« Everyone dies. That’s just the way it is »
Qui ne s’est jamais pose la fameuse question « Qu’y a-t-il après la mort ? ». On finit rongé par les vers ? On monte au ciel voir le Grand Homme ? On descend rencontrer Lucifer ? Et si, finalement, l’on devenait faucheur d’âme ?
Synopsis
A 18 ans, Georgia Lass, dite George, meurt percutée par une cuvette des toilettes de la station Mir. Mais ce n’est que le début de l’histoire. En effet, George ne monte pas au ciel, ni ne descend en enfer et ne redevient pas poussière. La voilà recueillie par Ruben, qui lui annonce qu’elle est désormais « une entre-deux ». Elle doit récupérer les âmes des personnes avant qu’elles ne soient frappées par la mort.
George se voit attribuer les morts violentes (provoquées par les Sépulcreux), à savoir : accidents, suicides, meurtres et autres aux côtés de Daisy, Mason, Roxy et Betty sur qui elle peut compter. Ruben, le chef, distribue chaque jour un post-it sur lequel est inscrit le HEM (Heure Estimée de la Mort) ainsi que les initiales du mort et le lieu. C’est avec ces maigres informations que nos faucheurs d’âme partent à la recherche de leur « client » ; et retrouver une personne au milieu d’une place publique n’est pas de tout repos.
Ajoutez à cela que les faucheurs ne sont pas rémunérés par la mort. Deux choix s’imposent alors à eux : squatter les morts et les voler à l’image de Mason, ancien junkie des années 60 ou bien travailler comme Roxy, policière de son nouvel état.
George décide de travailler. Elle se rend chez Happy Time, société qui l’avait au préalable embauché le jour de sa mort. Mais cette fois, l’adolescente rebelle part avec un avantage certain : les réponses aux questions étranges de Dolorès Herbig, sa future supérieure qui deviendra comme une mère pour cette seconde « non-vie » qui s’offre à elle.
Morte sans vraiment l’être, George doit se fondre dans le monde des vivants sans se faire repérer. Mais difficile lorsqu’on travaille de justifier des départs précipités pour cueillir une âme. La mort n’attend pas !
Première saison
Durant la première saison, nous découvrons l’univers de « Dead Like Me » et sa mythologie en même temps que George.
Cette saison est également axée sur la question du deuil. Comment faire le deuil de son ancienne vie ? George éprouve beaucoup de difficultés à être coupée de ses proches. Elle va régulièrement leur rendre visite clandestinement. En effet, les faucheurs d’âme réapparaissent avec un nouveau visage, pour ne pas être démasqué (seule la nuit d’Halloween aurait le pouvoir de leur rendre leur vrai visage aux yeux des humains). Ainsi, George se débrouille pour faire des clins d’œil à sa petite sœur comme une boite de photos, un crapaud ou encore un chien qu’elle a trouvé. C’est une relation fraternelle qui se développe implicitement.
George est aussi en colère et se rebelle souvent contre Ruben, image du père, et contre sa situation. Elle trouve injuste de ne pas avoir encore le droit de vivre normalement, de ne pas connaitre l’amour, les fêtes étudiantes et ce que la jeunesse offre.
Néanmoins, elle fait ses preuves chez Happy Time et obtient rapidement des responsabilités plus élevées. De ce fait, elle s’intègre, malgré tout, dans la société. Cet emploi est une revanche sur sa mort et son ancienne vie. L’adolescente bougonne se transforme en une employée modèle et efficace, chaperonnée par Dolorès qui prend le rôle de la mère.
Par ce deuil de la vie, nous pourrions traduire le deuil de l’adolescence. Lorsque George décède, elle est tout juste adulte. Elle doit désormais se prendre en charge et assumer son quotidien sans personne pour la conseiller. La séparation d’avec les siens et la rupture brutale n’est pas sans rappeler l’enfance et ses désillusions.
