En 1984, et contre toute attente, Marguerite Duras reçoit le prix Goncourt pour son roman L’Amant. Alors que le célèbre prix est censé récompenser des écrivains débutants, les jurés ont décidé de couronner cette année-là une romancière déjà largement reconnue, pour un ouvrage qui est sans doute, il est vrai, l’un des plus accessibles de son auteur…
Dans L’Amant, Marguerite Duras revient sur son enfance et sa jeunesse indochinoise. Marguerite Donnadieu en effet est née le 4 avril 1914 à Gia Dinh, près de Saigon, où son père est directeur d’école et sa mère, institutrice. Veuve en 1921, Marie Donnadieu rentre en France avec ses enfants, avant de repartir en 1924 à Phnom Penh, au Cambodge, puis de nouveau à Saigon. Pensionnaire au lycée de Saigon, Marguerite, en 1929, rencontre un jeune et riche chinois dont elle devient la maitresse, c’est l’expérience qu’elle raconte dans L’Amant adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud, c’est peu dire que l’Asie marquera profondément sa vie.
De retour en métropole, Marguerite obtient un diplôme de science politique (et plus tard, en 1963, une licence en droit), épouse en 1939 Robert Anthelme et s’engage avec lui dans la résistance. De cette union naîtra en 1942 un premier enfant malheureusement mort-né. Cette période troublé dans la vie de Marguerite sera marquée également par la rencontre de son futur second mari, Dionys Mascolo. C’est pendant la guerre, en 1943, qu’elle publie son premier ouvrage, Les Impudents, sous le pseudonyme de Marguerite Duras. Dès lors, elle ne cesse plus d’écrire, des romans mais aussi des pièces de théâtre, des adaptations de textes étrangers et des centaines d’articles. C’est avec le succès D’un barrage contre le Pacifique, publié en 1950, qu’elle s’impose comme écrivain incontournable du paysage littéraire français, et avec Hiroshima mon amour, film d’Alain Resnais sorti en 1959, dont elle a écrit le scénario et les dialogues, qu’elle acquiert une renommée internationale.
Marguerite Duras : Une œuvre variée
Journaliste, dramaturge et cinéaste (scénario et dialogue), son œuvre est dense. Mais ce n’est que lors de son entrée en Résistance que ces écrits virent le jour. Pendant longtemps, elle trouva le fait d’écrire indécent et jeta la plupart des manuscrits une fois le livre édité. L’envie d’écrire la tenailla rapidement comme le relate un article de L’express.fr : « Le harcèlement de l’écriture commence très tôt. Ses obsessions, délibérément enfouies jusqu’à l’aveu autobiographique de L’Amant, en 1984, la travaillent à bas bruit: la terre natale, la détresse des peuples colonisés, l’amour d’une mère injustement distribué à ses enfants, le désir pour le Chinois comme un transfert du petit frère tant aimé. Tous les motifs sont mis en place pour inaugurer l’œuvre. » Une œuvre parfois critiquée qui oscille entre simplicité et superflu. Une œuvre bien souvent autobiographique même quand ce n’est pas clairement dit « l’écriture c’est moi » dira-t-elle. Elle comment à travailler avec des cinéastes dans les années 50 avec l’adaptation au cinéma D’un barrage contre le pacifique et tourne son premier film, Détruire, en 1969. Elle connait son premier succès au théâtre en 1965 avec Des journées entières dans les arbres. Artiste complète et originale, elle séduit par sa simplicité, sa modernité et son aisance dans tous les domaines. En 2001 est crée Le prix Marguerite-Duras qui récompense alternativement un livre, une pièce de théâtre et une œuvre cinématographique
Marguerite Duras : l’œuvre littéraire, théâtrale et cinématographique
http://histoireduroussillon.free.fr/Duras/Oeuvres.php
Article de L’express.fr : http://www.lexpress.fr/informations/marguerite-duras-l-ecriture-c-est-moi_612909.html
Marguerite Duras : Une personnalité à part entière
« Si je n’avais pas écrit, je serais devenue une incurable de l’alcool. » confie-t- elle dans son livre Ecrire. Personnage torturée Marguerite Duras lutta toute sa vie contre le penchant de l’alcool par le biais de l’écriture. C’est ‘ailleurs une des raisons pour laquelle sa candidature à l’Académie française fut rejetée. On jugea qu’elle n’était pas une personne convenable. Marguerite eut également une vie amoureuse mouvementée. Elle eut quelques compagnons, après sa séparation avec Robert Anthelme, qui jalonnèrent sa vie comme Dionys Mascolo avec qui elle eut un fils, Gérard Jarlot ou yann Lemée. Mais avant tout, Marguerite Duras fut une femme engagée dans divers combat. Elle lutta pour libérer son premier mari du camp de Dachau, œuvra pour le parti communiste, signa la pétition avec d’autres grands noms pour la légalisation de l’avortement ou encore, plus étrange, prit parti pour des affaires passionnants la foule comme celle du petit Gregory.
Femme entière, passionnée, d’une grande intelligence et d’une grande sensibilité, chercha toute sa vie la reconnaissance, celle qu’elle n’avait pas eu de sa mère. Une vie entre abstinence et excès qui aujourd’hui nous laisse une œuvre d’une grande diversité. Une œuvre bouleversante qui démontre que chacun peut devenir le héros de sa propre vie, de son destin.
Ecouter Marguerite Duras :
Sur Détruire : http://www.dailymotion.com/video/x2nfs_marguerite-duras_school
Sur Le Ravissement de Lol V. Stein :
http://www.dailymotion.com/video/x3an3d_marguerite-duras-parle-extraits_creation
A voir : L’Amant réalisé par Jean-Jacques Annaud en 1992
« À l’âge de 70 ans, Marguerite Duras nous raconte son adolescence en Indochine et ses « périodes cachées ». En vrac, l’auteur évoque les relations difficiles avec sa mère, l’amour qu’elle porte à son petit frère, son amant chinois de 17 ans son aîné, son attirance physique pour une camarade au pensionnat, ect »
Même si Marguerite Duras renia l’adaptation faite par Jean-Jacques Annaud, la poussant à réécrire son roman (L’amant de la Chine du Nord), le film connut un certain succès obtenant le césar de la meilleure musique, une victoire de la musique et même une nomination aux Oscars pour la photographie.
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