Le TGV est une invention géniale. Elle a permis un gain de temps notable sur tous les voyages en train, dont la ligne supporte cette vitesse. Une nouvelle façon de voyager est apparue, loin des charmes de l’Orient Express. Un voyage pratique, rapide accessible à tous. Mode d’emploi…
1ère étape : l’achat des billets.
Comme à chaque fois, vous vous y prenez la veille au soir pour acheter vos billets. Un brin stratège (qui a dit sadique ?), vous utilisez la même méthode que pour faire vos courses. C’est-à-dire que vous arrivez dix minutes avant la fermeture, histoire que les préposés au guichet soient pressés de partir et vous servent plus vite qu’en pleine journée. Manque de bol, vous avez oublié un détail qui a son importance. Lesdits préposés au guichet sont des fonctionnaires. Et contrairement à la caissière du Bon Marché qui vous accueille avec le sourire (même si elle n’en pense pas moins), la guichetière de la SNCF ose vous dire vos quatre vérités sous prétexte de sécurité de l’emploi. Bref, elle vous met fermement à la porte, puisque les dix minutes que vous lui laissiez pour vous servir lui ont été nécessaire pour s’occuper de la commande de la petite vielle devant vous, qui lui a raconté par le menu tout son voyage. Et aucune chance de l’amadouer comme quoi vous êtes arrivée au moins dix minutes avant la fermeture, l’heure c’est l’heure.
Après un grand coup de gueule et un peu d’orgueil ravalé, vous êtes contrainte de vous rabattre sur les bornes automatiques. Et vous découvrez avec consternation que l’informatique SNCF est ENCORE plus lente qu’un agent SNCF, ce qui n’est pas peu dire. Après vous être battue avec cette fichue machine, vous vous retrouvez avec un billet aller en première classe (les hasards du tarif le rendait moins cher que celui de seconde, logique…) et un retour en seconde. Bien qu’encore énervée de l’altercation de tout à l’heure, vous rentrez chez vous avec la satisfaction du devoir accompli.
2ème étape : le voyage aller.
Vous compostez votre billet, déposez votre valise dans l’endroit prévu à cet effet et cherchez votre place. Assise royalement dans un fauteuil qui fait trois fois votre largeur, vous vous sentez bien. Vous vous rappelez ? Le billet première classe moins cher que celui de seconde ! Vous êtes dans un monde de calme et de déplacement rapide, juste ce que vous espériez. Au point que vous tombez rapidement dans les bras de Morphée. Toutefois, la faim vous réveille (les kilomètres, ça creuse…). Et vous comprenez votre douleur quand vous voyez le sandwich-papier-cigarette à 10€. Ca vous permet de caler votre dent creuse, guère plus. La prochaine fois, vous serez plus prévoyante. En plus, vous avez droit à une remontrance du contrôleur, du fait que vous avez laissé votre billet à votre place, juste pour les cinq minutes nécessaires pour vous sustenter. Il paraît qu’il ne faut jamais se séparer de son billet, histoire que le contrôleur puisse vous contrôler à tout moment. Après tout, c’est son métier. De là à emmener son billet aux toilettes…
3ème étape : le voyage retour.
L’aller fut tranquille et plutôt confortable… Normal, vous avez eu la chance de partir à un horaire plutôt déserté. Pour le retour, vous avez un quai surchargé, au moins autant que votre valise, qui est plus lourde que vous et sur laquelle vous avez été obligé de vous asseoir pour réussir à la fermer. A l’entrée de votre voiture, il y a déjà la queue. Une fois entrée, vous constatez avec consternation qu’il n’y a plus de place pour mettre votre valise sur l’étagère. Vous levez la tête et apercevez un tout petit emplacement, tout en haut. Vous savez pertinemment que si vous vous obstinez à la hisser, vous êtes bonne pour le lumbago. De dépit, vous décidez de la laisser plantée (un peu au milieu du passage, avouez-le…) où vous pouvez. Puis vous rejoignez votre place, espérant que personne ne sera à côté de vous, pour pouvoir vous étaler royalement sur les deux sièges. Seulement, mauvaise surprise, votre place attitrée, celle qui est inscrite sur votre billet, est déjà occupée. Et celle d’à côté aussi. Vous interrogez, et constatez que l’intrus s’est placé n’importe où, là où un siège lui tendait les bras. Après avoir pris votre bien, vous espérez pouvoir enfin terminer votre bouquin tranquille. C’est raté. A ce moment précis où vous sortez Kant (ou Helen Fielding) de votre sac, une mère débordée par une marmaille hurlante débarque dans le wagon et vient s’installer juste devant vous. Changement de stratégie. Vous sortez votre walkman et mettez Mozart (ou Alizée) à fond, histoire de couvrir les braillements. Ca marche à peu près. Mais vous n’avez toujours pas la concentration nécessaire pour mener à bien cette activité intellectuelle qu’est la lecture. Alors vous maudissez la terre entière. La bonne femme et ses gamins mal élevés, d’abord. L’inventeur du TGV ensuite. Mozart (ou Alizée) qui vous empêche de lire Kant (ou Helen Fielding), ensuite. Les écolos, ensuite, qui vous ont donné suffisamment mauvaise conscience pour prendre ce moyen de transport électrique. La prochaine fois, vous prendrez l’avion. Ou vous louerez un 4×4… Un gros, qui pollue.
* Cahier de vacances 2010 – Article initialement publié le 8 décembre 2008