D’autre part, le deuil est éprouvant pour cette jeune femme qui n’a pas eu le temps de se réconcilier avec ses parents ni de tisser de lien avec sa jeune sœur, Reggie. En signe de défiance à la mort, George tente d’entrer en contact avec sa famille, récupère des affaires personnelles ou bien téléphone pour entendre une voix familière. De nombreuses fois durant la série, elle va tenter de révéler la vérité à ses parents. Mais c’est finalement Reggie qui va s’avérer être la plus proche d’elle. Sa petite sœur qui était au départ invisible pour elle va devenir un allié implicite. Effectivement, Reggie est persuadée que George est encore de ce monde.
Malgré cet apprentissage ardu, George ne manque jamais d’humour et atteste d’un cynisme à toute épreuve. Revêche et grincheuse, tout est prétexte à dire « non » et à la rébellion. Cependant, cette vie de morte va la faire grandir, relativiser et apprendre beaucoup.
Deuxième saison
Dans cette nouvelle saison, George nous apparait davantage rodée. Elle fauche les âmes, se rend chez Happy Time, continue ses remarques cinglantes… Elle semble jongler parfaitement avec ses deux non-vies.
Même si cette saison reste une bonne saison, il faut remarquer que le spectateur reste troublé par celle-ci. En effet, durant 24 épisodes, celui-ci est baladé d’intrigues palpitantes à… rien ! Les scénaristes s’attèlent à creuser de la mythologie Dead Like Me notamment avec la « fabrication » des Sépulcreux. Nous en apprenons davantage sur les personnes et leurs relations. Rubben part à la recherche de sa fille, Daisy et Mason entretiennent une pseudo liaison, bercée par d’éternels « je t’aime, moi non plus », Roxy devient policière et l’on en découvre plus sur sa mort. Il y a également de nombreux chassés-croisés entre les personnages, des liens insoupçonnés, des remarques faisant foi d’un passé commun… Mais tout ceci sans jamais aller plus loin. Laissant les téléspectateurs frustrés !
Finalement, cette deuxième saison respecte en tout point les règles des séries américaines. La première saison est dédiée à la présentation de la série, ses personnages, la mise en place de l’intrigue. Quant à la deuxième, elle s’attarde plus sur les relations qu’entretiennent les héros, laissant de côté le mystique. Seulement, Dead Like Me pâtit de son arrêt brutal (faute d’audience). Les scénaristes ont égrainés multiples petits détails sans jamais les élucider. Nous pouvons imaginer que sans la fin violente de Dead Like Me, nous aurions eu le plaisir d’avoir enfin des réponses.
Le film
Afin d’offrir à Dead Like Me une belle fin, les scénaristes ont prévu la sortie d’un film, directement en DVD.
Bien que certains personnages principaux soient remplacés ou totalement absents, celui-ci promet de contenter les fans et répondre aux questions laissées en suspens dans la dernière saison.
Caustique et drôle, Dead Like Me change notre regard sur la mort. Non sans humour bien noir, nous sommes entraînés dans une délicieuse spirale morbide, guidée par la moue boudeuse d’Ellen Muth.
Nous nous prenons d’affection pour ces égarés de la vie comme de la mort, cette difficile situation de n’être jamais à sa place : un peu ici et un peu ailleurs. Nous ne pouvons nous empêcher de comprendre Mason et sa passion pour la bouteille, la foi vacillante de Daisy ou l’amertume de Roxy. Nous jonglons d’une minute à l’autre entre le drame et le rire, un mélo-comique qui nous fait presque oublier la vraie douleur de la mort. C’est avec une certaine envie que nous aimerions tous faire partit de ce cercle d’amis un peu spécial et imaginer la mort aussi facile, aussi tranquille…
Une série à découvrir (ou redécouvrir), à regarder encore et encore, a apprendre les dialogues, les leçons de vie pour affronter nos propres angoisses de l’après mais aussi pour savourer, sourire aux lèvres, les aventures rocambolesques d’une bande de faucheurs d’âmes déjantés et attachants.
* Cahier de vacances 2010 – Article initialement publié le 25 août 2008
1 Comment
luxe and vintage
8 juillet 2010 at 22:25J’avais les deux coffrets de cette série et j’ADORE Ruben, l’acteur qui l’incarne est vraiment juste.