Première intrusion de la journée : votre radioréveil se met en route. Vous sortez donc de votre sommeil grâce à la douce voix de Jean-Pierre Coffe qui vante les produits de Leader Price… Attendez… Jean-Pierre Coffe ? Leader Price ? Vous ne devez pas être bien réveillée…
En fait si ! Et c’est la magie de la pub. Celui qui hier jugeait que « surimi » était un gros mot fait aujourd’hui l’article de produits à l’origine, la composition et la qualité douteuse. Bref, « le soleil vient de se lever, c’est l’heure du petit déjeuner ». Rien que l’ouverture de votre armoire ressemble à un panneau publicitaire en miniature. Avec plus de diversité, tout de même. En effet, cela ne se limite pas qu’à une marque, puisqu’il y a du café Grand Mère, du thé Lipton, des céréales Kellog’s, du lait Pâturages de France, de la confiture Bonne Maman, du…, des…, de la… et encore du…
Pour vous habiller, vous décider de mixer les genres. Une robe H&M (heureusement, ce n’est pas marqué dessus…). Puis votre sac Guess et vos lunettes Gucci (là, c’est marqué dessus… heureusement !). Pressée car un brin à la bourre, vous dévalez l’escalier de votre immeuble, duquel vous sortez en trombe. Vous manquez de vous faire renverser par une Renault Clio « tout ce qu’on attend d’une voiture ». Hum, celle-là, vous ne l’attendiez pas. Votre pass Navigo est un précieux sésame pour entrer dans la galerie publicitaire du couloir du métro.
Comme vous n’aimez pas rester inactive en attendant, vous sortez votre i Phone (tout de même plus sortable qu’un bête téléphone coréen), histoire de faire un premier tri de vos mails. Vente Privées fait des promotions sur les produits Lancôme. Le Bon Marché étend son choix de thés Mariage. Des nouvelles qui à coup sûr vous raviront. En plus, vous apprenez que votre Franprix est amoureux de vous… Soudain, cet i Phone tant marketé se met à sonner. Un ami vous annonce une nouvelle mais vous n’y croyez pas. « Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu » vous surprenez-vous à répondre. Conditionnée, vous ? Meuh non !
Passons sur votre journée au travail où vous entendez cent fois le nom de votre entreprise et cinquante celui de chacun de vos concurrents. Le soir, vous décidez de rentrer à pied. Histoire de vous aérer. Chaque devanture est un appel. Images, slogans. Toujours la même recette, aux ingrédients différents. Le but : vous faire accepter une idée, à force de répétition. Un peu comme ce qui vous a persuadé que l’écologie était LA valeur à suivre. Combien le croient et combien ont un comportement en conséquence ? Peut-être le type au ridicule poncho orange que vous apercevez au prochain carrefour et qui fait du racolage caritatif pour le WWF ? Non, ce n’est qu’un mercenaire, habile dans sa fonction. Une sorte d’homme-sandwich, en plus persuasif, en somme. Rien ne l’empêchera ensuite de rentrer chez lui pour allumer son poêle à charbon et se coucher sur une fourrure en bébé phoque véritable. En fait, lui aussi est une sorte de pub… Ils sont partout, je vous dis.
Petit havre de paix lorsque vous décidez de retrouver une amie à dîner. Un petit resto discret, un peu à l’écart de toutes ces affiches. Enfin, vous le croyez jusqu’à ce qu’on vous demande « Badoit ou San Pellegrino ? ». Lessivée par toutes ces agressions, vous retrouvez votre couche avez délice. « Dormez comme vous l’aimez » !
* Cahier de vacances 2010 – Article initialement publié le 1 juin 2009
2 Comments
Lilith
19 juillet 2010 at 22:31Superbe billet! J’adore et j’adhère, donc je diffuse! ;)
Maso
27 octobre 2009 at 21:46Oui enfin faut pas chercher les ennuis non plus, quelle idée d’accepter le racolage actif par sms, même de vos enseignes préférées ?