink qui ont chacune sorties plusieurs albums solo).
L’album est introduit par le titre Wake Up, Sleepyhead, morceau qui donne le ton contemplatif du disque. Le plus chaleureux Don’t Leave My Mind possède un effet hypnotisant qui ne suffit malheureusement pas à masquer un texte qui mériterait d’être retravaillé. Sur le titre In The Fog le fond rejoint la forme, le chant plaintif est perdu dans une atmosphère vaporeuse, saturé par nuage de musique électronique. Sur Larraine, simplement supporté par une guitare acoustique, les deux voix des chanteuses se fondent en une seule voix magnifique qui semble prête à s’évanouir à chaque instant.
On And On Again cherche à nous tirer une petite larme, et ne serait pas loin de réussir si les arrangements des cordes étaient restés sous tension jusqu’au bout du titre. Il est certain que ce morceau trouvera sa place dans une drama américaine. A la différence du titre précédent Make Your Heart est parfaitement arrangé, les cordes s’imposent naturellement dans ce qui est une « love song » très originale. Les ornements vocaux de Silver Sorrow sont un véritable enchantement et en font un des meilleurs titres de l’album. Signs In The Leaves est une ballade à la guitare qui se démarque essentiellement par la poésie de son texte.
Love And Permancence ne semble pas complètement achevé, les voix font une fois de plus leur effet, mais musicalement le titre semble vide. Au mieux ce morceau aurait pu faire une bonne face b, mais n’est pas légitime sur l’album. Le rythme entraînant de Shouldn’t Have Loved remet le disque sur les rails. Ce morceau contient tous les ingrédients qui font le disque, de la guitare en ouverture aux claviers, en passant par les cordes, les harmonies vocales et un texte mélancolique. Dancing Ghosts porte tellement bien son nom que le titre suffit à décrire cette admirable chanson. Le duo clôture l’album avec le poignant Walking In Circles.
Le duo est bel et bien de retour avec ce Drawing Down The Moon qui, malgré quelques défauts, est à la hauteur des albums précédents. Et même si j’ai envie qu’elles continuent leurs carrières en solo (enfin surtout Orenda) je suis sûr que ce quatrième album est le nouveau départ d’une aventure qui nous apportera de nouveaux bijoux musicaux.
Le site d’Azure Ray : azureraymusic.com
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