Rares sont les scénarios originaux… Que ce soit au cinéma, en littérature ou en bande dessinée, les policiers, histoires d’amour ou de science fiction se taillent la part du lion. On n’en est que plus heureux de découvrir un album comme Omni-Visibilis.
Lewis Trondheim nous a inventé un individu lambda, dénommé Hervé. Un beau jour, celui-ci se réveille et s’aperçoit que tout le monde peut voir ce qu’il voit, sentir ce qu’il sent et entendre ce qu’il entend. Sa vie devient impossible. Ce pouvoir étrange a surtout le mérite de mettre en relief les réactions de ses contemporains. Pourchassé (tout le monde peut voir où il est par télépathie) tout au long de la journée que dure le récit, Hervé croise toutes sortes de quidams plus ou moins bien intentionnés à son égard, tous ou presque voulant profiter de l’opportunité de pouvoir communiquer au monde entier.
En effet, parler à Hervé, c’est comme passer à la télé, sur une émission qui ferait 100% d’audience. Tout l’attrait de la célébrité passe par les yeux d’Hervé, vers qui des nuées de « groupies » (plus attirées par leur minute de célébrité potentielle que par une quelconque curiosité) convergent. L’album décrit l’humanité de manière froide et presque cynique, dans ce qu’elle de meilleur et de plus mauvais. Omni-Visibilis est un extraordinaire miroir de la société actuelle. Ce génial scénario ne se contente donc pas d’une idée originale.
Le dessin est signé Matthieu Bonhomme. Les scènes sont mises en valeur par une plume nette et impeccable, rappelant un peu l’univers du Manga. L’impression en bichromie et le volume (160 pages) contribuent à classer cet album à part. A part dans son aspect et à part dans sa finesse, puisqu’il mérite plusieurs lectures pour en savourer le moindre détail du dessin et toutes les subtilités du scénario. Sans conteste un des albums de l’année.
Editions Dupuis, 19 €
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